849, 25 novembre.

Charles le Chauve, à la prière de l'évêque de Limoges, Stodilon, qui lui a présenté un précepte d'immunité émané de ses prédécesseurs, met les biens de l'église de Limoges sous sa protection et celle de l'immunité et abandonne le produit des droits fiscaux au profit des pauvres et pour l'entretien des clercs de la dite église.

Référence : Arthur Giry, Maurice Prou, Georges Tessier et Ferdinand Lot (éd.), Recueil des actes de Charles II le Chauve, roi de France (840-860), Vol. 1, Paris, 1943, no121.

A. Original perdu.

B. Copie du xviiie s. par Dom Col, Bibliothèque nationale, Collection Moreau, vol. 1, fol. 183, «ex cartul. eccles. Lemovic, fol. 46, dipl. 82», d'après le cartulaire côté + de l'église Saint-Étienne de Limoges, achevé vers 1130 et aujourd'hui perdu.

C. Copie du xviie s., par André Du Chesne, Bibliothèque nationale, Collection Baluze, vol. 41, fol. 86, «ex chartulario S. Stephani Lemovic.», d'après la même source que B.

D. Copie du xviie s., Bibliothèque nationale, ms. fr. nouv. acq. 7433 (Collection Decamps, vol. 103), fol. 70, «ex chartulario ecclesiae Lemovicensis», d'après la même source que les copies précédentes.

E. Copie du xviie s., par Dom Estiennot, Bibliothèque nationale, ms. lat. 12764 (Fragmenta historiae Aquitanicae, t. II), p. 186, «ex cartulario Lemovicensi et musaeo v. c. Johannis Cordesii», d'après la même source que les copies précédentes.

F. Copie du xviiie s., dans un ms. de l'abbé Nadaud, «Mémoires pour servir à l'histoire du diocèse de Limoges, tome segond», fol. 156 (anc. p. 447), Archives de la Haute-Vienne, d'après la même source que les copies précédentes.

G. Copie de 1769, par Dom Col, dans son Recueil des archives de la province du Limousin, t. I, Bibliothèque nationale, ms. lat. 9193, p. 200 (192), n° 157, d'après B.

a. Gallia christiana, t. II, instrumenta, col. 166, n° v, «ex chartario Lemovicensi», d'après la même source que les copies manuscrites.

b. Recueil des historiens de la France, t. VIII, p. 506, n° xci, d'après a, avec des corrections.

c. J. de Font-Réaulx, Cartulaire du chapitre de Saint-Étienne de Limoges, p. 103, n° lxxxix (82), principalement d'après B avec des corrections empruntées au diplôme de Pépin Ier signalé ci-dessous.

Indiqué : Bréquigny, Table chronologique, t. I, p. 229.

Indiqué : Böhmer, Regesta n° 1615.

Indiqué : Lot et Halphen, Le règne de Charles le Chauve, p. 205, n. 3.

Le formulaire de ce diplôme est apparenté à celui d'un diplôme octroyé par Pépin Ier d'Aquitaine à Saint-Hilaire de Poitiers le 24 novembre 835 (L. Levillain, Recueil des actes de Pépin Ier et de Pépin II, p. 87, n° xxiv). De cette constatation on peut rapprocher le fait que l'auteur du précepte présenté à Charles par l'évêque n'est pas nommé, «praeceptum a praedecessoribus nostris factum». «Le roi, insiste L. Levillain (Recueil cité, p. xxiii et suiv.), sur présentation de ce diplôme, ne confirme pas, ce qui est contraire aux habitudes; il donne une nouvelle charte d'immunité, comme s'il n'avait pas voulu reconnaître au prince qui avait concédé la charte antérieure le droit d'agir en souverain». Ces deux remarques ont amené J. de Font-Réaulx (ouvr. cité sous la lettre c, p. 103) à conclure que le diplôme de Charles le Chauve «reproduit purement et simplement un précepte de Pépin Ier, de 835 environ, dont il nous fait connaître de la sorte l'existence et la teneur». L. Levillain (Recueil cité, p. xxiv et xxv) exprime une opinion semblable, mais sous une forme plus atténuée. Le diplôme présenté à Charles le Chauve pourrait selon lui avoir aussi bien pour auteur Pépin II que Pépin Ier et l'affirmation de J. de Font-Réaulx devient sous sa plume une hypothèse «très vraisemblable». Les parties imprimées ci-dessous en petit texte reproduisent les parties correspondantes du diplôme de Pépin Ier pour Saint-Hilaire et par conséquent, dans l'hypothèse énoncée plus haut, celles qui auraient été empruntées au diplôme délivré par celui-ci ou son fils en faveur de l'église de Limoges.

La tradition tout entière se rattache au cartulaire perdu reconstitué par J. de Font-Réaulx. Le texte du cartulaire était lui-même médiocre et corrompu. Nous avons reconstitué celui-ci d'après les copies manuscrites et l'édition de la Gallia christiana (a). En ce qui concerne les graphies e, ae, ci, ti, nous nous sommes laissé guider par Dom Col dont la copie (B) présente des garanties particulières d'exactitude.


Texte établi d'après les copies B à F et a.

In nomine sanctae et individue Trinitatis. Carolus gratia Dei rex. Si justis servorum Dei seu omnibus fideliumque nostrorum quas pro suis congruis et opportunis necessitatibus sibi nobiscum implorant, nostrae celsitudinis aurem accommodare non differimus eisque deprecantibus clementiam nostram impertiri non negamus, hoc nobis procul dubio ad adipiscendam regni nostri stabilitatem pertinere non diffidimus. Quamobrem noverit sollertia cunctorum sanctae Dei Aecclesiae fidelium nostrorumque, presentium scilicet et futurorum, quia vir venerabilis Stodilo, Lemovicensis aecclesiae pontifex, obtulit obtutibus nostris preceptum immunitatis a predecessoribus nostris factum quo continebatur qualiter res ejusdem sedis atque cellule sub sue tuitionis mundeburdo cunctis diebus cum hominibus illorum retinuissent. Preterea petiit idem memoratus episcopus ut nos, pro Dei amore ejusdemque sanctae sedis reverentia, nostrae auctoritatis atque immunitatis more predecessorum nostrorum sibique dari juberemus. Cujus peticioni, pro eo quod rata nobis extitit, assensum denegare noluimus. Idcirco hoc precellentiae nostrae preceptum fieri jussimus, per quod omnes res atque homines predictae sanctae aecclesiae cum omnibus rebus ad se juste et legaliter pertinentibus tam ex prisco tempore inibi conlatis, redditis atque subjectis, quam et cum illis quas divina pietas in futuro ibidem augere, reddi subjicique voluerit, sub nostrae tuitionis atque immunitatis mundeburdo recepimus. Precipientes ergo decernimus ut nullus judex publicus aut quislibet judiciariam exercens potestatem aut ullus ex fidelibus nostris, tam presentibus quamque futuris, in aecclesias aut loca vel agros seu reliquas possessiones quas moderno tempore infra regni nostri ditionem quibuslibet in pagis et territoriis juste ac legaliter possidet, vel ea quae deinceps in jus ipsi sancto loco aut per nos aut per alios quosque divina pietas, sicut dictum est, voluerit augere, ad causas audiendas vel freda aut tributa exigenda, aut mansionaticos vel paratas faciendas, aut fidejussores tollendos aut ipsius sacratissimae sepae dictae sedis homines tam ingenuos quam et servos super terram ipsius commanentes distringendos, nec ullas redibitiones aut illicitas occasiones requirendas, nostris nec futuris temporibus, ingredi audeat nec ea que supra memorata sunt ullatenus exigere presumat, aut degentibus supra ipsius nominatissime matris aecclesiae terram quibuscumque... priscis temporibus usus extitit exigere presumat; et quicquid aetiam ex prefatae sedis rebus fiscus exigere poterit in integrum... praemii manere, eidem concedimus prefatae matri aecclesiae, scilicet ut perpetualibus temporibus in alimonia pauperum, stipendia fratrum ibidem Deo famulantium proficiat in augmentum, quatenus inibi Deo famulantes cum omnibus rebus aut prefixam scilicet sedem aspicientibus vel pertinentibus sub tuitionis nostrae et immunitatis defensione, remota totius judiciariae potestatis inquietudine, residui commorentur et pro nostra incolumitate ac regni nostri stabilitate clementissimam Dei misericordiam eos in perpetuum ... delectet... Ut hoc nostrae immunitatis atque tuitionis preceptum pleniorem semper in Dei nomine obtineat firmitatem, manu propria eam subter firmavimus et anuli nostri impressione signavimus.

Signum... Karoli gloriosissimi regis.

Data VII kl. decembris, anno X, indictione XII, regnante Karolo gloriosissimo rege.