838, 28 mars. — Charentais.

Pépin Ier, à la requête de Dodo, évêque d'Angers, confirme à l'église cathédrale de Saint-Maurice d'Angers et à ses évêques le diplôme du grand-père de Louis le Pieux qui leur avait concédé la moitié des tonlieux de la cité angevine et des droits perçus sur les marchés, passages et cours d'eau.

Référence : Léon Levillain et Maurice Prou (éd.), Recueil des actes de Pépin Ier et de Pépin II rois d'Aquitaine (814-848), Paris, 1926, no28.

A. Original perdu.

B. Copie authentique de 1733 sur papier timbré, sous le titre « Exemplar praecepti Pipini regis de medietate omnium theloneorum, portuum, mercatuum, navigiorum totius Andegavis sub Dodone episcopo », collationnée par les notaires royaux d'Angers, Drouaux et Huchelou, le 14 août 1733, Bibliothèque d'Angers, ms. 707 (anc. 637), fol. 3, d'après A.

C. Copie authentique du xviiie s., pour Dom Housseau, collationnée par les notaires Drouaux et Huchelou, Bibliothèque nationale, Collection d'Anjou et de Touraine, vol. XXVIII2, fol. 74, d'après A.

D. Copie en partie figurée du xviie ou du xviiie s., sous le titre « Praeceptum Pippini regis de medietate omnium teloneorum, portuum, mercatuum, navigiorum Andecavi sub Dodone episcopo », Collection de M. le chanoine Urseau, à Angers, d'après A.

E. Copie partielle du xviiie s., Archives départementales de Maine-et-Loire, fonds de la cathédrale de Saint-Maurice d'Angers, G 54, fol. 183, d'après A.

F. Copie du xviie s., par André Du Chesne, sous le même titre que B, Bibliothèque nationale, Collection Baluze, vol. 39, fol. 54, d'après A.

G. Copie de l'an 1656, par les frères de Sainte-Marthe, dans la Gallia christiana, t. II, p. 117, d'après A.

H. Copie du xviiie s., par Dom Housseau, sous le même titre que B, Bibliothèque nationale, Collection d'Anjou et de Touraine, vol. I, fol. 41, d'après le « Cartulaire noir du chapitre d'Angers, page vi et vérifié sur l'original qui se trouve aux archives du chapitre d'Angers, au registre cotté AB des privilèges, 13. fenestre, feuillet 10 ».

I. Copie du xviiie s., par Dom Housseau, pour Bréquigny, Bibliothèque nationale, Collection Bréquigny, vol. 46, fol. 26, d'après le Cartulaire noir et A comme H.

J. Copie de la première moitié du xviie s., par Sirmond, Bibliothèque nationale, Collection Baluze, vol. 139, p. 229, sans indication de source, probablement d'après une copie figurée d'A perdue.

K. Copie de la première moitié du xviiie s., pour le président Bouhier, Bibliothèque nationale, ms. lat. 17709 (anc. Bouhier 62), p. 145, sans indication d'origine, d'après la même source que J.

L. Copie du commencement du xviie s., par Peiresc, Bibliothèque de Carpentras, ms. 1791 (anc. Peiresc, t. XXIII, 1) fol. 434, sans indication d'origine, d'après la même source que J.

M. Copie de la fin du xviie s. ou du commencement du xviiie s., par Grandet, sous le même titre que B, dans un cartulaire factice intitulé Index titulorum, cartharum, arrestorum et aliorum quae acta sunt ab episcopis Andegavensibus aut sub eorum episcopatu, Collection de M. le chanoine Urseau, à Angers, p. 39, sans indication d'origine, d'après la même source que J.

N. Copie de la fin du xvie s. ou du commencement du xviie s., sous le même titre que B, Bibliothèque nationale, Collection Baluze, vol. 39, fol. 40, sans indication d'origine, d'après la même source que J.

O. Copie partielle de la première moitié du xviie s., par Guy Arthaud, archidiacre de l'église d'Angers, sous le même titre que B, Bibliothèque d'Angers, ms. 690 (anc. 624), fol. 215, d'après le Cartulaire violet de l'église d'Angers, fol. 73, perdu.

P. Copie du mois d'octobre 1461, dans un vidimus de Louis XI donné à Tours en octobre 1461 et enregistré par la Chancellerie, Archives nationales, JJ 198, fol. 90, d'après l'original des grandes lettres patentes de Louis XI confirmant un vidimus de Charles VII donné à Angers le 19 octobre 1424 et confirmant lui-même, entre autres documents, un vidimus de Charles V donné à Paris en août 1370 et établi, en ce qui concerne le diplôme de Pépin Ier, sur une copie authentique sous le sceau de l'abbé de Saint-Aubin d'Angers et sous les seings de deux notaires publics prise sur A en exécution du mandement royal adressé du bois de Vincennes le 25 janvier 1370 (n. st.) à l'abbé de Saint-Aubin.

Q. Copie du 14 décembre 1461, dans le même vidimus de Louis XI enregistré au Parlement, Archives nationales, X1a 8606, fol. 228, d'après la même source que P.

R. Copie authentique du 3 mars 1506, dans un vidimus de Louis XII donné à Paris en juillet 1498, et confirmant, entre autres documents, le vidimus de Louis XI d'octobre 1461, collationnée sur l'original du vidimus de Louis XII par les notaires Ambroise Goucard et Olivier Fradin, Collection de M. le chanoine Urseau à Angers, d'après l'original des grandes lettres patentes de Louis XII.

S. Copie du xviie s., par Rémy, valet de chambre de Gaignières, pour ce dernier, Bibliothèque nationale, ms. fr. 22450, fol. 26 v°, d'après le vidimus de Louis XII signalé ci-dessus en R.

T. Copie partielle de la première moitié du xviie s., pour Guy Arthaud, sous le même titre que B, Bibliothèque d'Angers, ms. 705 (anc. 635), 4e liasse, fol. 1 v°, d'après O.

a. Sainte-Marthe, Gallia christiana. Voir ci-dessus, sous la lettre G.

b. Dom Bouquet, Recueil des historiens de la France, t. VI, p. 674, n° xvi, d'après a.

c. Tresvaux, Histoire de l'église et du diocèse d'Angers, t. I, p. 424, « tiré des anciennes archives du chapitre d'Angers », probablement d'après b.

d. Chanoine Urseau, Cartulaire noir de la cathédrale d'Angers, p. 14, n° v, d'après toutes les copies sauf DR et principalement d'après le groupe JKLMN.

Indiqué : Response du chapitre de l'église d'Angers, p. 15.

Indiqué : Inventaire (manuscrit) des chartes de Saint-Maurice de 1734, d'après A, sous le même titre que D, avec la référence : « 13e fenestre, t. I des Privilèges cotté AB, folio 10 », et d'après le Cartulaire noir, fol. 5, sous le même titre que B, Archives départementales de Maine-et-Loire, G 277, p. 758 et p. 778, n° v.

Indiqué : Dom Bouquet [Catalogue manuscrit des diplômes de 775 à 987], Bibliothèque nationale, ms. fr. nouv. acq. 22211, fol. 256 v° (ann. 836).

Indiqué : De Foy, Notice des diplômes, p. 450.

Indiqué : Bréquigny, Table chronologique, t. I, p. 194.

Indiqué : Böhmer, Regesta Karolorum, n° 2078.

Indiqué : R. Giard, Catalogue, n° 27.

Ce diplôme, dont l'original « sain et entier » n'a disparu qu'à l'époque de la Révolution, ne soulève pas d'autre difficulté que celle de la date. Selon BEHI, A portait pour les années du règne de Pépin Ier le nombre XIIII ; D nous apprend qu'A étant effacé, le chiffre XVI, donné par un grand nombre de nos sources, est emprunté à une copie, qui nous paraît devoir être le Cartulaire noir du xiie s. perdu. — Mais que l'on accepte l'un ou l'autre nombre, la date reste incohérente : le diplôme a été donné le 5 avril de la première indiction, la vingt-troisième année de l'empire de Louis le Pieux, la quatorzième (ou la seizième) année du règne de Pépin. L'indiction répond à 838, l'année impériale à 836 et l'année du règne à 828. Dom Bouquet, qui, dans tous les cas analogues, donne la préférence à l'indiction sur les autres mentions, a proposé de corriger XXIII en XXV et XVI en XXIV. Mais cette correction se heurte à cette objection : le nombre XXIII est donné par toutes les copies sans exception, dont trois, LMN, ont même exprimé en toutes lettres ce que leur modèle avait transcrit d'A ; il est, par conséquent, à peu près certain qu'A exprimait le nombre des années impériales par deux X suivies de plusieurs bâtonnets ; et il paraît arbitraire de modifier en XXV un nombre qui ne pouvait pas être XXV puisque jamais on ne trouve dans les manuscrits le chiffre V traduit par cinq bâtons. Or voici qu'un autre diplôme de Pépin Ier, en faveur de Jumièges, souscrit par le même notaire, présente une incohérence de date analogue : « Data VIIII kalendas mai, indictione I, anno XXIIII imperii Ludovici serenissimi augusti et regni nostri XXIII ». De telle sorte que, si l'on conserve l'indiction comme fidèlement transcrite d'A, on peut admettre à la fois une erreur de calcul de cet élément et une faute de transcription du nombre des années impériales dans notre document angevin, et cela d'autant plus qu'il faut nécessairement rapprocher les deux diplômes de Jumièges et de Saint-Maurice d'Angers qui furent tous deux expédiés sous le cancellariat d'Hermoldus. Alors on corrigera la donnée fautive des années du règne XIIII en XXII. Reste à choisir entre la date de l'indiction et les dates des règnes. Le présent acte est nécessairement postérieur au diplôme du même roi pour la même église dans lequel Dodo est qualifié de futur prélat de l'église d'Angers et qui est encore souscrit au nom de Dodo lui-même comme chancelier : il est, en effet, sollicité par Dodo, évêque d'Angers titulaire, et souscrit par Isaac au nom du chancelier Hermoldus. Il est, par conséquent, postérieur à un troisième diplôme pour la même église angevine souscrit au nom de Dodo : or ce dernier est daté de façon certaine du 25 décembre 837. Il en résulte que notre diplôme est nécessairement du 28 mars 838 et que, dans la chancellerie de Pépin Ier, si l'on avait bien en 837 sous le cancellariat de Dodo procédé au changement de l'indiction à l'époque convenable, l'on omit de faire subir au calcul des années impériales et des années royales la correction nécessaire.

On objectera peut-être que Dodo était évêque d'Angers depuis le 1er avril 837. Mais cette date n'est pas certaine ; le prédécesseur de Dodo, Arlegharius, vivait peut-être encore en décembre 837, et les Annales Vendômoises enregistrent la consécration du nouvel évêque en 838 ; il semble bien, du reste, par le diplôme du 25 décembre 837 que le siège de Saint-Maurice était vacant.

Concluons : le diplôme est du 28 mars 838.

Le nom de lieu « Caremptas » a été identifié par l'abbé de Foy avec Tonnay-Charente ; mais il est bien évident que Tonnay est le nom ancien et que Charente lui a été ajouté à une époque relativement récente pour distinguer Tonnay-Charente (sur la Charente) de Tonnay-Boutonne (sur la Boutonne). Nous préférons traduire « Caremptas » par Charentais, qui est un hameau de la commune de Saint-Cyr, en Indre-et-Loire.

Nous avons suivi pour les ae et e les leçons de BCDEFGHI qui dérivent d'A, en notant les variantes que ces manuscrits présentent sur ce point. JKLMN qui dérivent d'une copie figurée donnent presque toujours des e ; nous n'avons pas relevé leurs variantes, pas plus que nous n'avons noté les variantes orthographiques de nos vidimus des xive et xve siècles, qu'on doit nécessairement trouver dans les copies de ce temps-là. Nous devons mentionner que M, seul de son groupe, donne des ę avec des ae et des e ; mais il en use arbitrairement, comme nous nous en sommes convaincus en comparant la copie que Grandet avait prise sur l'original du diplôme faux de Charles le Chauve pour Saint-Florent-le-Vieil avec ce même prétendu original conservé aux Archives de Maine-et-Loire ; il n'y a donc pas à tenir compte de ces variantes dans les copies de Grandet.


Pippinus, ordinante divinae majestatis gratia, Aquitanorum rex. Si enim justis et rationabilibus servorum Dei suggestionibus aurem libenter accommodaverimus et petitiones eorum quas nobis insinuaverint ad effectum perducimus, non solum in hoc regiam exercemus consuetudinem, sed etiam ad aeternae retributionis mercedem nobis talia facta profutura confidimus. Ideo cunctis fidelibus sanctae Dei ecclesiae et nostris, episcopis, abbatibus, ducibus, comitibus, domesticis, vicariis, centenariis seu et omnibus de palatio nostro missis discurrentibus, notum fore volumus quia quidam venerabilis vir Dodo, Andegavis sedis episcopus, adiens celsitudinem nostram ostendit se manibus habere praeceptum avi genitoris nostri, per quod comperimus medietatem de omnibus theloneis tam de Andegavis civitate quam et de aliis mercatibus seu portibus omnibusque rebus avum genitoris nostri praedictae ecclesiae sancti Mauricii confirmasse. Quapropter petiit clementiae nostrae ut denuo praeceptionis nostrae auctoritate memoratae ecclesiae sancti Mauricii, sibi successoribusque ejusdem confirmare medietatem de omnibus theloneis tam de Andegavis civitate quam et de aliis mercatibus seu portibus atque navigiis studuissemus, quibus ad praesens juste et rationabiliter memoratam ecclesiam vestitam esse dinoscitur. Nos vero petitioni illius adsensum praebentes, sicut idem praedictus Dodo venerabilis episcopus precatus est fieri non abnuimus, sed hoc nostrae auctoritatis praeceptum ita illi concessisse et in omnibus confirmasse cognoscite. Praecipientes ergo jubemus ut nullus ex praememoratis fidelibus nostris, praesentibus scilicet et futuris, suprascripto episcopo ejusque successoribus ex jamdicta medietate omnis thelonei Andegavis civitatis et de aliis mercatibus seu portibus atque navigiis vel etiam de omnibus rebus quas ad praedictam ecclesiam manifestum est pertinere, ullam inquietudinem aut calumniam facere non praesumat ; sed liceat praememorato episcopo et successoribus ejusdem congregationique in eodem monasterio Deo servienti praedictam medietatem ordine legitimo, quiete, absque ullius potestatis interpellatione possidere, ut eos pro nobis nostraque progenie et fidelibus nostris Dei omnipotentis misericordiam melius exorare delectet. Et ut haec auctoritatis nostrae confirmatio in Dei nomine pleniorem obtineat vigorem et a cunctis sanctae Dei ecclesiae fidelibus nostrisque melius credatur et per cuncta annorum curricula diligentius conservetur, manu propria subter firmavimus et de anulo nostro subter sigillari jussimus.

Signum (Monogramma) Pipini gloriosissimi regis.

(Chrismon). Isaac clericus ad vicem Hermoldi recognovit. (Locus sigilli).

Data V kal. aprilis, indictione I, anno, Xpisto propitio, XXIII regnante domno Hludovico serenissimo augusto et XIIII regni nostri. Actum Caremptas. In Dei nomine, feliciter. Amen.


Localisation de l'acte

Make this Notebook Trusted to load map: File -> Trust Notebook