851, 16 février. — Saint-Martin de Tours.

Charles le Chauve, à la prière de Vivien, recteur de Saint-Martin de Tours, confirme la donation faite par ce dernier sur les biens de Saint-Martin au monastère de Cormery, gouverné par l'abbé Oacre (Audacher), pour remédier au dénuement des moines, du bénéfice de Gouault (Godaldus) à Chambon et à «Favariae» sur la Creuse, à «Luriacus» et à Crissay sur la Vienne, et de maisons à Candes, dépendant de la «villa» de Rets et dites «Ad Ruptas» sur la Loire, concédées dans l'intérêt de la navigation et de la pêche avec le droit de pêcher au filet.

Référence : Arthur Giry, Maurice Prou, Georges Tessier et Ferdinand Lot (éd.), Recueil des actes de Charles II le Chauve, roi de France (840-860), Vol. 1, Paris, 1943, no136.

A. Original perdu.

B. Copie de l'année 1551, dans l'Historia Sancti Pauli Cormaricensis de Joachim Périon, Bibliothèque de Tours, ms. 1349, fol. xix, sous le titre: «Praeceptum Caroli de Cambone, Favariis, Luriaco et Chryseio».

C. Copie du xviie s., par André Du Chesne, Bibliothèque nationale, Collection Baluze, vol. 47, fol. 186, sous le titre: «Praeceptum Caroli Calvi regis de Cambone, Favariis, Luriaco et Chryseio», «ex chartulario ecclesiae S. Martini Turonensis».

D. Copie du xviiie s., Bibliothèque nationale, Collection de Touraine, vol. 1, fol. 83, d'après B.

E. Copie du xviiie s., Bibliothèque nationale, Collection Bréquigny, vol. 46, fol. 76, d'après B.

a. Martène et Durand, Thesaurus novus anecdotorum, t. I, p. 38, «ex archivis monasterii Cormaricensis».

b. Recueil des historiens de la France, t. VIII, p. 507, n° xcii (année 850), d'après a.

c. Gallia christiana, t. XIV, instrumenta, col. 36 (année 850), «ex archivis Benedictini», d'après la même source que a.

d. J.-J. Bourassé, Cartulaire de Cormery, dans les Mémoires de la Société archéologique de Touraine, t. XII, p. 37, n° xviii (année 850), d'après B et b.

Indiqué : Bréquigny, Table chronologique, t. I, p. 230 (année 850).

Indiqué : Böhmer, Regesta, n° 1616 (année 850).

Indiqué : Lot et Halphen, Le règne de Charles le Chauve, p. 223, n. 1.

Dans la date, l'indiction ne concorde pas avec l'année du règne; le 16 février de la 11e année répond au 16 février 851, mais cette année a pour indiction 14 et non 13. Il n'y a pas là de quoi éveiller les soupçons sur l'authenticité de ce diplôme. Mais d'autres anomalies le rendent suspect. Nous remarquons une formule de notification à tous les fidèles du roi, tant clercs que séculiers, dont on n'a pas d'exemple dans les diplômes carolingiens originaux et qui rappelle les formules du xie siècle. Plus loin, «dixit esse beneficium quod fuit» n'est certainement pas du style du ixe siècle. Vivien avait concédé aux moines le tractus sagene c'est-à-dire le droit de pêcher à la seine; or, le plus ancien exemple de cette expression rapporté par Du Cange est du onzième siècle. Dans le dispositif, l'expression «auctoritate qua possumus, hoc est pro majestate regii culminis» est singulière. Quant à la formule de corroboration, non seulement par sa construction elle est étrangère au formulaire carolingien, mais elle contient deux expressions impropres: sigillum désignant le sceau, et nominis subscriptio, la souscription royale. Cependant le protocole final est correct et la date ne serait pas en contradiction avec l'itinéraire possible du souverain (Lot et Halphen, ouvr. cité). D'autre part, l'allure particulière des diplômes de Cormery comme de ceux de Saint-Martin n'autorise pas à leur égard des jugements trop catégoriques. Il est donc possible que ce diplôme ne soit pas entièrement supposé, mais simplement remanié. C'est pourquoi nous ne l'avons pas rejeté parmi les faux, tout en reconnaissant qu'il ne doit être utilisé qu'avec la plus extrême prudence.


Texte établi d'après BCa. Sauf indication contraire, les graphies sont celles de B.

In nomine sancte et individue Trinitatis. Carolus gratia Dei rex. Cum servorum Dei curam gerimus et eorum maxime qui saeculo penitus renunciasse creduntur locaque in quibus degunt beneficiis ornamus aut opibus, communis Domini, cujus id amore facimus, misericordiam credimus nos uberius promereri. Unde notum sit cunctis fidelibus nostris, tam clericis quam secularibus, tam presentibus quam futuris, petiisse celsitudinem nostram Vivianum, virum inlustrem, rectorem sancti Martini monasterii, in quo ejus corpus venerabile situm est, ut quasdam villas quas monachis Cormaricensibus, quibus preest modo Audacher, abbas venerabilis, ante paucos dies de re sancti Martini dederat ad eorum inopiam sublevandam, quam non mediocrem in victu ac vestitu patiebantur, nos edicto eidem coenobio firmaremus. Cujus religiosȩ petitioni mox, ut decebat, libenter annuimus. Res autem quas predictis monachis contulerat dixit esse beneficium quod fuit quondam Godaldo, filio Godaldi, in Cambone ac Favariis super fluvium Croram, ac super Vigennam in Luriaco ac Crisseio, mansiones quoque in Condate de villa Restȩ que dicuntur Ad Ruptas, quas ad compendium navium solamenque piscium, unde et eis tractum sagene concessit in Ligere de memorata villa Restȩ, eisdem monachis dederat. Statuimus igitur auctoritate qua possumus, hoc est pro majestate regii culminis, ut supradicta omnia predictus abbas Audacher ejusque successores intemerato jure possideant neque ex ipsis vel rector sancti Martini vel quilibet quicquam [presumat] auferre, sed usibus supradictorum monachorum cum omni integritate perpetuo cedant quatinus et ipsi liberius et, ut ita dicam, promptius Deo serviant, et nos qui eis benigne prospicimus egregii doctoris gentium omni tempore precibus fulciamur. Quod inviolabile volumus permanere, et ut omnibus in commune manifestius clareat, hanc nostram constitutionem quam, poscente, ut diximus, fidelissimo nostro Viviano, scribi jussimus, <sigilli> nostri impressione et nominis subscriptione placuit insigniri ac manu propria roborari, per quod etiam successores regni nostri sint competenter admoniti sic nostra illesa servare ut sua cupiunt permanere.

Signum Karoli gloriosissimi regis.

Bartholomaeus notarius ad vicem Ludovici recognovit et subscripsit.

Datum XIIII kal. martii, anno XI regnante Karolo gloriosissimo rege, indictione XIII. Actum Turonis, in monasterio sancti Martini. In Dei nomine feliciter. Amen.


Localisation de l'acte

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