884, 23 août. — Verberie.

Carloman, à la requête de Hugues l'Abbé, confirme à l'impératrice Engilberge, veuve de l'empereur Louis II, les donations qui lui ont été faites, ainsi que la libre disposition de ses biens, et frappe tout contrevenant d'une amende de cent livres d'or dues, moitié au fisc, moitié à la partie lésée.

Référence : Félix Grat, Jacques de Font-Réaulx, Georges Tessier et Robert-Henri Bautier (éd.), Recueil des Actes de Louis II le Bègue, Louis III et Carloman II, rois de France (877-884), Paris, 1978, no78.

A. Original perdu.

B. Copie du xiiie s., Archives de l'État à Parme, fonds de l'abbaye de S. Sisto de Plaisance.

a. A. Fanta, Unedirte Diplome, II, dans Mittheilungen des Instituts für oesterreichische Geschichtsforschung, t. V, p. 399, d'après B.

b. U. Benassi, Codice diplomatico parmense, p. 182, d'après B.

Indiqué : Grat, Catalogue, n° 62.

Le précepte dont on lira ci-dessous le texte s'insère au milieu d'un dossier constitué en grande partie par des originaux et conservé aux Archives d'État de Parme, dans le fonds de l'abbaye de S. Sisto de Plaisance, fondée par Engilberge. Les passages imprimés en petits caractères sont apparemment empruntés à un diplôme original de Charles le Gros en date du 23 mars 880 (P. Kehr, Diplomata regum Germaniae ex stirpe Karolinorum, t. II, n° 22, p. 36-38). Charles le Gros s'y réfère à des préceptes antérieurs de son cousin l'empereur Louis II, de son père Louis le Germanique et de son frère Carloman. P. Kehr remarque à ce propos (loc. cit., p. 37) qu'aucun des diplômes antérieurs connus, expédiés en faveur d'Engilberge, n'a été utilisé par le rédacteur de celui de Charles le Gros. Le même Charles le Gros devait renouveler sa confirmation le 17 avril 882 (P. Kehr, op. cit., n° 56, p. 95-97) et, une seconde fois, à la suite de contestations dont Engilberge avait été la cible le 11 août 887 (ibid., n° 166, p. 268-270). Dans ce dernier diplôme, il est fait allusion à un précepte perdu de Charles le Chauve qui n'a pas été mentionné dans le Recueil des actes de ce roi. Engilberge se plaint des revendications qui lui sont opposées « ex rebus suis quas a suo domino et conjuge... Hludovico consobrino nostro [Louis II] adquisivit necnon et a genitore [Louis le Germanique], patruo quoque [Charles le Chauve] et a germano nostro Karromanno (sic) gloriosissimo rege [Carloman, fils de Louis le Germanique] et a nobis illi concessa et confirmata sunt... »

Cette confirmation pour Engilberge ne peut guère s'expliquer que s'il s'agit de biens situés en Provence. L'empereur Louis II avait, en effet, recueilli l'héritage de son frère Charles, roi de Provence, mort en 863, et il le tint jusqu'à son propre décès en 875. Depuis la défaite de Boson en 882, Carloman occupait cette région. On comprend d'autant mieux l'intervention de la vieille impératrice auprès de Carloman que sa propre fille, Ermengarde, n'était autre que la femme de Boson.


In nomine Domini Dei eterni et Salvatoris nostri Jhesu Christi. Karlomannus gratia Dei rex. Si fidelium nostrorum justis petitionibus aurem nostre serenitatis accommodamus eisque ad effectum pie petitionis prosperando producimus, ea nimirum agimus, unde stabilimentum res capiat publica et sanctorum promereantur suffragia. Qua de re notum esse volumus omnium sancte Dei Ecclesie nostrorumque fidelium, presentium scilicet ac futurorum, industrie, quod, adiens genua serenitatis nostre, illuster fidelis noster Ugo venerabilis abba, coram frequentia procerum primatumque nostrorum, humiliter petiit ut precepta Angelberge auguste, dive recordationis Hludowici piissimi imperatoris conjugis, tam ab eodem quam a reliquis regibus scilicet et imperatoribus sibi collata, precepto nostre auctoritatis confirmaremus. Cujus precibus, quia non injuste vise sunt, assensum dedimus, decernentes clementer et per hoc nostre altitudinis preceptum omnimodis sancientes ut universa que ille magnificus quondam Ludovicus prenominatus imperator, consobrinus noster, senior et vir ejus, ipsi qualicumque ingenio contulisse atque concessisse probatur, eodem ordine atque tenore, inrefragabiliter habeat, retineat atque dominetur, quedam videlicet dum aduixerit usufructuario et jure beneficiario, quedam vero perpetualiter possidendo et cui voluerit dimittendo, absque ullius contradictione vel diminutione seu injusta molestatione, non solum autem de his que a suo viro karissimo consobrino nostro obtinuit, verum etiam et de illis que ipsa sibi quocumque ingenio juste ac legaliter undecumque vel ex qualicumque ingenio acquisivit, liberam ei in cunctis facultatem tribuimus tam pro sua et senioris sui anima per loca venerabilia donandi quam et quidquid voluerit faciendi. Quicumque vero hec consobrini nostri nostraque statuta violaverit aut immutaverit et, quod non putamus, suprafatam augustam nobis amabilem de his que sibi tam ab imperatoribus, regibus et a nobis concessa et confirmata sunt, juxta votum proprium agere non permiserit aut ejus factum irritum fecerit, sciat se in futuro eterni judicis sententia puniendum et in presenti per hanc nostram auctoritatem c lib. auri probati pena multandum, quarum medietas fisco nostro exigetur et medietas ei cui injuste molestia fuerit facta persolvetur. Et ut hec nostre largitatis concessio pleniorem in Dei nomine obtineat firmitatem, hoc nostre auctoritatis preceptum inde conscribi mandavimus propriaque manu illud confirmantes annuli nostri impressione assignari precepimus.

Signum Karlomanni (Monogramma) gloriosissimi regis.

Norbertus notarius ad vicem Gauzlini recognovit et ss.

Dat. X° kl. septemb., anno VI° regnante Karlomanno gloriosissimo rege, indictione II. Actum aput Vermeriam publicum palatium. In Dei nomine feliciter. Amen.


Localisation de l'acte

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