849, 16 avril. — Quierzy.

Charles le Chauve confirme la donation faite par Vivien aux frères de Saint-Martin [de Tours] de la «villa» d'Antoigné, pour être affectée à leur habillement, la disposition antérieure affectant à leur nourriture des prestations fournies par ladite «villa» étant sauve; confirme également la limitation du nombre des frères à deux cents, vingt par table, et stipule qu'une fois leur nombre ramené à ce chiffre, il sera pourvu au remplacement de chaque frère décédé.

Référence : Arthur Giry, Maurice Prou, Georges Tessier et Ferdinand Lot (éd.), Recueil des actes de Charles II le Chauve, roi de France (840-860), Vol. 1, Paris, 1943, no113.

A. Original perdu.

B. Copie de l'année 1708, collationnée par Baluze à l'original, dans Titres et pièces justificatives produits au procès (Paris, Du Mesnil, 1708, in-fol.) [appendice à la Deffense des privilèges de la noble et insigne église de Saint-Martin de Tours], p. 3, Bibliothèque nationale, Imprimés, Réserve F 727.

C. Copie du xvie s., collationnée à l'original le 19 avril 1514 par Charles Pavillon, lieutenant du prévôt de Tours, Archives de la Vienne, G 8, n° 125, en réalité d'après la Pancarta nigra.

D. Copie de l'année 1721, par Jean Bouhier, Bibliothèque nationale, ms. lat. 17709, p. 58, n° 47, d'après une copie de la Pancarta nigra par André Du Chesne.

E. Copie du xviie s., Bibliothèque Laurentienne à Florence, ms. Ashburnham 1836 (anc. 1757), fol. 27, d'après la Pancarta nigra [fol. 17].

F. Copie du xviiie s., collationnée par Percier, conseiller maître à la Chambre des Comptes, Archives nationales, K 186, n° 17, sans indication de source.

G. Copie de l'année 1615, par Besly, Bibliothèque nationale, Collection Dupuy, vol. 828, fol. 82, d'après la Pancarta nigra [c. xiii, fol. 17, col. II].

H. Copie du xviie s., par André Du Chesne, Bibliothèque nationale, Mélanges Colbert, vol. 46, fol. 73, d'après la Pancarta alia.

I. Copie partielle de l'année 1643, par Dom François Lesueur, Bibliothèque nationale, ms. lat. 13898, fol. 58 v°, n° 30, d'après la Pancarta alia.

J. Copie du xive s., sur parchemin, autrefois scellée sur simple queue, Archives de la Vienne, G 8, n° 125, d'après la Pancarta nigra ou la Pancarta alia.

K. Extraits du xviie s., par Besly, Bibliothèque nationale, Collection Dupuy, vol. 841, p. 12.

a. Titres et pièces justificatives... (voir ci-dessus sous la lettre B).

b. Dom Martène, Amplissima collectio, t. I, p. 118 (1er mai 849), d'après l'une des Pancartes.

c. Recueil des historiens de la France, t. VIII, p. 500, n° lxxxiii (1er mai 849), d'après b.

d. Gallia christiana, t. XIV, instrumenta, p. 34, n° xxvii (1er mai 848), «e variis schedis».

Indiqué : Georgisch, Regesta, t. I, col. 111 (1er mai 849).

Indiqué : Bréquigny, Table chronologique, t. I, p. 227 (1er mai 849).

Indiqué : Böhmer, Regesta, n° 1697 (1er mai 849).

Indiqué : Mabille, La Pancarte noire, p. 65, n° xiii, et p. 157, n° 51 (1er mai 849).

Indiqué : Lot et Halphen, Le règne de Charles le Chauve, p. 199, n. 1 (16 avril ou 1er mai 849).

Le présent diplôme, comme beaucoup d'autres délivrés en faveur de Saint-Martin de Tours, se présente sous une forme insolite. L'invocation est celle qui figure au début des diplômes de Louis le Pieux, sous réserve de l'omission du mot Dei (voir les diplômes nos 62, 63 et 80, également pour Saint-Martin); la titulature est tout à fait anormale (on remarquera pourtant la curieuse coïncidence avec le sacre d'Orléans, célébré un peu moins d'un an auparavant, le 6 juin 848); l'appel adressé aux souverains à venir, en vue d'assurer le respect des dispositions inscrites dans l'acte, est exprimé en termes qui ne conviennent guère à la majesté royale, «supplici voce (ces deux mots se retrouvent dans le n° 62 déjà cité) ... supplicamus...»; à la fin de cet appel, le roi emploie la première personne du singulier «...meum...mecum...»; Vivien n'est qualifié ni comte, ni recteur; les dispositions sont hétérogènes, confirmation de l'affectation aux besoin de la communauté d'une villa qui faisait sans doute partie du patrimoine abbatial et fixation du nombre des frères à deux cents. On ajoutera que le nom du souverain était écrit Carolus sur le parchemin vu par Baluze. Mais peut-être la lettre K était-elle figurée comme sur un certain nombre d'originaux par un C traversé par une barre verticale. En présence d'un diplôme destiné à un autre établissement qui présenterait de pareilles anomalies, on n'hésiterait guère à porter un jugement défavorable. Mais Baluze prétend avoir eu entre les main l'original. Ici comme ailleurs, le choix s'impose entre deux hypothèses. Ou bien Baluze n'a eu entre les mains que des pseudo-originaux, refaits simultanément d'après des diplômes sincères, ou bien ces actes ont été établis par les soins de l'établissement destinataire où l'on se serait peu soucié d'observer strictement les règles suivies par la chancellerie. — Sur la foi de la Pancarta nigra et des copies qui en dérivent, les éditeurs ont daté cet acte du 1er mai. Baluze a corrigé d'après l'original ou le pseudo-original cal. maii en XVI kal. mai.

Pour une actualisation et correction de ces remarques, voir notre article Les diplômes carolingiens de Saint-Martin de Tours, dans les Mélanges d'histoire du Moyen Âge dédiés à la mémoire de Louis Halphen, p. 683-691.


Texte établi d'après les copies B à H.

(Chrismon) In nomine <Domini ac Salvatoris nostri Jhesu Christi>. Carolus <Francorum Aquitanorumque> gratia Dei rex. Si locis Deo dicatis quiddam honoris conferimus Deoque in his famulantium pacis ac tranquillitatis curam gerimus et ad ministerium suum liberius exequendum opem ferimus, hoc nobis procul dubio ad statum regni nostri confirmandum et ad perennis vitae beatitudinem consequendam profuturum esse non dubitamus. Quapropter libuit nobis innotescere omnibus sanctae Dei Ecclesiae fidelibus [et] nostris, praesentibus scilicet sive futuris, quia devote retulit excellentiae celsitudinis nostrae quidam regni nostri fidelissimus vir venerabilis Vivianus nobisque merito amabilis, sicut simul secundum Deum inieramus, dedisse se fratribus sancti Martini Antoniacum villam ad eorum armelausas; verum etiam instituisse, per commune eorumdem consilium, CC tantum esse in numero fratrum, vicenos singulis mensis. Insuper suppliciter deprecatus est, sua et supradictorum fratrum vice, consuetudinariam pietatem mansuetudinis nostrae auctoritatem a nostra regali potestate fieri, per quam rationabile suum factum tam in praesenti quam in posterum perennibus temporibus immutabiliter constaret firmissimum. Cujus dignissimae petitioni a nobis salubri libenti animo adquievimus praeceptumque regiae nostrae confirmationis fieri jussimus, per quod statuimus atque perenniter stabile in perpetuum decernimus, juxta praecessorum regum morem, ut praefata villa Antoniacus cum omni integritate suisque appendiciis deinceps per omnia deserviat fratribus sancti Martini, peculiaris patroni nostri, ad illorum annuatim vestimenta, excepto mensuali atque agrario in victu eorumdem jamdudum attributo; similiterque in ordine congregationis CC sint fratres, viceni singulis mensis, ac per hoc deinde nullus aggregetur quousque ad hunc numerum perveniat ordo congregationis, postea vero, uno decedente, in ejus locum succedat qui honestate vitae, sapientiae, morum locum queat secundum canonicam auctoritatem tenere, quatinus servitium omnipotentis Dei liberius possit peragi et beati Martini melius in cunctis conservari, etiam quoque eadem nobilis congregatio pro nobis ac genitore nostro necnon insigni nostra prosapia clementiam cunctipotentis Dei uberius exorare. Quamobrem supplici voce et toto affectu religionis mentis nostrae, pro honore Jhesu Christi filii Dei ac reverentia beati Martini, praeclarissimi confessoris heri istius loci, jam tandem supplicamus per sanctam Trinitatem omniumque sanctorum praemia omnibus qui per diversa tempora in regno nobis a Deo commisso sunt futuri, sicut sua instituta voluerint esse perpetuo inviolata a suis successoribus, ita hoc meum conservare studeant perpetuis temporibus inviolatum in omnibus, veluti hujus mecum mercedis mereantur esse participes. Et ut haec nostrae auctoritatis praeceptio perpetualiter conservetur et a fidelibus Dei et nostris verius credatur ac reverentius conservetur, manu nostra propria subter firmavimus et anuli nostri impressione signari jussimus.

Signum (Monogramma) Caroli gloriosissimi regis.

Aeneas notarius ad vicem Hludowici recognovit et s. (Signum recognitionis cum notis inclusis).

Data XVI kal. mai., indictione XII, anno VIIII regni Karoli gloriosissimi regis. Actum Caresiaco palatio regio. In Dei nomine feliciter. Amen.


Localisation de l'acte

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