854, 30 juillet. — Germigny[-des-Prés].

Charles le Chauve, renouvelant à la prière de l'abbé Richimirus un précepte de Louis le Pieux, met sous la protection royale et celle de l'immunité le monastère de Montolieu avec la «villa Secarii» et la «villa Alderii», Villeginion, sur la Dure, «Magnianacus» en Toulousain, sur le Fresquel, les «cellulae» de Saint-Martin[-le-Vieil], sur le Lampy, également en Toulousain, de Sainte-Cécile et de Saint-Pierre, sur la Dure, et le lieu dit «Oratorio», lui abandonne le produit des droits susceptibles d'être perçus sur ses biens par le fisc et confirme à la communauté la liberté des élections abbatiales.

Référence : Arthur Giry, Maurice Prou, Georges Tessier et Ferdinand Lot (éd.), Recueil des actes de Charles II le Chauve, roi de France (840-860), Vol. 1, Paris, 1943, no166.

A. Original. Parchemin autrefois scellé. Hauteur, 448 mm. à gauche, 428 mm. à droite; largeur, 620 mm. en haut, 600 mm. en bas. Bibliothèque nationale, Collection Baluze, vol. 390, n° 480.

B. Copie du xviie s., par Dom Michel Germain (?), Bibliothèque nationale, ms. lat. 12664 (Monasticon Benedictinum, t. VII), fol. 270, «ex autographo Montisolivi», d'après A.

C. Copie du xviie s., par Dom Dulaura, Bibliothèque nationale, ms. lat. 12687 (Monasticon Benedictinum, t. XXX), fol. 91.

D. Copie du 23 juin 1668, par Gratian Capot, Bibliothèque nationale, Collection Doat, vol. 69, fol. 36, «extrait et collationné sur son original escrit en parchemin trouvé aux archives de l'abbaye de Montolieu».

E. Copie du 18 juillet 1668, par le même, Bibliothèque nationale, Collection Doat, vol. 69, fol. 31, «extrait et collationné sur des copies escrites l'une à la suite de l'autre en un rouleau de parchemin trouvé au trésor des chartres de Sa Majesté en la cité de Carcassonne».

F. Copie du xviie siècle, par Dom Dulaura, Bibliothèque nationale, ms. lat. 12687 (Monasticon Benedictinum, t. XXX), fol. 11, double de la copie C.

G. Copie du xviie s., Bibliothèque nationale, ms. lat. 11897, fol. 107, d'après a.

H. Copie des cinq premières lignes et du protocole final, Bibliothèque nationale, ms. lat. 12686 (Monasticon Benedictinum, t. XXIX), fol. 336, «extractum ex originali», d'après la même source que C et F.

I. Copie des trois premières lignes et du protocole final, Bibliothèque nationale, ms. lat. 12779, fol. 118.

J. Copie des trois premières lignes et du protocole final, Bibliothèque nationale, Collection Baluze, vol. 81, fol. 355, d'après la même source que I.

a. Baluze, Capitularia regum Francorum, éd. de 1677, t. II, col. 1461, n° lxxiv, «ex archivo monasterii Montisolivi».

b. Gallia Christiana, t. VI, instrumenta, col. 415, n° v, d'après la même source que CFH, avec en marge les variantes de a.

c. Bouges, Histoire... de la ville et diocèse de Carcassonne, p. 508, édition partielle.

d. Recueil des historiens de la France, t. VIII, p. 534, n° cxxv, «ex autographo in Bibliotheca regia», d'après C.

e. Histoire générale de Languedoc, éd. Privat, t. II, col. 298, n° 146, d'après A.

Fac-similé : de l'original: Lot, Lauer et Tessier, Diplomata Karolinorum, IV, pl. i.

Indiqué : Georgisch, Regesta, t. I, col. 116.

Indiqué : Bréquigny, Table chronologique, t. I, p. 240.

Indiqué : Böhmer, Regesta, n° 1651.

Indiqué : Jusselin, Liste chronologique..., dans Le Moyen Age, t. XXXIX (1929), p. 225.

Le diplôme de Louis le Pieux présenté à Charles le Chauve pour qu'il en confirme les dispositions a été délivré à Aix-la-Chapelle le 8 décembre 815 (Böhmer-Mühlbacher, Die Regesten... n° 600 (580); publié par Baluze, Capitularia, t. II, col. 1408, n° xxviii, et dans le Recueil des historiens de la France, t. VI, p. 485, n° xli). L'empereur y confirme un diplôme de Charlemagne aujourd'hui perdu. L'acte de Charles le Chauve ne reproduit cependant les formules de celui de son père que par l'intermédiaire d'un diplôme de Pépin Ier d'Aquitaine du 6 juin 828 (éd. Levillain, Recueil des actes de Pépin Ier et de Pépin II, p. 37, n° xi). Si le nom de Pépin n'est pas mentionné dans le diplôme de Charles le Chauve, c'est en raison des «circonstances historiques qui ont fait que Charles le Chauve paraît avoir évité de mentionner le nom des Pépins d'Aquitaine dans ses confirmations d'actes aquitaniques, toutes les fois que cela était possible, comme s'il voulait faire abstraction de leur règne pour apparaître comme le successeur direct dans les pays d'outre-Loire de Louis le Pieux, son père» (Levillain, ouvr. cité, p. 40). Les passages imprimés ci-dessous en petit texte reproduisent donc les passages correspondants du diplôme de Pépin Ier que le rédacteur de celui de Charles avait sous les yeux.

L'original étant mutilé, nous avons dû faire appel aux copies pour compléter le texte. Mais la mutilation est ancienne. L'original se présentait au xviie siècle dans le même état qu'aujourd'hui, comme en témoigne la copie B. Il en résulte que les copies et les éditions qui nous livrent un texte complet, ou bien dérivent d'anciennes copies, ou bien ont complété l'original au moyen de ces copies. Celles-ci étaient au nombre de trois, dont une était conservée au Trésor des chartes de Carcassonne (E) et deux à Montolieu. De ces deux dernières, l'une était dépourvue de la souscription de chancellerie (Da), l'autre qualifiait le notaire Gislebertus de diaconus (Cb). En ce qui concerne les passages restitués, nous ne signalerons les variantes que lorsque les copies ne sont pas unanimes.


(Chrismon) In nomine sanctae et individuae Trinitatis. Karolus gratia Dei rex. Cu[m] petitionibus servorum Dei justis et rationabilibus divini cultus amore favemus, superna [nos] gratia pro his muniri non dubitamus. Proinde noverit omnium fidelium nostrorum praesentium futurorum[que sagacitas] [2] quia vir venerabilis Richimirus, abba ex monasterio quod nuncupatur Mallast[i], situm in territorio Carcasensi super fluvium Duranum, [cons]tructum in honore sancti Johannis Baptista[e], cum terminis et adjacenciis suis, obtulit obtutibus nostris quandam auctoritatem domni ac genitoris nostri Hludowici piae rec[ordationis serenissimi] [3] augusti, in qua erat insertum qualiter antecessoris sui antecessor ipsum monasterium [novo c]onstruxisset opere et propter ejus defensionem vel propter pravorum hominum inlicitas inf[estationes] in manu ejusdem domni imperatoris una cum monachis ibi degentibus se commendavit ut sub ejus tuitione licuisset eos cum re[bus hominibusque eorum qui-][4]-ete vivere ac residere, et deprecatus est clementiam regni nostri ut praefatum monasterium una cum villul[is] quarum nomina sunt villa Secarii seu villa[Alderii necnon] villa Vinionis super idem fluvium praefatu[m v]illaremque nomine Magnianacus in pago Tolos[ano super] fluvium Fiscavum, necnon et cellulas qu[e nun]cupantur sancti Martini praedicto monaster[io subjectas que sunt sitae in eodem] [5] pago super ri[vu]lum L[am]pium, sive sanctae Ceciliae et sancti Petri quȩ sunt super fluvium jam dictum Duran[um] locumque qui dicitur Oratorio cum omnibus rebus et adjacenciis sive terminis suis, sub nostra susciperemus def[ensio]ne et immunitatis tuitione. Cujus precibus, ob amorem Dei et reverentiam divini cultus, libenter aurem accomodare placuit et hoc nostrae auct[oritatis praeceptum] [6] immunitatis tuitionisque gratia fieri decrevimus, per quod praecipimus atque jubemus ut nullus judex publicus vel quislibet ex judiciaria potestate in eccl[esias], loca vel agros seu reliquas omnes possessiones praedicti monasterii quas moderno tempore possidet vel que etiam deinceps in jure ipsius sancti loci voluerit divina pietas[augere ad causas audiendas] [7] aut freda exigenda, aut mansiones vel paratas faciendas, aut fidejussores tollendos aut homines ipsius monasterii tam ingenuos quam et servos super terram ipsius commanentes in[juste] distringendos, nec ullas redibitiones aut inlicitas occasiones requirendas nostris nec futuris temporibus ingredi [audeat vel ea que] [8] supra [memorat]a sunt pȩnitus exigere praesumat; et quicquid de rebus praefati monast[erii fis]cus sperare potest, totum nos pro aeterna remuneratione praefato monasterio conced[imus], ut in alimonia pauperum stipendiaque monachorum ibidem Deo famulantium proficiat in augmentum; et quandoquidem divina voca-[9]-tione supradictus abba vel succes[sores ejus] hac migraverint de luce, qua[mdi]u ipsi monachi inter se tales invenire [po]tuerunt qui ipsam congregationem secundum regulam sancti Benedicti regere valeant, sc[ili]cet qui praeesse pariter et prodesse queant, per hanc nostram auctoritatem licentiam habeant [10] eligendi abbates, quatinus pro nobis et totius regni nostri stabilitate a Deo nobis concessi jugiter Domini misericordiam exorare delectet. Et ut haec auctoritas a fidelibus sanctae Dei Ecclesiae et nostris verius credatur diligentiusque conservetur, manu propria subter firmavimus et anuli nostri inpressione signari jussimus.

[11] Signum (Monogramma) Karoli gloriosissimi regis.

[12] (Chrismon) Gislebertus notarius ad vicem Hludowici recognovit et s. (Signum recognitionis cum notis inclusis: Lu-do-wi-[cus praeceptor] fieri jussit.) (Locus sigilli).

[13] Data III kl. aug. anno XV, indictione II, regnante Karolo gloriosissimo rege. Actum Germiniaco palatio. I[n] Dei nomine feliciter. Amen. (Nota) Amen.


Localisation de l'acte

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