845 – 848, 18 janvier. — Orgnac.

Pépin II donne à l'église de Saint-Étienne de Limoges que gouverne l'évêque Stodilus deux domaines situés en Limousin, savoir le fisc d'Auziat et la « villa » d'« Orzil », celle-ci telle que l'avait tenue Bertinus en vertu de la concession à lui faite par Pépin Ier.

Référence : Léon Levillain et Maurice Prou (éd.), Recueil des actes de Pépin Ier et de Pépin II rois d'Aquitaine (814-848), Paris, 1926, no57.

A. Original perdu.

B. Copie de l'an 1675, par Dom Estiennot, dans ses Fragmenta historiae Aquitanicae, t. I, Bibliothèque nationale, ms. lat. 12763, p. 45, « ex originali Lemovicensi et schedis vener. R.P. Bonaventura a S. Amabili carmelitae discalceati ».

C. Copie de l'an 1769, par Dom Col, Recueil des archives de la province du Limousin, t. I, Bibliothèque nationale, ms. lat. 9193, p. 198, « ex cartul. Ecclesiae Lemov., fol. 45 v°, Dipl. 80 ».

D. Copie du xviiie s., par le même, Bibliothèque nationale, Collection Moreau, vol. 1, fol. 169, d'après les « Archives de l'église de St Estienne de Limoges, ex cartul. eccles. Lemov., fol. 45 v°, Dipl. 80 ».

E. Copie du xviie s., par André Du Chesne, Bibliothèque nationale, Collection Baluze, vol. 41, fol. 86, « ex chartulario S. Stephani Lemovic. ».

F. Copies du xviie s., par Jean Besly, Bibliothèque nationale, ms. lat. 60072, 3e partie, fol. 12 et 15, « ex tabulario Lemovicensi ».

G. Copie du xviiie s., dans la Gallia christiana, t. II, instrumenta, col. 165, « ex chartario ecclesiae Lemovicensis ».

H. Copie du xviie s., en forme d'extrait, par Dom Estiennot, dans ses Fragmenta historiae Aquitanicae, t. II, Bibliothèque nationale, ms. lat. 12764, p. 153, « ex ms. cod. S. Stephani Lemov. ».

I. Copie de la fin du xviie s., par De Camps, Bibliothèque nationale, Collection De Camps, vol. 103, fol. 70, fragment, « ex chartulario ecclesiae Lemovicensis ».

a. Jean Besly, Roys de Guyenne, appendice, p. 25 et 28, d'après F.

b. Gallia christiana. Voir ci-dessus, sous la lettre G.

c. Dom Bouquet, Recueil des historiens de la France, t. VIII, p. 358, n° v, d'après a.

Indiqué : Dom Bouquet, [Catalogue manuscrit des diplômes de 775 à 987], Bibliothèque nationale, ms. fr. nouv. acq. 22211, fol. 250 v°, ann. 822.

Indiqué : Le Cointe, Annales ecclesiastici Francorum, t. VIII, p. 523, avec une discussion de la date.

Indiqué : Bréquigny, Table chronologique, t. I, p. 219.

Indiqué : Böhmer, Regesta Karolorum, n° 2089.

Indiqué : R. Giard, Catalogue, n° 38.

Nous avons dans B une source qui nous est présentée, en dernière analyse, comme une collation à l'original d'une transcription par Dom Estiennot de la copie prise par Bonaventure de Saint-Amable sur ce même original : les hésitations de lecture que révèlent corrections ou exponctuations, les omissions de mots, des points de suspension paraissent bien établir que Dom Estiennot a eu entre les mains un document ancien en mauvais état, dont le parchemin était déchiré ou rongé et dont l'écriture était à demi effacée. Nous pouvons douter cependant que ce fût là un original, à ne considérer que l'ordre des souscriptions du roi et du notaire et la place du monogramme dans B. Toutefois nous observons non seulement que Saint-Amable pouvait être un copiste peu fidèle, mais encore que Dom Estiennot est certainement sujet à caution : aussi, ne possédons-nous pas dans ces interversions un critérium suffisant pour refuser d'admettre que le Carme déchaux et le Bénédictin aient connu A.

Il est certain que le modèle dont ces deux savants disposaient était distinct du Cartulaire dont dérivent toutes les copies autres que B, car B offre quelques leçons et un monogramme qui sont meilleurs que ceux du Cartulaire. D'autre part, le texte de B est plus court que celui des autres copies. Faut-il croire que le Cartulaire contenait un texte interpolé ? Dom Estiennot qui a connu cette source (voir H), et qui en a analysé la teneur au moyen d'extraits, nous informe qu'il a donné le diplôme intégralement dans B ; mais il ne signale pas que le texte du Cartulaire est plus long que celui de son modèle antérieur. S'il y a interpolation, la donation faite par le roi n'aurait pas été aussi étendue, et elle n'aurait pas comporté un droit de propriété tel que l'évêque de Limoges eût pu tenir le fisc d'Auziat et la « villa » d'« Orzil » « sicut sua pastorali cura reliquas ipsius episcopii tenet ». Mais combien cela paraît spécieux et subtil ! Dans l'impossibilité où nous nous déclarons être de trouver une raison sérieuse de douter de ce passage final, comme d'établir que l'affirmation de Dom Estiennot est inexacte et que B est incomplet, nous publions le texte le plus étendu en séparant du reste de la teneur par un astérisque la partie contestée afin d'attirer, par cet artifice d'imprimerie, l'attention des érudits sur cette difficulté que seuls, croyons-nous, les historiens de l'église de Limoges pourront trancher, si elle peut l'être.

La date ne laisse pas d'être assez embarrassante. Non seulement l'indiction et l'année du règne sont discordantes, la première donnant 845 et la seconde 846, mais encore ces deux éléments paraissent être en contradiction avec la souscription de chancellerie : le chancelier Hilduinus a succédé au chancelier Gulfardus qui était en fonctions encore en mai et juillet 847. Faut-il admettre qu'il y ait eu deux Hilduinus chanceliers de Pépin II à deux ans de distance, ou que le chancelier de 846 ait repris ses fonctions en 848 après une interruption de ses fonctions ? Sinon, notre diplôme ne devrait être que du 18 janvier 848. L'hypothèse que notre diplôme pourrait être un faux dont toutes les formules avec la souscription de chancellerie auraient été empruntées à un diplôme du 18 janvier 848 dont on aurait altéré la date d'année, est gratuite. Enfin, la conjecture que l'acte, rédigé et daté en 845 ou 846, n'aurait été souscrit par la chancellerie et expédié qu'en 848 est aussi peu vraisemblable ici que l'hypothèse analogue dans le cas du diplôme de Pépin Ier pour Heccardus, et pour les mêmes raisons (Voir ci-dessus, n° XXXI). Comme pour ce diplôme de Pépin Ier, nous croyons sage de tenir compte, pour le classement du document dans la série des actes de Pépin II, de toutes les données du problème sans choisir entre elles. Mais alors, nous observons que le notaire Joseph, qui se qualifie de « levita », c'est-à-dire de diacre dans le diplôme pour Solignac du 26 février 848 (Voir ci-dessous, n° LIX), ne prend ici que la qualité de sous-diacre : la date de jour, 18 janvier, peut convenir à sa souscription en 848. Notre document sera donc mis sous la date imprécise de 845-848, 18 janvier.


Pipinus, opitulante divinae majestatis gratia, Aquitanorum rex. Si enim locis omnipotenti Deo dicatis ob ardentissimum ejus amorem veneratumque suorum omnium sanctorum quoddam ex nostra largitione honoris conferimus, non tempora tantum, Christo auspice, plenius regni nostri gubernacula credimus exaltari, sed, ipso suffragante, futurae beatitudinis praemium non diffidimus adipisci. Idcirco noverit omnium sanctae Dei ecclesiae catholicorum, tam praesentium quam et futurorum, industria quia complacuit celsitudini nostrae, more praedecessorum, nostrorum scilicet parentum regum, qui suis temporibus Dei ecclesias meritis sanctorum donis suis exaltaverunt ac ornaverunt, unde hodie perenni gloria fruuntur, quendam gloriosissimum sanctum videlicet protomartyrem Stephanum Lemovicae sedis, cujus rector sive pontifex venerabilis adeo nobis dilectissimus Stodilus noscitur fore, ut ipsum semper mereamur in cunctis habere propitium absolutique omnibus reatibus transire post discessum sine impedimento valeamus ad indefectivam gloriam, de quibusdam regni nostri rebus honorare atque in ejus juris dominationem liberalitatis nostrae gratia transferre, id est per hos nostrae magnitudinis regales apices concessimus gloriosissimo protomartyri sancto Stephano fiscum nostrum in pago Lemovicino situm, qui vocatur Oziacus, cum omnium rerum summa plenitudine, mancipiis utriusque sexus, campis, vineis, sylvis, pratis, pascuis, quaesito et acquirendo, culto ac inculto. Concessimus etiam ob venerandam ipsius sancti magnificentissimam paternitatem in eodem pago ac concedendo jugis saeculis donavimus villam quae vocatur Orzil, quantum genitoris nostri, videlicet bonae memoriae Pipini regis, concessione Bertinus in eadem habuit villa, cum sua omni integritate omnibusque appendiciis vel adjacentiis. * Utrumque tamen et fiscum Oziacum integerrime sive villam Orzil plenissime a die praesente beatissimo donavimus prothomartiri Stephano Lemovice sedis ut nostris diebus pax in nostro permaneat regno, a Deo nobis conlato, ac consorcio sanctorum post finem mereamur laetitiaque sempiterna frui, ipso adjutore, atque solemni donatione transtulimus eo tenore ut prefatus venerantissimus ejusdem sedis antistes, nomine Stodilus, easdem villas, sicut sua pastorali cura reliquas ipsius episcopii tenet, teneat causa debiti muneris atque iterum sequentes per plura pontifices.

Ut autem haec nostrae praecellentiae auctoritas inviolabilis sive inconcussa omni tempore maneat, monogramma inserere curavimus ac de anuli nostri impressione insigniri subter jussimus.

Signum Pipini (Monogramma) praecellentissimi regis.

Joseph subdiaconus ad vicem Hilduini recognovi.

Data XV kalend. februarii, indictione VIII, anno VIII regnante Pipino inclyto rege. Acta Oriniaco villa. In Dei nomine, feliciter. Amen. (Notae : Deo gratias). AMHN.


Localisation de l'acte

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