854, 22 août. — Tours.
Charles le Chauve, à la prière de la communauté de Saint-Martin de Tours, dont les titres de propriété avaient péri dans l'incendie du monastère par les Normands, renouvelle en faveur de ladite église le privilège d'immunité et la confirme dans la possession des «cellae» sises soit sur le territoire du monastère, savoir Notre-Dame [de l'Ecrignole], la Matricule, Saint-Étienne, Saint-André, Sainte-Colombe, Saint-Simple, Saint-Clément, Saint-Jean, Saint-Paul, Saint-Pierre, Sainte-Croix, soit hors du monastère, particulièrement Saint-Paul de Cormery, Saint-Yrieix[-la-Perche], Moutier-Rozeille, comme dans la possession de toutes ses «villae» et autres biens sis dans le royaume.
A. Original perdu.
B. Copie abrégée du xviie s., Bibliothèque nationale, ms. lat. 12683 (Monasticon Benedictinum, t. XXVI), fol. 67, d'après A.
C. Copie de l'année 1615, par Besly, Bibliothèque nationale, Collection Dupuy, vol. 828, fol. 83, d'après la Pancarta nigra, fol. 64.
D. Copie de l'année 1577 (n. st.), collationnée par Michel Argois, sergent ordinaire du roi en Touraine Bibliothèque nationale, Collection Baluze, vol. 282, fol. 22, d'après la Pancarta nigra, fol. 64.
E. Copie de l'année 1711, par Baluze, Bibliothèque nationale, Collection Baluze, vol. 76, fol. 37, d'après la Pancarta nigra, fol. 64, avec référence à la Pancarta alia, fol. 52.
F. Copie du xviiie s., collationnée par Percier, conseiller maître à la Chambre des Comptes, Archives nationales, K 186, n° 22bis, sans indication de source.
G. Copie du xvie s., Bibliothèque nationale, Collection Baluze, vol. 282, fol. 98.
H. Copie du xviie s., par Jean Bouhier, Bibliothèque nationale, ms. lat. 17709 (anc. Bouhier 26), p. 48, n° 42, sous le titre: «Alia confirmatio Karoli stulti super rebus et possessionibus sancti Martini Turonensis», d'après une copie de la Pancarta nigra, fol. 11, faite par André Du Chesne.
I. Copie du xviie s., Bibliothèque Laurentienne à Florence, ms. Ashburnham 1836 (anc. 1757), fol. 19, sous le titre: «Confirmatio Karoli stulti super Maderolani (?), Sormiolo (?), Sancti Stephani, etc.», d'après la Pancarta nigra, fol. 11.
J. Copie du xviiie s., collationnée par Percier, conseiller maître à la Chambre des Comptes, Archives nationales, K 186, n° 22, sans indication de source.
K. Copie du xviie s., par André Du Chesne, Bibliothèque nationale, Collection Baluze, vol. 47, fol. 171.
L. Extraits du xviie s., par André Du Chesne, dans un ms. ayant appartenu à Jérôme Bignon, Bibliothèque de l'Institut, ms. 583, fol. 144, d'après la Pancarta nigra, fol. 11, c. 8.
M. Copie abrégée du xviie s., par Dom Anselme Le Michel, Bibliothèque nationale, ms. lat. 13818, fol. 243, d'après la Pancarta alia, fol. 11.
N. Copie abrégée, de l'année 1643, par Dom François Lesueur, Bibliothèque nationale, ms. lat. 13898, fol. 61, n° 35, d'après la Pancarta alia, fol. 11.
a. Martène, Amplissima collectio, t. I, col. 134 (année 855), probablement d'après la Pancarta alia, fol. 52.
b. Recueil des historiens de la France, t. VIII, p. 536, n° cxxvii, d'après a.
Indiqué : Georgisch, Regesta, t. I, col. 117.
Indiqué : Bréquigny, Table chronologique, t. I, p. 240.
Indiqué : Böhmer, Regesta, n° 1652.
Indiqué : Mabille, La Pancarte noire, p. 60, n° viii et p. 158, n° 57 (17 novembre 857), p. 95, n° lvii, et p. 158, n° 55 (22 août 854).
Indiqué : L. de Grandmaison, Les bulles d'or de Saint-Martin de Tours, dans les Mélanges Julien Havet, p. 111-129, passim.
Indiqué : E. Vaucelle, Deux documents concernant la collégiale de Saint-Martin de Tours, dans le Bulletin trimestriel de la Société archéologique de Touraine, t. XV (1905-1906), p. 503-505, 507-509.
Ce diplôme avait été transcrit deux fois dans la Pancarta nigra, au fol. 11, sous le n° viii (copies HIJKL), et au fol. 64, sous le n° lvii (copies CDEFG). Mabille a cru à l'existence de deux diplômes, l'un, du 17 novembre 857 (n° viii), l'autre, du 22 août 854 (n° lvii). Pour assigner au n° viii la date du 17 novembre 857, Mabille semble s'être exclusivement appuyé sur une donnée que lui fournissait Pierre Carreau, érudit tourangeau, mort en 1708. Dans une dissertation dont L. de Grandmaison a publié le passage qui nous intéresse, Carreau écrivait: «La deuxième bulle d'or qui est du roy Charles le Chauve est attachée à l'original du huitième titre de la même Pancarte [la Pancarte noire], daté de la ville de Tours le 15 décembre [corrigez le 15 des calendes de décembre] l'an 858, la dix-huitième année de son règne...». D'après les copies de la Pancarta nigra, ou bien le n° viii n'était pas daté (H), ou bien il portait la même date que le n° lvii (I et L). Laissant de côté le témoignage assez fragile de Carreau, nous ne retiendrons que la date du 22 août 854. — Les deux textes, entièrement semblables, diffèrent cependant sur un point, l'énumération des parties du royaume de Charles. Le n° lvii, reproduisant en cet endroit le texte d'un diplôme de Louis le Pieux en date du 30 août 816 (Böhmer-Mühlbacher, Die Regesten, n° 629 (609); publié dans le Recueil des historiens de la France, t. VI, p. 506, n° lxxii), énumère l'Austria, la Neustria, la Burgundia, l'Aquitania, la Provincia, l'Italia. Le n° viii ajoute à cette énumération l'Alamannia et la Germania, mots qui sont manifestement interpolés. Si l'on admet qu'au moment où fut compilée la Pancarte noire, il y avait dans les archives de Saint-Martin deux exemplaires du diplôme de Charles le Chauve, on considèrera au moins celui qui a été transcrit sous le n° viii comme un pseudo-original. Si l'on en croyait Carreau, c'est à ce pseudo-original qu'aurait été fixée une bulle d'or. Tout en admettant que l'exemplaire primitif ait été ainsi scellé — l'annonce des signes de validation et le Legimus le donnent à entendre — on peut se demander si la bulle vue par Carreau était bien celle qui avait servi à le sceller et si elle ne provenait pas d'un autre diplôme.
Les indications chronologiques ne concordent pas. L'indiction est celle de l'année 853.
(Chrismon) In nomine sanctae et individuae Trinitatis. Karolus gratia Dei rex. Si petitionibus servorum Dei pro quibuslibet ecclesiasticis necessitatibus aures nostras pulsantium libenter annuimus et ad divinae potentiae in locis Deo dicatis uberius famulandum auxilium porrigimus, id nobis procul dubio et ad mortalem vitam temporaliter deducendam et ad futuram feliciter obtinendam commodum provenire confidimus. Notum igitur esse volumus cunctis sanctae Dei Ecclesiae fidelibus et nostris, praesentibus scilicet atque futuris, quia venerandus grex peculiaris patroni nostri sancti Martini, ubi ejusdem praeclarissimi viri venerabile corpus quiescit, accedens reverenter ad nostram clementiam, deprecatus est ut ecclesiam praefati sancti cum omnibus hominibus vel aliis rebus sibi pertinentibus, de more parentum, regum videlicet praedecessorum nostrorum, sub nostrae immunitatis tuitione ac defensionis munimine recipere dignaremur. Addidit etiam jam dictus grex, id quod omnium plangit memoria, qualiter saevissimi atque crudelissimi Turonus supervenerint Normanni et lamentabili excidio concremaverint cum coeteris omnibus monasterium praefati sancti et ob hanc causam cartarum instrumenta ex rebus praefatae ecclesiae pertinentibus deperiissent. Unde et praefatus grex nostram summis nisibus petiit pietatem ut per clementiae nostrae relationis pancartam praenotatae ecclesiae cellas et villas pertinentes denuo reconfirmare studeremus. Cujus, inquam, rationabilibus et oportunis precationibus clementi favore annuimus ac proinde hoc serenitatis nostrae praeceptum fieri jussimus, per quod supra memoratam ecclesiam praefati domni Martini cum omnibus suis hominibus vel super terram ipsius, cujuscumque sint status, commanentibus, sive etiam cum omnibus aliis rebus sibi pertinentibus sub nostrae immunitatis tuitione ac defensionis praetextu recipimus, praecipientes atque jubentes ut nulli hominum, nostris nec futuris temporibus, saepe dictae ecclesiae monasterium aut cellas vel villas seu agros aut silvas sibi pertinentes liceat ingredi ad causas audiendas aut judicia saecularia terminanda, aut homines ejus, colonos sive servos vel ingenuos, super ipsius terram commanentes distringere aut inquietare aut fidejussores tollere, aut quamlibet illicitam redibitionem exigere praesumat ab eis. Cellae quoque vel villae crebro dictae ecclesiae beati Martini pertinentes quarum sunt nomina, id est sanctae Mariae in praedicto monasterio et matriculae ejusdem sancti, et sancti Stephani ac sancti Andreae atque sanctae Columbae seu sancti Sulpicii necnon sancti Clementis et sancti Johannis seu sancti Pauli atque sancti Petri necnon sanctae Crucis, simul etiam coeterae cellae extra monasterium sitae, id est sancti Pauli Cormaricensis et sancti Aredii atque Rodera coeteraeque quas perlongum est nominare, et villae ac diversae aliae res, scilicet in Austria, Neustria, Burgundia, <Alamannia>, Aquitania, Provincia, Italia, <Germania> et in coeteris regni nostri partibus ei juste legaliterque pertinentes vel in utilitatibus ejus consistentes, cum omnibus appendiciis earum per hanc nostrae magnificentiae reconfirmationem absque cujuspiam repetitione vel minoratione, immunitatis integritate nostris futurisque temporibus sub suorum rectorum maneant inviolabili potestate. Ut autem hoc praecellentiae nostrae praeceptum pleniorem semper in Dei nomine optineat vigorem, manu nostra subter illud firmavimus et de bulla nostra insigniri fecimus.
Signum (Monogramma) Karoli gloriosissimi regis.
(Chrismon) Bartholomaeus notarius ad vicem Hludowici recognovit et subscripsit (Signum recognitionis).
Legimus.
Data XI kal. septemb., anno XV regnante Karolo glorioso rege, indictione I. Actum Turonis civitate. In Dei nomine feliciter. Amen.