847, 25 juillet. — « Fariaco brigilo. ».

Pépin II, à la prière de l'archevêque Heti, restitue et confirme à l'église métropolitaine de Saint-Pierre de Trèves ses biens situés dans le royaume d'Aquitaine, savoir Chanzelle en Auvergne et « Ebrizania » en Limousin.

Référence : Léon Levillain et Maurice Prou (éd.), Recueil des actes de Pépin Ier et de Pépin II rois d'Aquitaine (814-848), Paris, 1926, no54.

A. Original perdu.

B. Copie de la première moitié du xive s., dans le Cartulaire de l'église de Trèves appelé « le petit Balduineum », fol. 56, Königliches Staatsarchiv de Coblenz.

C. Copie de la première moitié du xive s., dans le Cartulaire de l'église de Trèves appelé « le Balduineum à peintures », fol. 47 v°, Königliches Staatsarchiv de Coblenz.

D. Copie de la première moitié du xive s., dans le Cartulaire de l'église de Trèves appelé « le Balduineum sans peintures », fol. 51, Königliches Staatsarchiv de Coblenz.

a. Heinrich Beyer, Leop. von Eltester und Adam Görz, Urkundenbuch zur Geschichte der jetzt die Preussischen Regierungsbezirke Coblenz und Trier bildenden mittelrheinischen Territorien, t. I, Mittelrheinisches Urkundenbuch, par H. Beyer, p. 85, n° 78, « ex littera putrefacta in Balduineo ».

Indiqué : Kreglinger, dans le Compte rendu des séances de la Commission royale d'histoire de la Belgique, t. IV, p. 147, d'après D.

Indiqué : Beyer, von Eltester und Görz, ouvrage cité sous la lettre a, t. II, p. 592, n° 103.

Indiqué : Adam Görz, Mittelrheinische Regesten, t. I, p. 164, n° 571.

Indiqué : A. Wauters, Table chronologique des chartes et diplômes concernant l'histoire de la Belgique, t. I, p. 221.

Indiqué : R. Giard, Catalogue, n° 40.

Ce diplôme a été longtemps considéré comme un faux parce que, depuis Papenbroeck et Mabillon, on l'attribuait à Pépin le Bref. Kreglinger encore, datant cette charte de 761, la trouvait « fort singulière ». Mais Beyer l'a restituée à son véritable auteur, et l'authenticité du document n'a plus été mise en doute.

Dans une note de leurs Regestes, Beyer et Görz ont observé avec raison que l'archevêque Heti mourut le 27 mai 847 et que cependant le diplôme doit être daté du 25 juillet 847 à cause de la concordance de la neuvième année du règne de Pépin II avec la dixième année indictionnelle. Comme la teneur de l'acte expose expressément que l'archevêque était venu en personne auprès du roi solliciter la restitution des biens de son église situés en Aquitaine, il faut admettre que le diplôme fut expédié quelques mois au moins après que le roi eut accordé la requête d'Heti.

Cet acte fut utilisé à la fin du xe siècle par le faussaire qui a forgé le prétendu diplôme de Pépin le Bref pour l'église de Trèves et qui lui a, fort heureusement pour nous, emprunté, avec la souscription du roi et la formule de la date (en conservant même l'année du règne), la souscription de la chancellerie : c'est par l'unique voie de ce faux que nous est parvenu le nom du notaire qui avait reconnu et souscrit notre diplôme, Joseph. Nous nous sommes servis de ce document pour compléter sur ce point nos copies.


Pippinus, divine ordinante majestatis gratia, Aquitanorum rex. Si peticionibus servorum Christi maximeque eorum quorum provisu catholica consistit ecclesia assensum prebemus, non temporaliter tantum ad presens nostri sed etiam ad adipiscendam eterne glorie coronam pertinere non diffidimus. Quapropter noverit experientia omnium sancte Dei ecclesie fidelium nostrorum, videlicet presentium sive futurorum, quia, dum res sanctorum ad Franciam pertinentes more omnium regum praecedentium, videlicet parentum nostrorum, juste ac legaliter redderemus, quidam venerabilis Heti, archiepiscopus Treverice sedis, fastigia culminis nostri adiens deprecatus est ut et res sue sedis, videlicet sancti Petri principis apostolorum, infra terminos regni nostri sitas redderemus et eadem auctoritatem nobis genitoris nostri atque genitricis mercedem fieri juberemus per quam omnibus seculi diebus inibi deserviendo perpetualiter permansissent. Cujus peticioni favorabili clementia assensimus utpote Dei servo juste petenti. Unde hos nostre magnitudinis regales apices fieri decrevimus, per quos rata inviolabilisque omnibus seculis ejus maneat petitio, id est, revestimus ecclesiam sancti Petri principis apostolorum Treverice sedis ex rebus omnibus quas in Aquitania largientibus bonis hominibus habere videtur, hoc est Canzillam in pago Arvernico et Ebrizaniam in pago Limosincino, cum eorum omnibus pertinentiis vel adjacentiis ; et quicquid sanctus Petrus, princeps apostolorum, Treverice sedis, infra terminos regni nostri de suis rebus habere videtur, totum et ad integrum ei reddimus atque ex nostra auctoritate confirmamus, quatinus, dum regnum steterit, eadem res ibi permaneant deserviendo, nullusque fidelium nostrorum eas inde tollere aut subtrahere presumat neque in sua dicione retinere, sed ut antiquitus ita inviolabiliter ibi omni tempore sine ulla dilacione. Hec quoque precellentie nostre auctoritas ut semper in Dei nomine majorem obtineat firmitatis rigorem et ab omnibus melius diligentiusque conservetur, monogramma nostrum inserere curavimus ac de anuli nostri impressione insigniri subter jussimus.

Signum Pippini precellentissimi regis. Joseph subdiaconus ad vicem Wulfardi recognovit.

Data VIII kal. augusti, indictione X, anno IX regnante Pippino inclito rege. Actum Fariaco brigilo. In Dei nomine, feliciter. Amen.