828, 11 janvier. — Chasseneuil.

Pépin Ier rend à sa condition première le monastère poitevin de Saint-Maixent tombé au pouvoir des comtes par faveur des rois, ses prédécesseurs, y rétablit un abbé régulier, mais ne pouvant, en raison des nécessités politiques, restituer aux moines qu'une partie de leurs biens, il exempte le monastère et les domaines qui lui ont été rendus de tout service public, et ordonne que les nones et dîmes et les corvées seront acquittées envers l'abbaye sur les terres encore tenues en bénéfice, jusqu'à ce que restitution soit faite.

Référence : Léon Levillain et Maurice Prou (éd.), Recueil des actes de Pépin Ier et de Pépin II rois d'Aquitaine (814-848), Paris, 1926, no9.

A. Original perdu.

B. Copie du xviiie s., par Dom Fonteneau, Bibliothèque de Poitiers, Collection Dom Fonteneau, vol. XV, p. 41, d'après « une charte qui est dans les archives des religieux de l'abbaye de Saint-Maixent », peut-être du ixe s., avec (p. 43) des variantes tirées du Cartulaire.

C. Copie du xviiie s., par le même, Bibliothèque nationale, Collection Moreau, vol. 284, fol. 248, d'après la même source.

D. Copie du xviiie s., dans Dom Bouquet, Recueil des historiens de la France, t. VI, p. 665, n° v, « ex autographo », sans doute d'après la même source que B et C.

E. Copie de l'an 1647, par Jean Besly, Roys de Guyenne, appendice, p. 20, édition du protocole initial et de la date, « ex originali » probablement d'après la charte ancienne signalée en B.

F. Copie du xviie s., par Dom Col, Bibliothèque nationale, ms. lat. 9196, fol. 430, d'après le Cartulaire perdu de Saint-Maixent, p. 85.

G. Copie du xviie s., par Dom Estiennot, dans ses Antiquitates in diœcesi Pictaviensi Benedictini ordinis, pars secunda, Bibliothèque nationale, ms. lat. 12756, p. 413, « ex tabulario s. Max. », sans doute d'après le Cartulaire perdu ou une copie de ce Cartulaire.

H. Copie du xixe s., par P. de Fleury, Bibliothèque nationale, ms. lat. 18390, fol. 3 ve, d'après B.

a. Jean Besly, Roys de Guyenne. Voir ci-dessus, sous la lettre E.

b. Dom Bouquet, Recueil des historiens de la France. Voir ci-dessus, sous la lettre D.

c. Alfred Richard, Chartes et documents pour servir à l'histoire de Saint-Maixent, t. I (Archives historiques du Poitou, t. XVI), p. 5, d'après B.

Indiqué : De Foy, Notice des diplômes, p. 382, ann. 827.

Indiqué : Bréquigny, Table chronologique, t. I, p. 173, ann. 827.

Indiqué : Böhmer, Regesta Karolorum, n° 2068.

Indiqué : R. Giard, Catalogue n° 7.

La date de ce document prête à la controverse. Le regretté Alfred Richard, le premier, avait signalé la difficulté qu'elle soulève : un acte daté du 11 janvier ne peut pas avoir un écart d'une unité entre les deux nombres des années impériales et des années royales, si l'on prend comme point de départ pour le calcul des premières la mort de Charlemagne et si l'on admet qu'« en fait, les chartes conduisent à conclure que le début du gouvernement de Pépin tombe en novembre ou décembre de l'année 814 ».

Trois solutions peuvent être proposées. La première est de considérer que le calcul des années d'empire a été fait sur la base du 11 septembre 813, jour où Louis le Pieux fut associé à l'empire par son père : mais cela nous conduirait à admettre qu'il y eut pour la période du 11 septembre au 28 janvier (jour anniversaire de la mort de Charlemagne) deux manières de calculer les années d'empire simultanément en usage, ce qui n'est point admissible. La seconde consiste à rejeter la leçon de B pour lui substituer la variante de DFG et rétablir ainsi dans le texte le même nombre XIII pour les deux termes du synchronisme ; mais cette solution se heurte à deux objections : d'abord, le copiste du Cartulaire d'où dérivent DFG ne paraît pas avoir eu d'autre modèle que la copie ancienne du ixe s., source de BC, et il est véhémentement suspect d'avoir corrigé son modèle pour le rendre conforme à un autre diplôme qu'il venait de copier et auquel il empruntait sa souscription royale pour en doter notre diplôme qui n'en avait pas besoin ; en second lieu, si l'on adoptait la variante de DFG, la date serait ramenée à l'année 827, et notre diplôme serait antérieur au diplôme impérial de Louis et de Lothaire ayant même objet et même texte : or il suffit de lire la formule de corroboration pour y reconnaître celle que l'on rencontre assez fréquemment dans les diplômes de Louis le Pieux ; elle ne se trouve pas une seule fois utilisée ailleurs pendant tout le temps que Saxbodus exerça ses fonctions de notaire dans la chancellerie d'Aquitaine, ni même textuellement pendant tout le règne. Enfin la troisième solution, à laquelle nous nous sommes arrêtés, après examen de tous les diplômes, est d'admettre que la chancellerie de Pépin Ier a compté les années du règne en diminuant d'une unité le nombre des années impériales, le point de départ pris en 815 étant conventionnel puisque le règne de Pépin n'a réellement commencé qu'en 817.

La teneur de ce diplôme, depuis « Multis siquidem » jusqu'à la formule finale de corroboration inclusivement, se retrouve intégralement dans le diplôme de Louis le Pieux et Lothaire du 10 octobre 827 en faveur de la même abbaye ; nous la mettons en petit texte comme empruntée à ce diplôme bien qu'il n'y ait pas confirmation et que l'acte se présente comme indépendant du diplôme impérial.

Pour la graphie e ou ae nous suivons B et C.


Pippinus, gratia Dei rex Aquitanorum. Multis Siquidem in regno, Domino opitulante, nostro cognitum esse non ambigimus qualiter quondam monasterium quod dicitur sancti Maxencii situm in territorio Pictavensi, ubi sanctus Leodegarius corpore quiescit, cum omnibus rebus sibi juste conpetentibus per beneficium regum antecessorum nostrorum in potestate comitum aliquamdiu constitutum esse, et nos nostro tempore, inspirante divina misericordia, idem monasterium cum quadam portione rerum ad se pertinentium ad statum pristinum revocasse et abbatem regularem constituisse qui secundum regulam sancti Benedicti vitam monasticam degeret et sub nullius potestate aut dicione consisteret nisi sub nostra. Sed quia portionem rerum predicti monasterii, quam adhuc constat esse in beneficium, praedicto monasterio, propter quandam utilitatem sive necessitatem regni nostri quae modo imminet, reddere presentaliter nequivimus, ideo eum cum portione rerum quae nunc possidet ab omnibus secularium vel publicarum rerum impedicionibus, id est ab expedicione exercitali et bannis atque heribannis vel operibus publicis sive paratis, absolutum et quietum esse omnimodis precipimus. De porcione vero rerum predicti monasterii quae adhuc, sicut superius dictum est, in potestate diversorum hominum per beneficium esse constat, precipimus atque per hos regales apices nostros sancimus atque decernimus ut saepedicto monasterio sancti Maxhentii et rectoribus ejus nonas et decimas atque opera pleniter persolvantur, donec, Domino adjuvante, per nos ipsos et successores nostros predictam portionem rerum ad memoratum venerabile monasterium, ad quod per justiciam pertinet, pleniter atque integre reddi sive restitui faciamus. Et ut haec confirmatio nostra per curricula annorum inviolabilem atque inconvulsam obtineat firmitatem, anuli nostri inpressione subter signari jussimus.

<Signum (Monogramma) Pippini regis>.

(Chrismon). Saxbodus diaconus ad vicem Aldrici recognovi et s. (Signum recognitionis).

Data III id. januarii, anno XIIII imperii domni Ludowici serenissimi augusti et XIII regni nostri. Actum in Casanogili palatio. In Dei nomen, feliciter. Amen.


Localisation de l'acte

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