850, 14 janvier. — Bourges.
Charles le Chauve confirme l'échange conclu entre Didon, abbé de Saint-Florent[-le Vieil], et Joubert (Gauzbertus), fidèle du roi, de quinze manses dépendant de la «villa» dite «Nimiacus», dans le Maine, jadis donnés par le roi au monastère de Saint-Florent, contre des biens que le dit Joubert avait aussi reçus du roi, savoir deux manses et demi à [Saint-Hilaire-des-]Grottes, en Anjou, et une église sise à Miron, en Poitou, viguerie de Loudun, avec un manse en dépendant.
A. Original perdu.
B. Copie du xie s., dans le Livre noir de Saint-Florent, Bibliothèque nationale, ms. lat. nouv. acq. 1930 (anc. Bibliothèque de Cheltenham, n° 70), fol. 2 v°, sous la rubrique: «Praeceptum Karoli gloriosissimi regis inter Didonem abbatem et Gauzbertum».
C. Copie du xiiie s., dans le Livre rouge de Saint-Florent, Archives de Maine-et-Loire, H 3715, fol. 21 v°, sous la rubrique: «Privilegium Karoli regis de quadam commutatione inter nos et Gaubertum.»
D. Copie du xiie s., dans le Livre d'argent de Saint-Florent, Archives de Maine-et-Loire, H 3714, fol. 24, d'après B.
E. Copie du xviiie s., Bibliothèque nationale, Collection Bréquigny, vol. 46, fol. 73, d'après B.
F. Copie du milieu du xixe siècle, par Marchegay, dans une transcription intégrale du Livre noir, Archives de Maine-et-Loire, H 3712, fol. 3, d'après B.
G. Copie du xve s., dans un cartulaire de papier, Bibliothèque nationale, ms. lat. nouv. acq. 1931, fol. 9 v°, d'après C.
H. Copie du xviie s., par André Du Chesne, Bibliothèque nationale, Collection Baluze, vol. 41, fol. 107, d'après C.
I. Copie partielle du xviie s., Bibliothèque nationale, ms. lat. 13817, fol. 315 v°, d'après C.
J. Copie du xviiie s., Bibliothèque nationale, Collection de Touraine, vol. 1, fol. 81, n° 66, d'après B et C.
a. Recueil des historiens de la France, t. VIII, p. 504, n° lxxxvii (année 849), publication partielle, d'après une copie de C.
b. P. Marchegay, Chartes mancelles de l'abbaye de Saint-Florent près Saumur, dans la Revue historique et archéologique du Maine, t. III, p. 352, n° ii (5 janvier 849) d'après BCD.
Fac-similé : de B comprenant les deux dernières lignes du texte, l'eschatocole et le signum recognitionis, dans H. Omont, Bibliothèque nationale. Catalogue des manuscrits latins et français de la collection Phillipps acquis en 1908, pl. iii.
Indiqué : Bréquigny, Table chronologique, t. I, p. 228 (14 juillet 849).
Indiqué : Böhmer, Regesta, n° 1611 (16 juillet 849).
Indiqué : Lot et Halphen, Le règne de Charles le Chauve, p. 207, n. 4 (15 janvier 850).
La date de ce diplôme présente des difficultés. B et C s'accordent sur l'année du règne, la 10e, et sur l'indiction, la 3e. Mais B omet le nom du mois et C indique le mois d'août; en outre, tandis que B donne le 18e jour des calendes, C donne le 19e jour. On doit ajouter que Dom Huynes, dans son Histoire de Saint-Florent de Saumur (Archives de Maine-et-Loire, H 3716, fol. 13v°) dit avoir lu dans «une ancienne copie des archives» la date «decimo octavo calendas februarii». Si la charte a été donnée en juillet (C), la 10e année du règne répond à 849, et le chiffre de l'indiction devrait être XII. Mais le 19e jour des calendes d'août n'existe pas, pas plus que le 18e. Si le diplôme a été donné le 18e jour des calendes de février, comme l'indiquait la copie que Dom Huynes avait vue, le 18e jour répond au 15 janvier et le 15 janvier de la 10e année au 15 janvier 850. Cette année a 13 pour indiction. Or, comme B et C donnent l'indiction III, on peut supposer l'oubli du X par les copistes et corriger III en XIII. Notre diplôme serait donc du 15 janvier 850. Mais C donne XIX kal., d'où l'on peut inférer que l'original portait XVIIII, et que le dernier I aura été omis par B et par l'auteur de la copie vue par Dom Huynes, omission fréquente, on le sait. Nous obtenons ainsi la date du 14 janvier 850, laquelle, loin d'être invraisemblable, paraît confirmée par le rapprochement avec la date d'un autre diplôme de Charles le Chauve pour l'église d'Auxerre (ci-dessous, n° 124) donné à Bourges, comme celui de Saint-Florent, et le 17e jour des calendes de février de la 10e année du règne, c'est-à-dire le 16 janvier 850. Le seul argument contre notre conclusion pourrait être tiré du fait que ces deux diplômes donnés à deux jours d'intervalle ne sont pas souscrits par le même notaire.
Texte établi d'après B et C. Nous suivons l'orthographe de B.
In nomine sanctae et individuae Trinitatis. Karolus gratia Dei rex. Si ea quae fideles regni nostri pro ambarum partium oportunitate inter se commutaverint nostris confirmamus ȩdictis, regiam exercemus consuetudinem et hoc in postmodum firmiter mansurum credimus. Quapropter notum sit omnibus fidelibus sanctae Dei Ecclesiae et nostris, praesentibus scilicet atque futuris, quia Dido, venerabilis monasterii sancti Florentii abba, et Gauzbertus, fidelis noster, ad nostram accedentes sublimitatem, innotuerunt nobis qualiter inter se, pro ambarum partium oportunitate, quasdam res et mancipia commutassent. Dedit itaque praefatus Dido abba ex rebus sancti Florentii, quas etiam nos sancto Florentio per praeceptum nostrae auctoritatis quondam delegavimus, ad partem praedicti Gauzberti ad proprium habendum, in pago Cinomannico, in villa Nimiaco, mansa quindecim cum mancipiis utriusque sexus desuper commanentibus vel juste aspicientibus, et e contra in compensatione dedit sepe dictus Gauzbertus ex suo proprio, quod ei in alodem dedimus, partibus sancti Florentii vel Didonis abbatis suorumque fratrum in jus ecclesiasticum mansa duo et dimidium sita in pago Andegavo, in loco qui dicitur Criptas, cum utriusque sexus mancipiis desuper commanentibus vel jam dictis mansis juste pertinentibus, et cum ecclesia sita in pago Pictavo, in vicaria Lauzdunense, quae dicitur Miron, cum uno manso ibidem pertinente. Unde et duas commutationes pari tenore conscriptas manibusque bonorum hominum roboratas se prae manibus habere professi sunt, sed pro integra firmitate petierunt celsitudinem nostram ut eas per nostrae auctoritatis praeceptum plenius confirmare dignaremur. Quorum videlicet preces clementer audientes, hoc altitudinis nostrae praeceptum fieri jussimus, per quod praecipimus atque jubemus ut quicquid pars juste et legaliter alteri contulit parti, sicut in jam dictis commutationibus plenius declaratur, jure firmissimo teneat atque possideat. Et ut haec nostrae auctoritatis praeceptio inviolabilem semper in Dei nomine obtineat firmitatem, anuli nostri impressione subter eam jussimus sigillari.
(Chrismon) (Monogramma) Signum Karoli gloriosissimi regis.
Gislebertus notarius ad vicem Hludovici recognovit et [s.] (Signum recognitionis, in quo notae imitatae).
Data XVIIII kal. [feb.], anno X, indictione [X]III, regnante Karolo glorioso rege. Actum Bituricas civitate. In Dei nomine feliciter. Amen.