829 ou 830, 10 août. — « Aviziacus ».
Pépin Ier, à la requête des moines de Saint-Germain-des-Prés, sous l'abbatiat d'Hilduinus, confirme aux requérants la propriété de diverses « villae » situées dans son royaume, à savoir Vernoil-le-Fourier, Cizay, Lusignan, Noré, « Casiliacus », « Quinciacus » et « villa Buslana », qui leur avaient été en partie rendues par Charlemagne, en partie confirmées par Louis le Pieux et en entier affectées par ce dernier à la mense conventuelle, et place lesdits biens sous le régime de l'immunité.
A. Original perdu.
B. Copie du xie s., dans les Gesta Francorum d'Aimoin, Bibliothèque nationale, ms. lat. 12711, fol. 37 v°, sans indication d'origine.
C. Copie de la fin du xiie s., sous la rubrique « Pippini regis Aquitanie filii Ludovici pii », dans le Cartulaire +++ de Saint-Germain-des-Prés, Archives nationales, LL 1024, fol. 23 v°, sans indication d'origine.
D. Copie de la fin du xiiie s., sous la rubrique « Pipini regis », dans un fragment de cartulaire portant le titre de Privilegia regum et relié à la suite du Cartulaire de l'abbé Guillaume, Archives nationales, LL 1026, 2e partie, fol. 4 v°, d'après C.
E. Copie de la fin du xiiie s. ou du commencement du xive s., sous la rubrique « Pipini regis », dans le Cartulaire VE dit Le Petit Registre, Archives nationales, LL 1029, fol. 5 v°, probablement d'après D.
F. Copie du xvie s., par Dom Jacques Du Breul, dans la deuxième rédaction de ses Inclyti cœnobii divi Germani a Pratis chronica, Bibliothèque nationale, ms. lat. 12840, fol. 44, avec la mention marginale « Exemplar habetur in Libro nigro privilegiorum, fol. 23, p. 2 », en réalité d'après B.
G. Copie de l'an 1578, par Dom Étienne Rivière, dans sa transcription de la première rédaction des Inclyti cœnobii divi Germani a Pratis chronica faite en 1569 par Dom Jacques Du Breul, Bibliothèque nationale, ms. lat. 12843, fol. 46, d'après la copie de 1569 prise sur B.
HIJKL. Copies du xvie s., dans des transcriptions des Chronica de Dom Jacques Du Breul, Bibliothèque nationale, ms. lat. 12838, fol. 73 ; ms. lat. 12837, fol. 67 ; ms. lat. 12839, fol. 77 v° ; ms. lat. 12841, fol. 62 ; ms. lat. 12842, fol. 41 v° ; toutes d'après F.
M. Copie du xviiie s., collationnée par Lelong, conseiller maître de la Chambre des Comptes, Archives nationales, K 181, liasse 3, n° 100, d'après c.
a. Aimoin, Gesta Francorum, livre V, ch. 17, édition de 1567, p. 615, d'après B.
b. Aimoin, Gesta Francorum, livre V, ch. 17, édition Jacques Du Breul, p. 298, d'après B.
c. J. Bouillart, Histoire de l'abbaye royale de Saint-Germain-des-Prés, pièces justificatives, p. xv, « tirée du Cartulaire », en réalité d'après B ou une copie dérivée de B.
d. Dom Bouquet, Recueil des historiens de la France, t. VI, p. 669, n° x, d'après c.
e. R. Poupardin, Recueil des chartes de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés (Mémoires et documents publiés par la Société de l'Histoire de Paris et de l'Île-de-France. Documents XV), p. 47, n° xxx, d'après BCD.
Indiqué : Dom Bouquet [Catalogue manuscrit des diplômes de 775 à 987], Bibliothèque nationale, ms. fr. nouv. acq. 22211, fol. 235 v°, ann. 830.
Indiqué : De Foy, Notice des diplômes, p. 392, ann. 829.
Indiqué : Bréquigny, Table chronologique, t. I, p. 176.
Indiqué : Böhmer, Regesta Karolorum, n° 2072.
Indiqué : R. Giard, Catalogue, n° 14.
La date de ce diplôme présente un écart de deux unités entre la donnée qui concerne le gouvernement impérial et celle des années du règne en Aquitaine : c'est le résultat d'une erreur de copiste, car un tel écart ne répond à aucun mode de compter les années d'empire et les années du règne. Si l'on s'en tient au nombre XVII donné pour l'année de l'empire, on met le diplôme en 830 ; si l'on donne la préférence au nombre XV de l'année royale, on attribue l'acte à l'an 829. Il nous semble plus facile d'expliquer l'omission d'une unité après XV que l'addition d'un I après XVI pour former XVII, puisqu'il faut qu'il n'y ait qu'un écart d'une unité. Nous avons un cas analogue qui nous est fourni par une copie du xie s. d'un document dont l'original est heureusement conservé, la copie donnant les deux nombres XXV et XXIII là où l'original portait XXV et XXIIII avant qu'une déchirure du parchemin eût fait tomber le troisième des bâtonnets de ce dernier nombre : une explication de ce genre pourrait valoir pour le diplôme de Saint-Germain-des-Prés. On peut aussi songer à l'ἐπίσημον G qui, contrairement à l'opinion émise par Julien Havet, se rencontrait encore à l'époque carolingienne et qui a si souvent prêté à l'erreur. Toutefois nous ne trouvons pas dans tout cela l'argument décisif qui nous permet de choisir entre les dates de 829 et de 830.
Le nom de lieu ne peut nous être d'aucun secours, « Aviziacus » donne Avezac ou Avezé (plutôt qu'Avessac ou Avessé). Les localités du nom d'Avezac se trouvent dans la région pyrénéenne et dans l'Ardèche : en 829, celles de la région pyrénéenne ne peuvent être écartées si le « Vodevogilo » du diplôme du 23 juillet 829 est Boueilh ; en 830, étant donné les circonstances qui semblent avoir rendu nécessaire la présence de Pépin dans le nord de la France, Avezé serait plus indiqué. En définitive, il vaut mieux ne pas vouloir résoudre le double problème que nous posent les données chronologiques et topographique de la date.
Pippinus, gratia Dei rex Aquitanorum. Si locis venerabilibus Deoque dicatis opem ferimus eorumque sincerissimis famulatoribus congrua beneficia prestamus atque ab intrinseca incursione et inquietudine regali auctoritate eos immunes efficimus, id nobis et ad mortalem vitam temporaliter transigendam et ad ȩternam feliciter capiendam profuturum liquido credimus. Noverit itaque sagacitas seu utilitas fidelium nostrorum, tam presentium quam et futurorum, quia adierunt nos monachi sancti Germani eximii confessoris juxta Parisius civitatem, quibus preest Hilduinus venerabilis abba, et humiliter deprecati sunt mansuetudinem culminis nostri ut villas ejusdem ecclesiȩ sancti Germani quȩ infra ditionem regni nostri consistunt, quarum hȩc sunt vocabula Vernogilus, Cixiacus, Lixiniacus, Noveridus, Casiliacus, Quinciacus, villa Buslana, cum omnibus appendiciis earum, quas partim piȩ sanctȩque memoriȩ domnus et avus noster Karolus invictissimus augustus in sua elemosina eidem reddidit ȩcclesiȩ, partim in processu temporum domnus et genitor noster Hludovicus serenissimus imperator eisdem fratribus perpetualiter confirmavit et ad stipendia eorundem monachorum in integrum deputavit, nos quoque ob amorem et honorem Xpisti similiter per nostrum preceptum easdem confirmaremus villas ut eorum sumptibus et stipendiis per nostram inde confirmationem deservirent. Nos vero eorum petitioni ob divini cultus amorem et animȩ nostrȩ salutem libenter annuimus et hoc nostrȩ regiȩ potestatis preceptum eis fieri decrevimus, per quod et statuimus et perpetuo mansurum fore, Domino adjuvante, volumus ut eȩdem villȩ cum omnibus ad eas juste legaliterque pertinentibus vel aspicientibus in avi nostri et genitoris necnon et nostra elemosina in usus vel stipendia memoratȩ ecclesiȩ monachorum, tam presentium quam et futurorum, confirmatȩ permaneant, ita videlicet ut, absque ullius cujuslibet ordinis vel potestatis in regno nostro degentis inquietudine vel prejudicio, sub eorum dominio, disponente et ordinante ipsius ecclesiȩ abbate, omni tempore teneant atque possideant, quatinus, cum ceteris rebus sibi deputatis hujus nostri beneficii juvamine suffragati, liberius et expeditius omnipotentis Dei misericordiam pro memorato avo et genitore nostro necnon et nobis, conjuge proleque totiusque regni statu jugiter exorent. Illud etiam ad cumulum mercedis nostrȩ pertinere non ambigimus ut easdem villas sub tuitionis nostrȩ immunitate consistere faceremus. Quapropter precipimus atque jubemus ut nullus judex publicus vel quilibet ex judiciaria potestate aut ullus ex fidelibus nostris, tam presentibus quam et futuris, in easdem villas vel in eadem loca quȩ eis juste et legaliter subjecta sunt, ad causas audiendas vel freda aut tributa aut thelonea exigenda aut mansionaticos vel paratas faciendas aut fidejussores tollendos aut homines ipsius ȩcclesiȩ, tam ingenuos quam servos, ibidem commanentes distringendos nec ullas redibitiones aut illicitas occasiones ingeri audeat, aut ea quȩ supra memorata sunt exigere presumat, sed liceat rectoribus ipsius ȩcclesiȩ atque monachis easdem villas cum omnibus ad eas juste pertinentibus vel aspicientibus, sub tuitionis atque immunitatis nostrȩ defensione, remota totius judiciaria potestatis inquietudine, quieto vel libero ordine possidere, atque, pro memoratis genitoribus nostris nostrȩque conjugis prolisque incolumitate seu etiam totius regni a Deo nobis collati ejusdemque clementissima miseratione per immensum conservandi stabilitate, cȩlestem deprecari opem. Et quicquid de prefatis villis juxta legis mundanȩ censuram jus fisci exigere poterat, ad integrum eidem concessimus ecclesiȩ ut monachis ibidem Deo famulantibus ad Dei servitium peragendum, nostrȩ mercedis causa, augmentum sit vel supplementum. Et ut hoc a fidelibus nostris melius credatur et diligentius conservetur, manu propria subter firmavimus et anuli nostri inpressione signari jussimus.
Data IIII id. aug., anno XVII imperii domni Hludovici serenissimi augusti et XV regni nostri. Actum in Aviziaci villa.