[829, 23 juillet]. — [« Vodevogilo »].

Pépin Ier, à la requête de l'abbé Leoninus, confirme le diplôme de Louis le Pieux accordant l'immunité à l'abbaye de Saint-Hilaire, sise en Carcassès sur les bords du Lauquet, à ses « cellulae » « Garelianus » et Saint-Martin, et au domaine de Salas dont l'église est dédiée à Notre-Dame, domaine que l'empereur avait reçu de Giscafredus et que le roi d'Aquitaine a concédé au monastère, renouvelle aussi le privilège de la liberté des élections abbatiales, à charge pour les moines de prier pour le roi, la reine et leurs enfants et pour la stabilité du royaume.

Référence : Léon Levillain et Maurice Prou (éd.), Recueil des actes de Pépin Ier et de Pépin II rois d'Aquitaine (814-848), Paris, 1926, no14.

A. Original perdu.

B. Copie de l'an 1677, dans Baluze, Capitularia regum Francorum, t. II, appendice, col. 1429, n° xlv, « ex archivo monasterii S. Hilarii », d'après la copie perdue signalée par C.

C. Copie du 28 septembre 1668, par Gratian Capot pour Jean de Doat, Bibliothèque nationale, Collection Doat, vol. 71, fol. 274, d'après une copie sur parchemin authentiquée par P... évêque de Carcassonne et scellée d'un sceau royal.

D. Copie du xviiie s., Bibliothèque nationale, Collection de Languedoc, vol. 74, fol. 176, « ex archivo monasterii sancti Hilarii, Bal. tom. 2. Cap. pag. 1429 », d'après B.

E. Copie du xviie s., Bibliothèque nationale, Collection Baluze, vol. 81, fol. 46, d'après C.

a. Baluze, Capitularia regum Francorum. Voir ci-dessus, sous la lettre B.

b. Le Cointe, Annales ecclesiastici Francorum, t. VII, p. 847, fragment d'après B.

c. Dom Bouquet, Recueil des historiens de la France, t. VI, p. 668, n° ix, d'après B.

d. Baluze, Capitularia regum Francorum, édition de Chiniac, t. II, appendice, col. 1429, n° xlv, d'après B.

e. Mahul, Cartulaire et archives des communes de l'ancien diocèse et de l'arrondissement administratif de Carcassonne, t. V, p. 59, d'après B.

f. Dom Devic et Dom Vaissète, Histoire générale de Languedoc, édition Privat, t. II, preuves, n° 75, col. 167, d'après B.

Indiqué : Dom Bouquet [Catalogue manuscrit des diplômes de 775 à 987], Bibliothèque nationale, ms. fr. nouv. acq. 22211, fol. 253 (circa an. 828).

Indiqué : Georgisch, Regesta chronologico-diplomatica, t. I, col. 96, n° 1, s. d.

Indiqué : Bouges (le R.P.), Histoire ecclésiastique et civile de la ville et diocèse de Carcassonne, preuve viii, p. 507.

Indiqué : De Foy, Notice des diplômes, p. 388, ann. 828.

Indiqué : Bréquigny, Table chronologique, t. I, p. 173.

Indiqué : Mahul, Cartulaire et archives des communes de l'ancien diocèse et de l'arrondissement administratif de Carcassonne, t. V, p. 77.

Indiqué : Giard, Catalogue, n° 32.

Ce diplôme, très certainement authentique, nous est livré dépouillé des souscriptions et de la date. Il est une confirmation d'un diplôme de Louis le Pieux qui, s'il nous est bien parvenu, ne nous est d'aucun secours pour déterminer la date de notre document. Bouges attribue expressément l'acte de Pépin à l'année 828 qui est celle du diplôme en faveur de l'abbaye de Montolieu ; mais c'est une simple conjecture de cet auteur, puisqu'il n'a connu notre texte que par l'édition de Baluze. Le diplôme est probablement de 829. En effet, le roi demandant des prières pour lui-même, pour sa femme et pour sa descendance, notre diplôme est postérieur à la naissance de son premier enfant, lequel naquit au plus tôt en juillet 823 ; d'autre part, la formule de la suscription « Pipinus, gratia Dei rex Aquitanorum » est celle que l'on trouve constamment en usage jusqu'en 831. C'est entre ces deux dates que vient s'inscrire le diplôme faux de Pépin Ier vidimant un autre diplôme faux de Charlemagne : cette considération vient donner un certain poids à l'hypothèse des éditeurs des diplômes carolingiens dans les Monumenta Germaniae historica, que les éléments de la date dans le diplôme faux de Pépin Ier ont été vraisemblablement pris au diplôme confirmatif d'immunité dont nous nous occupons. Il est également certain que, pour fabriquer son faux, le moine de Saint-Hilaire a utilisé des chartes de son abbaye : non seulement un faussaire n'aurait point imaginé une date calculée à la fois sur les années de l'empire et sur les années du règne d'Aquitaine, s'il ne s'était point servi d'un diplôme authentique de Pépin Ier, mais encore il n'aurait pas inventé le nom de lieu « Vodevogilo » dont l'existence devait lui être inconnue.

Nous adoptons donc, mais sous réserves, pour notre diplôme la date que fournit le diplôme faux : il est sûr que, si les éléments constitutifs de cette date ont dû être empruntés à un acte authentique, le style en a été remanié, et il est possible que les chiffres fournis aient été altérés. La rédaction de la date, en tout état de cause, devrait être ainsi restituée : « [Data] X kalend. aug., anno XVI imperii [domni] Ludovici [serenissimi] augusti et XV regni nostri. Actum apud Vodevogilo. [In Dei nomine, feliciter. Amen.] »

Il est douteux que « Vodevogilo » soit le même lieu que « Vodilogilo » où fut expédié le diplôme de Pépin Ier pour son fidèle, Heccardus. Tandis que « Vodilogilo », par suite de la dissimilation de la liquide l intervocalique, a pu donner Vouneuil, comme on l'admet généralement, « Vodevogilo » par suite de l'élision très régulière de la dentale d et de la labiale v intervocaliques, n'a pu donner en langue romane que Boueilh, Boueilho, Bueil ou Voeuil qui s'écrit encore Vueil.

Le texte imprimé en petits caractères est emprunté à un diplôme de Louis le Pieux. (Böhmer-Mühlbacher, Regesta, n° 563.)


Pippinus, gratia Dei rex Aquitanorum. Si erga loca divinis cultibus mancipata propter amorem Dei ejusque in eisdem locis sibi famulantes beneficia oportuna largimur, praemium nobis apud Dominum aeternae remunerationis rependi non diffidimus. Idcirco noverit sagacitas seu utilitas omnium fidelium nostrorum tam, praesentium quam et futurorum, quia vir venerabilis Leoninus, abba ex monasterio sancti Hilarii quod est situm in pago Carcassense super rivum qui dicitur Leucus, constructum in honore sancti Saturnini martyris, ubi etiam praedictus sanctus Hilarius confessor corpore requiescit, ad nostram accedens clementiam detulit obtutibus nostris quandam auctoritatem domini et genitoris nostri Ludovici piissimi augusti, in qua continebatur insertum qualiter idem genitor noster ipsum monasterium ad deprecationem praedecessoris sui Egidonis abbatis sub suo suscepisset mundeburdo vel defensione, videlicet ut monachi in eodem monasterio commorantes cum omnibus rebus eorum quiete vivere absque alicujus infestatione licuisset. Pro firmitatis namque studio postulavit nobis praedictus Leoninus abba ut idem monasterium cum cellulis sibi subjectis quae nuncupatur Garelianus et alia quae nuncupatur sancti Martini et villam juxta ipsum monasterium quae vocatur Salas, ubi est ecclesia constructa in honore sanctae Mariae semper virginis, quam Giscafredus genitori nostro de suo beneficio dedit et nos eidem monasterio concessimus, cum adjacentiis vel terminiis praedictorum locorum sub nostra constitueremus defensione et immunitatis tuitione. Cujus precibus ob amorem Dei et reverentiam divini cultus libenter aurem accommodare placuit, et hoc nostrae auctoritatis praeceptum immunitatis atque tuitionis gratia fieri decernimus, per quam praecipimus atque jubemus ut nullus judex publicus vel quilibet ex judiciaria potestate in ecclesias aut loca vel agros seu reliquas possessiones praedicti monasterii quas moderno tempore juste et rationabiliter possidet vel quae etiam deinceps in jure ipsius sancti loci voluerit divina pietas augeri, ad causas audiendas vel freda exigenda aut mansiones vel paratas faciendas aut fidejussores tollendos aut homines ipsius monasterii tam ingenuos quam et servos super terram ipsius commanentes injuste distringendos nec ullas redibitiones aut illi-citas occasiones requirendas nostris et futuris temporibus ingredi audeat, vel ea quae supra memorata sunt penitus exigere praesumat. Et quicquid de rebus praefati monasterii fiscus sperare poterat, totum nos pro aeterna remuneratione praefato monasterio concedimus ut in alimonia pauperum et stipendia monachorum ibidem Deo famulantium perpetuo proficiat in augmentum. Et quando quidem divina vocatione supradictus abba vel successores ejus de hac luce migraverint, quandiu ipsi monachi inter se tales invenire potuerint qui ipsam congregationem secundum regulam sancti Benedicti regere valeant, per hanc nostram auctoritatem et consensum licentiam habeant eligendi abbates, quatenus ipsos monachos qui ibidem Deo famulantur pro nobis et conjuge proleque nostra atque stabilitate totius regni nostri a Deo nobis concessi ejusque clementissima miseratione per immensum conservandi Domini immensam clementiam jugiter exorare delectet. Hanc itaque auctoritatem, ut pleniorem in Dei nomine obtineat vigorem et a fidelibus sanctae Dei ecclesiae et nostris verius credatur et diligentius conservetur, manu propria subter firmavimus et anuli nostri impressione signari jussimus.