[880 (juillet) – 884, 10 décembre.] (Sans doute : 880. novembre – 881, juillet).

Carloman confère le privilège de l'immunité au monastère de Charlieu fondé par l'évêque de Valence Ratbert et le confirme, à la prière dudit Ratbert, dans la possession des « villae » de Régny et de Saint-Nizier, qui lui ont été données par le roi Boson.

Référence : Félix Grat, Jacques de Font-Réaulx, Georges Tessier et Robert-Henri Bautier (éd.), Recueil des Actes de Louis II le Bègue, Louis III et Carloman II, rois de France (877-884), Paris, 1978, no85.

Précepte perdu, mentionné dans un diplôme de Philippe Auguste de 1180-1181 (éd. Delaborde, Recueil des actes de Philippe Auguste, t. I, n° 20, p. 28-30). Il est très possible qu'il y ait eu en réalité deux préceptes de Carloman, l'un conférant l'immunité au monastère de Charlieu, l'autre le confirmant dans la possession de Régny et de Saint-Nizier.

Ce diplôme ou ces deux diplômes n'ont pu être expédiés avant la première campagne contre Vienne dans l'été 880, l'évêque de Valence Ratbert ayant pris part le 15 octobre 879 à l'assemblée de Mantaille où Boson fut proclamé roi de Provence. On connaît d'autre part un diplôme de Boson en faveur de Charlieu, expédié le 2 décembre 879 (éd. Poupardin, Recueil des actes des rois de Provence, n° xviii, p. 33-35). Bien des sujets de Boson avaient fait défection avant et pendant pendant le siège de Vienne et avaient sollicité des diplômes de Carloman, comme l'avaient fait de nombreux Aquitains aux dépens de Pépin II pendant le siège de Toulouse par Charles le Chauve en 844. Nous en avons un exemple éclatant avec Augier (Adalgarius) qui, chancelier de Boson après l'élection de Mantaille, obtint de Carloman un diplôme dès le 30 novembre 880 (n° 49) et un autre exemple avec Geilo, abbé de Tournus puis évêque de Langres (nos 42 et 63). Au surplus, Carloman passa presque nécessairement par Charlieu soit pour remonter de Vienne et Lyon vers le Berry en novembre 880, soit pour redescendre de Pouilly-sur-Loire vers Lyon et Condrieu en juin-juillet 881. En tout état de cause, on s'étonne que Carloman ait en quelque sorte reconnu la souveraineté de Boson en laissant sa chancellerie lui donner le titre de roi, mais sans doute l'original comportait-il une périphrase. Le précepte par lequel Boson avait gratifié le monastère de Charlieu de Régny et de Saint-Nizier est perdu (Poupardin, op. cit., n° xxii, p. 43-44).


Texte du diplôme de Philippe-Auguste

... notum fieri volumus... quoniam adierunt serenitatem nostram Theobaldus, venerabilis abbas Cluniacensis, et Artaudus, prior Cari Loci, suppliciter flagitante, quatinus libertatem sive immunitatem quam excellentissimus predecessor noster Karlomannus, Francorum rex, ecclesie Kari Loci contulit, sicut in ejus privilegio continetur, auctoritate privilegii nostri Cluniacensi ecclesie confirmaremus... Statuimus etiam... ut... quascumque possessiones, quecumque bona idem monasterium inpresentiarum possidet... abbati Cluniacensi et priori prefati monasterii et fratribus ibidem constitutis... firma et illibata permaneant, in quibus hec propriis duximus exprimenda vocabulis : Regniacum cum pertinentiis suis, Sanctum Nicetium de Strata cum appendiciis suis, quas ecclesias et villas Boso rex dedit in elemosinam memorato Radberto episcopo et ecclesie Kari Loci, et idem Radbertus per preceptum supradicti Karlomanni sibi fecit confirmari.