845 [14-24 décembre].

Pépin II, à la prière de Galterius, abbé de Saint-Chaffre en Velay, confirme le diplôme de son grand-père Louis le Pieux portant donation à l'abbé Bodo et à ses moines du monastère lui-même qu'il tenait du comte Berengarius, et le diplôme de son « patronus » et oncle Charles le Chauve confirmant un privilège d'immunité de son père Louis le Pieux, renonce aux droits du fisc, accorde aux moines l'autorisation d'ouvrir, le jeudi, près de l'église de Saint-Jean, un marché franc, et leur abandonne les droits du fisc et du comte sur ce marché, confère au prieur de l'abbaye le droit de contrainte dans ledit marché, concède aux moines la libre élection de leur abbé à charge de prières pour lui et les siens et pour la stabilité du royaume.

Référence : Léon Levillain et Maurice Prou (éd.), Recueil des actes de Pépin Ier et de Pépin II rois d'Aquitaine (814-848), Paris, 1926, no51.

A. Original perdu.

B. Copie du xviie s., Bibliothèque nationale, ms. lat. 5456A, p. 13, d'après le Liber de reparatione chartarum appelé vulgairement Le Livre Rouge de la fin du xie s.

C. Copie du xviie s., Bibliothèque nationale, ms. lat. 11897 (Anecdota, XII), fol. 96, sans indication de source, mais d'après Le Livre Rouge.

D. Copie de l'an 1676, par Dom Estiennot, Bibliothèque nationale, ms. lat. 12765, p. 57, sans indication de source, mais d'après la même source qu'E.

E. Copie du xviiie s., Bibliothèque nationale, Collection de Languedoc, vol. 74, fol. 192, « ex veteri chronico abbatiae d. Theofredi c. m. l. Cod. ejusdem abbatiae appelé le Livre Rouge ».

F. Copie du xviiie s., Gallia christiana, t. II, instrumenta, col. 257, « ex chartario S. Theofredi ».

G. Copie du xviiie s., pour Dom Bouquet Bibliothèque nationale, ms. fr. nouv. acq. 22210, fol. 160, d'après F.

a. Gallia christiana. Voir ci-dessus, sous la lettre F.

b. Dom Devic et Dom Vaissète, Histoire générale de Languedoc, 1re édition, t. I, preuves, p. 93, n° lxix.

c. Dom Bouquet, Recueil des historiens de la France, t. VIII, p. 357, n° iv, d'après b.

d. Acta sanctorum Bollandiana, octobre, t. VIII, p. 251, d'après b.

e. Dom Devic et Dom Vaissète, Histoire générale de Languedoc, commentée et continuée par M. le Chev. Alex. du Mège, t. II, preuves, p. 639, n° lxix, d'après b.

f. Dom Devic et Dom Vaissète, Histoire générale de Languedoc, édition Privat, t. II, preuves, p. 269, n° 128, d'après b.

g. U. Chevalier, Cartulaire de l'abbaye de Saint-Chaffre du Monastier, p. 20, d'après BCDE.

Indiqué : Georgisch, Regesta chronologico-diplomatica, t. I, col. 108, n° 8.

Indiqué : Bréquigny, Table chronologique, t. I, p. 218.

Indiqué : Böhmer, Regesta Karolorum, n° 2088.

Indiqué : R. Giard, Catalogue, n° 37.

Ce diplôme ne soulève aucune controverse ; il est très certainement authentique. Mais il nous est parvenu sans sa date propre, dont deux éléments seulement ont été retenus par le moine qui a dressé le Livre Rouge : l'année du règne et l'indiction, toutes les deux exprimées par le nombre VIII. La huitième année du règne de Pépin II s'étend du 14 décembre 845 au 13 décembre 846. La huitième indiction correspond bien à l'année 845 ; mais pour qu'entre les deux données chronologiques il y ait concordance il faut admettre que, pour ce diplôme, la chancellerie a fait usage de l'indiction romaine commençant au 25 décembre.

L'attribution de notre document à la période comprise entre le 14 et le 24 décembre 845 présente un intérêt historique assez grand : elle rend compte à la fois et de la démarche de l'abbé Galterius auprès du jeune roi d'Aquitaine, et de la qualification de « patronus » que Pépin II donne à son oncle Charles le Chauve. On était en quelque sorte au lendemain de la convention de Saint-Benoît-sur-Loire par laquelle Charles le Chauve avait donné à son neveu le gouvernement de l'Aquitaine, tout en conservant sur le royaume aquitanique une véritable suzeraineté. « Alors ceux des Aquitains qui, jusqu'alors, avaient été du parti de Charles s'empressèrent de se tourner vers Pépin », nous disent les Annales de Saint-Bertin ; et au mois de novembre, Loup de Ferrières apprenait que « ceux qui s'étaient naguère séparés de Pépin II revenaient à lui ». Notre diplôme nous montre que l'abbé Galterius de Saint-Chaffre et ses moines étaient du nombre de ces Aquitains qui avaient reconnu l'autorité de Charles le Chauve et qui se ralliaient à la cause de Pépin II sans commettre le crime d'infidélité envers le souverain que le roi d'Aquitaine proclamait son suzerain, son « patronus ».


Pipinus, opitulante divinae majestatis gratia, rex Aquitanorum. Si erga loca divinis cultibus mancipata beneficia opportuna largimur propter amorem vitae eorum qui sibi famulantur in eisdem locis, praemium nobis apud ipsam divinam clementiam aeternae remunerationis rependi confidimus. Noverit interea sagacitas prudentiae omnium fidelium nostrorum, tam praesentium quam futurorum, quia veniens vir venerabilis Galterius, abbas ex coenobio quod dicitur Calmilius et est situm in pago Vellaico, constructum in honore beati Petri principis apostolorum et sancti Theofredi, ubi ipse corpore quiescit, obtulit obtutibus nostris auctoritatem conscriptam in qua erat insertum quod ipsum locum Berengarius comes domino Ludovico piissimo caesari augusto, avo nostro, ad habendum in proprium obtulerat, et ipse postmodum pius caesar ob perpetuae vitae meritum monachis in eodem loco degentibus et venerabili Bodoni abbati, hujus scilicet Galterii antecessori, eorumque successoribus ad gubernandum atque peremne regulariter vivendum jure proprio tradidit ac consignavit. Obtulit etiam reverendam patroni nostri Karoli regis invictissimi auctoritatem, nostri videlicet avunculi, qualiter ipsum locum sanctum semper regaliter, veluti pater illius domnus Hludowicus imperator, sicut dictum est, olim fecerat, sua defensione atque mundeburdo recepit immunitatisque tuitione. Ideoque, pro studio firmitatis, praefatus abbas Galterius deprecatus est ut praedictum monasterium cum omnibus rebus ad eum moderno tempore jure pertinentibus, sicut alii reges egerunt, ita et nos eorum sequentes memoriam sub nostra reciperemus defensione atque immunitatis tuitione. Cujus precibus libenter acquievimus eique quod petebat concessimus atque per hoc praeceptum confirmavimus, per quod praecipimus atque jubemus ut nullus judex publicus nec quislibet ex judiciaria potestate aut ullus ex fidelibus nostris in ecclesiis aut locis vel agris seu quibuslibet possessionibus, quas nunc juste ac legaliter infra ditionem regni nostri possidet vel quae deinceps in jure ipsius monasterii divina pietas concesserit augeri, ad causas audiendas vel freda exigenda sive paradas faciendas aut homines tam ingenuos quam servos super terram praedicti monasterii commanentes distringendos aut ullas redhibitiones aut illicitas occasiones requirendas contra praeceptionem nostram facere audeat vel ea quae supra memorata sunt penitus exigere praesumat. Quicquid etiam de praefatis rebus monasterii jus fisci exigere poterat, pro aeterna remuneratione totum eidem concedimus monasterio ut omni tempore in alimonia pauperum et stipendia monachorum ibidem Deo famulantium proficiat in augmentum. Concedimus etiam hoc quo magis locus ipse publicetur cunctisque crescat in augmentum ut, sicut in aliis locis ejusdem regionis aggregantur agunturque mercata, sic et in jamdicto loco juxta ecclesiam sancti Johannis praesentibus ac futuris temporibus Va feria mercatum agatur, nec ab ullo comite vel misso comitis ex ipso aliquid exigatur, nec quislibet homo in eodem mercato ab illis distringatur ; sed quicquid exinde fiscus noster vel comes habere poterat, pro aeterna remuneratione totum eidem ecclesiae concedimus. Quod si quislibet reus in eodem mercato repertus fuerit, a nemine distringatur nisi prior, quicumque fuerit in eodem loco, licentiam dederit vel certe criminosi ex ipso mercato foras fuerit expulsio. Quando vero praefatus abbas Galterius ex hac vita migraverit, si tales inter se invenerint qui eos secundum regulam sancti Benedicti regere valeant, per hanc nostram auctoritatem licentiam habeant eligendi abbates, quatenus monachos ibi degentes, pro nobis nostrorumque salute vel pro stabilitate regni nobis a Deo concessi, ejus misericordiam jugiter exorare delectet. Ut autem haec nostra semper auctoritas maneat inconvulsa, monogramma nostrum inserere curavimus ac de annuli nostri impressione insigniri subter jussimus.

Signum Pipini (Monogramma) praecellentissimi regis.

Anno regnante VIII, indictione VIII.