881, mai. — Pierrefitte.
Carloman, à la prière de l'évêque Gautier, restitue à l'église Sainte-Croix d'Orléans les « villae » du Chautay et de « Pauliacum », sises en Berry ainsi que celles de Germigny et de Marzy, sises en Nivernais, sous condition d'affectation à l'entretien des chanoines et il ordonne de payer à cette église les nones et les dames.
A. Original perdu.
B. Copie du xviiie s., par Polluche, Bibliothèque d'Orléans, ms. 552, p. 271, d'après A.
C. Copie du xviiie s., Bibliothèque nationale, Collection Moreau, vol. 2, fol. 198, d'après A.
D. Copie du xviiie s., Bibliothèque nationale, Collection de Picardie, vol. 177bis, fol. 89 v°, d'après A.
E. Copie du xviie s., par Baluze, Bibliothèque nationale, Collection Baluze, vol. 78, fol. 20 (anc. p. 33), d'après le Cartularium vetus de l'église d'Orléans, aujourd'hui perdu, fol. 22 v°, n° XXXVII.
F. Copie du xviie s., par André Du Chesne, Bibliothèque nationale, Collection Du Chesne, vol. 49, fol. 411, d'après la même source.
G. Copie du xviie s., par Le Cointe, Bibliothèque nationale, ms. lat. 17674, fol. 171, d'après la même source.
H. Copie de la fin du xviie s., Bibliothèque nationale, ms. lat. 11897 (Anecdota, t. XII), fol. 150, d'après a.
a. Baluze, Capitularia regum Francorum, éd. de 1677, t. II, col. 1508, d'après le Cartularium vetus.
b. Recueil des historiens de la France, t. IX, p. 419, n° III, « ex autographo ».
c. J. Thillier et E. Jarry, Cartulaire de Sainte-Croix d'Orléans, p. 72, n° 37, d'après B et a.
Indiqué : Bréquigny, Table chronologique, t. I, p. 327.
Indiqué : Böhmer, Regesta, n° 1851.
Indiqué : Grat, Catalogue, n° 41.
Le préambule du précepte de Carloman reproduit celui qui avait été inauguré à la chancellerie de Charles le Chauve par le diacre Folchricus (Recueil des actes de Charles le Chauve, t. III, p. 71-73). D'autres expressions rappellent les habitudes rédactionnelles de ce notaire, en particulier le per supervenientia tempora de la formule de corroboration. Pour se convaincre de ces analogies, il suffira de rapprocher le texte ci-dessous de celui de deux préceptes originaux de restitution intitulés au nom de Charles le Chauve et souscrits par Folchricus (Recueil, t. I, p. 515, n° 202, et p. 544, n° 216). D'autre part la formule de dévotion du diplôme de Carloman misericordia Dei au lieu de gratia Dei étant celle qu'employait la chancellerie de Louis le Bègue, on est autorisé à penser que le cadre formel de ce précepte a été emprunté à celui d'un diplôme perdu de Louis le Bègue, qui pourrait être notre n° 40, lequel aurait reproduit lui-même celui d'un précepte perdu de Charles le Chauve (Recueil, t. II, p. 504, n° 449). Le précepte de Charles le Chauve devrait être daté soit de 859, la seule année au cours de laquelle se soit manifestée l'activité de Folchricus, soit d'une année postérieure, les habitudes de Folchricus ayant pu se transmettre à ses successeurs. — A l'intérieur de ce cadre venu d'ailleurs, le texte est gauchement rédigé. Quant à l'allusion aux nones et dîmes qui doivent être payées à l'église d'Orléans par tous (?) ou seulement par les détenteurs des villae usurpées, elle est introduite de telle façon que la construction est peu compréhensible. On peut cependant noter qu'à partir de ce précepte de Carloman, tous les actes royaux pour Sainte-Croix comportent une clause relative aux nones et aux dîmes : une interpolation sur ce point ne serait pas invraisemblable (voir à ce sujet R.-H. Bautier, Recueil des actes d'Eudes, n° 30 bis, p. 135-138).
Nous avons établi le texte d'après les copies faites directement ou indirectement sur l'original. Celles qui dérivent du cartulaire se font remarquer par le rejet de la souscription de chancellerie après la date, par la graphie Galterus ou Gualterius au lieu de Walterius et par des altérations du nom de Norbertus.
Texte établi d'après BCD et b :
In nomine sanctae et individuae Trinitatis. Karlomannus misericordia Dei rex. Quicumque regiae dignitatis culmine efferri desiderat merito eum prae oculis semper habere debet cujus gratia praefertur. Igitur noverit omnium sanctae Dei Ecclesiae fidelium nostrorumque, tam praesentium quam et futurorum, sollertia quia nos ubique res ecclesiasticas plus quam omnes vitae nostrae actus evehere atque augmentari gaudemus. Quapropter placuit celsitudini nostrae cuidam sanctae matri ecclesiae Aurelianorum, quae est in honore sanctae ac vivificae Crucis, cui etiam auctore Deo praeesse dinoscitur Walterius venerabilis praesul, ad ipsius quoque deprecationem, restituendo reddere ac reddendo restituere quandam villam in integro nomine Caltesium, sitam in pago Biturico, sive etiam Pauliacum in eodem pago continentem, sive et Germiniacum necnon etiam alteram villam quae vocatur Marsiacus in pago Nivernensi ad eundem Caltesium pertinentem, cum omnibus ad se pertinentibus vel aspicientibus longe vel prope positis et familia utriusque sexus, quae villae olim distractae esse noscuntur ab eadem ecclesia per incuriam et malivolorum hominum violentiam, ob restitutionem tamen, quia, Deo inspirante, nostris erant temporibus reintegrandae. Nonarum decimarumque vestituram absque ullius detractione aut inquietudine praefata sancta mater ecclesia semper obtineat. Unde hoc celsitudinis nostrae praeceptum fieri atque ob emolumentum mercedis animae nostrae et aeternorum renumerationem praemiorum, pro remedio quoque domni et genitoris nostri Hludovici et sanctae recordationis avi nostri Karoli imperatoris jam dicto venerabili episcopo atque praefatae sanctae matri ecclesiae reddi jussimus, per quod memoratas villas cum omnibus sibi pertinentibus rebus integerrime praenotatae sanctae matri ecclesiae perenniter mancipandas delegando reddimus ac reddendo delegamus, eo videlicet modo ut idem venerabilis praesul fratribus sibi commissae ecclesiae, videlicet sanctae Crucis, easdem villas in sui victus stipendium propria et libentissima voluntate, ipso hoc nostram celsitudinem deprecante, praesentibus futurisque temporibus absque ullius inquietudine delegare studeat. Praecipientes quoque decernimus et indissolubiliter sancimus ut nemo successorum nostrorum alicujus argumenti machinatione illectus praefatas res quas modo liberalitatis nostrae munificentia praefatae ecclesiae et memorato praesuli suaeque ecclesiae canonicis confirmando unimus, abstrahere ab ejusdem ecclesiae potestate audeat vel quolibet occasionis obtentu violare ullo modo praesumat, sed liceat rectoribus jam dictae matris ecclesiae sanctae Crucis in usus fratrum easdem res quiete tenere et, nemine inquietante, perpetualiter possidere. Et ut haec nostrae confirmationis atque restitutionis auctoritas pleniorem in Dei nomine per supervenientia tempora obtineat vigorem, manu propria subter firmavimus et anuli nostri inpressione jussimus adsignari.
Signum (Monogramma) Karlomanni gloriosissimi regis.
Norbertus notarius ad vicem Vulfardi recognovit et subscripsit.
Actum apud villam Petramfictam anno tertio regni Karlomanni gloriosissimi regis in mense maio, indictione XIIII.