828, 10 mars. — Aix-la-Chapelle.

Pépin Ier, à la requête de Fridigisus, abbé de Saint-Martin de Tours, lui concède sa protection et l'immunité pour la « villa » de Marsat, sise dans le « pagus » d'Auvergne-et-Turluron et dans la viguerie de Clermont, dont il confirme la tranquille et perpétuelle possession aux recteurs et aux prieurs de Saint-Martin pour subvenir à l'habillement des frères, après leur avoir rendu cette « villa », selon les instructions de son père, l'empereur Louis le Pieux, obtenues par ledit abbé, à la mort d'Erlaldus, sénéchal de l'empereur qui l'avait reçue à cens de l'abbé Iterius et à titre viager de l'abbé Alcuinus à la demande de Louis le Pieux.

Référence : Léon Levillain et Maurice Prou (éd.), Recueil des actes de Pépin Ier et de Pépin II rois d'Aquitaine (814-848), Paris, 1926, no10.

A. Original perdu.

B. Copie du xviie s., Bibliothèque nationale, Collection Baluze, vol. 76, fol. 32, d'après une source inconnue.

C. Copie du xviiie s., en partie figurée, pour le président Bouhier, sous le titre « Privilegium Pipini regis Aquit. fris Caroli Calvi super villa Marciaco in Arvernico sita », Bibliothèque nationale, ms. lat. 17709 (anc. Bouhier 62), p. 63, n° 49, « ex cartulari sancti Martini Turonensis ».

D. Copie du xviie s., par Du Chesne, Bibliothèque nationale, Collection Baluze, vol. 47, fol. 173, d'après la Pancarte noire de Saint-Martin de Tours.

E. Copie du commencement du xviie s., par Jean Besly, Bibliothèque nationale, Collection Dupuy, vol. 841, p. 12, d'après la Pancarte noire.

F. Copie du xviie s., par le même, Bibliothèque nationale, ms. lat. 60072, 3e partie, fol. 7, « ex Pancarta nigra ».

G. Copie de l'an 1724, par Dom Martène, dans l'Amplissima collectio, t. I, col. 82, « ex cartario s. Martini ».

H. Copie du xviie s., sous le même titre que C, Bibliothèque Laurentienne à Florence, fonds Ashburnham, ms. 1836, fol. 31, d'après la Pancarte noire.

I. Copie du xviie s., sous le titre « Privilegium Pipini regis Aquitanie fratris Karoli Calvi », Bibliothèque Laurentienne à Florence, fonds Ashburnham, ms. 1836, fol. 40, d'après la Pancarte noire.

J. Copie du xviiie s., collationnée par Porlier, conseiller-maître à la Chambre des comptes, Archives nationales, K 186, n° 11, d'après la Pancarte noire.

K. Copie partielle de l'an 1643, par Dom Fr. Lesueur, dans sa Tabula chartularii Sti-Martini Turon., Bibliothèque nationale, ms. lat. 13898, fol. 52, n° 18, d'après le Cartulaire p. 19 et 23.

L. Copie partielle de l'an 1646, par Du Bouchet, dans La véritable origine de la seconde et troisiesme lignée de la maison royale de France, preuves, p. 240, « charte tirée de l'abbaye Saint-Martin de Tours ».

M. Copie partielle de l'an 1651, par Labbe, Éloges historiques des rois de France... et le Meslange curieux de plusieurs pièces rares et anciennes, p. 455, sans référence.

N. Copie partielle du xviie s., dans un extrait fait probablement par Jérôme Bignon, Bibliothèque de l'Institut, ms. 583, fol. 144 v°, « ex Pancarta nigra S. Martini Turonensis, c. xv, fol. 19, col. 4 ».

O. Copie partielle du xviie s., Bibliothèque nationale, ms. lat. 12683, fol. 62 v°, « ex authentico ».

P. Copie du xixe s., par Salmon, Bibliothèque de Tours, ms. 1285, fol. 81 et 87, d'après f avec des variantes tirées de B et D.

a. Du Bouchet, La véritable origine de la seconde et troisiesme lignée de la maison royale de France. Voir ci-dessus, sous la lettre L.

b. Jean Besly, Ducs de Guyenne, p. 21, d'après F.

c. Labbe, Éloges historiques des rois de France. Voir ci-dessus, sous la lettre M.

d. Dom Martène, Amplissima collectio, t. I. Voir ci-dessus, sous la lettre G.

e. Dom Bouquet, Recueil des historiens de la France, t. VI, p. 666, n° vii, d'après F.

f. Hauréau, Gallia christiana, t. XIV, instrumenta, col. 22, « ex chartario S. Martini Benedictini ».

Indiqué : Dom Fr. Lesueur, Bibliothèque nationale, ms. lat. 13818, fol. 244 v°, « ex cartulario veteri insignis collegiatae S. Martini Turonis, fol. 19 ».

Indiqué : Dom Bouquet, [Catalogue manuscrit des diplômes de 775 à 987], Bibliothèque nationale, ms. fr. nouv. acq. 22211, fol. 253.

Indiqué : Georgisch, Regesta chronologico-diplomatica, t. I, col. 85, n° 3.

Indiqué : De Foy, Notice des diplômes, p. 386.

Indiqué : Bréquigny, Table chronologique, t. I, p. 174.

Indiqué : Wauters, Table chronologique, t. I, p. 180.

Indiqué : Böhmer, Regesta Karolorum, n° 2070.

Indiqué : E. Mabille, Pancarte noire, p. 66, n° 15.

Indiqué : R. Giard, Catalogue, n° 10.

Le diplôme de Pépin Ier que nous publions ci-dessous restitue à l'abbaye de Saint-Martin de Tours la « villa » de « Marciagus ». Il est le document qui donne les précisions géographiques les plus grandes sur ce domaine en indiquant qu'il était « in pago Arvernico ac Tolornensi » et « in vicaria Claromontensi ».

L'expression « in pago Arvernico ac Tolornensi » nous montre qu'en 828 était commencé déjà le mouvement qui, dans le courant du ixe siècle, devait aboutir à la reconstitution, sous le nom de « pagus Arvernicus », de l'ancien diocèse de Clermont-Ferrand. Les deux « pagi » d'Auvergne et de Turluron se trouvaient donc réunis sous l'autorité d'un seul comte, et la nouvelle circonscription prit le nom de « pagus Arvernicus ac Tolornensis », comme de nos jours encore, par exemple, les diocèses de Lisieux et de Bayeux réunis portent le nom de « diocèse de Bayeux et Lisieux ». Par conséquent, l'indication géographique qui doit nous servir à identifier le nom de lieu « Marciagus » est celle de la viguerie de Clermont, circonscription du « pagus Arvernicus » ; et cela nous permet d'écarter Marcillat et Marsac, qui sont « in pago Tolornensi » pour ne conserver que Marsat qui n'a jamais été « in pago Tolornensi », mais bien « in pago Arvernico ». Le domaine de Saint-Martin de Tours était donc le « Marciacus » dont parle Grégoire de Tours.

HIJ donnent partout e pour ae et reproduisent certainement en cela leur modèle, la Pancarte noire. Nous avons admis partout la graphie ae qui est, dans la plupart des cas, celle des originaux, parce que nous ignorons l'âge de la source de B. Nous ne donnons pas les variantes qui ne portent que sur la substitution de l'e à l'ae ; mais nous les avons maintenues dans nos notes quand l'une des sources donnant l'ȩ peut traduire un état du manuscrit type.


(Chrismon). Pippinus, gratia Dei rex Aquitanorum. Noverit omnium fidelium nostrorum, praesentium scilicet et futurorum, sollertia quia Fridigisus, vir venerabilis, abba et rector ecclesiae beatissimi Martini, patroni videlicet nostri, suggessit serenitati genitoris nostri domni Hludowici serenissimi augusti pro quadam villa, nomine Marciagus, quae est in pago Arvernico ac Tolornensi, in vicaria Claromontensi, sita, quae dudum a quibusdam fidelibus per cartulam cessionis memoratae ecclesiae specialiter ad vestimenta fratrum conlata fuerat, quam etiam Iterius quondam abba Erlaldo, ejusdem genitoris nostri seniscalco, per ejus petitionem, ea conditione ut annuatim exinde censum persolveret, concesserat et quam postea domnus Alcuinus, successor ipsius, ejusdem monasterii rector, similiter ad petitionem genitoris nostri praedicto Erlaldo sub eodem censu per scriptum habere permiserat, eo modo ut post decessum illius absque ulla interpellatione aut alicujus contradictione memorata villa cum omnibus appendiciis et rebus sibi pleniter aspicientibus in ditionem praefatae ecclesiae inmeliorata restitueretur, obsecrans ut ejus consueta pietas efficeret quatenus propter hanc occasionem, id est, quia tamdiu per petitionem ejus fuerat sub censu in beneficio habita, ne aliquando possit a potestate ipsius monasterii subtrahi. Cujus suggestioni genitor noster libenter annuens praecepit nobis ut jam dictae res post decessum memorati Erlaldi per illius et nostram auctoritatem secundum praescriptam conditionem in potestatem sancti Martini reducerentur. Sed, dum haec agerentur, saepedictus Erlaldus finem vivendi fecit, et nos praedictas res per missos nostros ad partem sancti Martini coram multis, sicuti et factum est, reddere jussimus. Sed superius nominatus Fridigisus abba petiit celsitudini nostrae ut pro firmitatis studio nostram praeceptionem super hoc ei fieri juberemus, per quam omnes occasiones quae a malivolis hujus rei gratia obici poterant in futurum penitus excluderentur et ipsae res absque alicujus contradictione subtractioneve aut deminoratione in ditionem beati Martini nostris et futuris temporibus sub nostrae tuitionis defensione et immunitatis auctoritate sicut caeterae res ejusdem ecclesiae inrefragabiliter possiderentur. Praecipientes ergo jubemus ut nullus ex fidelibus sanctae Dei ecclesiae et nostris, praesentibus scilicet et futuris, de praedictis rebus aliquam inquietudinem aut contrarietatem rectoribus beati Martini aut earum procuratoribus facere praesumat, sed liceat eas per hoc nostrae confirmationis et auctoritatis praeceptum sub genitoris nostri et nostra ac successorum, Deo annuente, nostrorum per futura tempora pleniter absque alicujus contrarietate ad supplendas in vestimentis fratrum ibidem degentium necessitates quiete ac perpetim possidere. Nullus etiam minister publicus aut quilibet judiciaria potestate praedictus ad causas ibidem audiendas ingredi aut freda exigenda vel tributa seu mansionaticos aut paratas vel ullas redibitiones exigere aut accipere praesumat, sed quicquid de saepedictis rebus exigi aut haberi poterit, totum propter emolumentum animae nostrae ad vestimenta fratrum ornanda per hanc nostrae confirmationis auctoritatem pleniter cedat. Et ut haec a fidelibus sanctae Dei ecclesiae et nostris verius credatur, diligentius conservetur, manu propria subter firmavimus et anuli nostri impressione signari jussimus.

Signum (Monogramma) Pippini regis.

(Chrismon). Saxbodus diaconus ad vicem Aldrici recognovi et s. (Signum recognitionis).

Data VI idus martii, anno XV imperii domni Hludowici serenissimi augusti et XIIII regni nostri. Actum in Aquisgrani palatio. In Dei nomine, feliciter. Amen.


Localisation de l'acte

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