855, 26 février. — Paris (?).
Charles le Chauve, à la prière d'Evrard (Ebrardus), abbé de Saint-Sulpice de Bourges, accorde aux moines de ce monastère la perception et le profit du tonlieu sur les ponts que le dit abbé a fait construire sur l'Yèvre et l'Auron, et aux portes de Bourges.
A. Original perdu.
B. Copie du xviiie s., par Dom Gérou, Bibliothèque nationale, Collection Moreau, vol. 1, fol. 235, «extrait du cartulaire de Saint-Sulpice de Bourges, fol. xix», collationné à l'original [du cartulaire] au xixe s.
C. Copie du xviie s., peut être par Dom Turpin, dans un cahier de papier contenant la copie des trente-deux premières chartes du Cartulaire A de Saint-Sulpice, Archives départementales du Cher, 4 H 9, fol. 22 v°, d'après le cartulaire.
D. Copie du xviie s., par Dom Charles Le Boyer, dans l'Historia monasterii Sancti Sulpicii Bituricensis, Bibliothèque nationale, ms. lat. 13871, p. 29, d'après le cartulaire.
E. Copie du xviiie s., Bibliothèque nationale, Collection Bréquigny, vol. 46, fol. 89, d'après une copie de Dom Housseau, tirée du cartulaire, texte corrigé, étroitement apparenté à a.
F. Copie incomplète du xviie s., Bibliothèque nationale, ms. lat. 13819, p. 347, d'après le cartulaire.
a. Recueil des historiens de la France, t. VIII, p. 538, n° cxxx, «ex chartulerio hujus monasterii» [Sancti Sulpicii], texte corrigé, étroitement apparenté à E.
b. H. Bordier, Des droits de justice et des droits de fief, dans la Bibliothèque de l'École des Chartes, t. IX (1847) p. 212, n. 3, édition partielle.
c. J. Soyer, Les chartes fausses de l'abbaye des Bénédictins de Saint-Sulpice de Bourges, dans les Mémoires de la Société historique du Cher, 4e série, 11e volume, (1896), p. 332, d'après C.
d. L. de Kersers, Essai de reconstitution du cartulaire de Saint-Sulpice de Bourges, dans les Mémoires de la Société des Antiquaires du Centre, vol. XXXV (1912), p. 69, n° xxii, d'après CDF a et la copie de Raynal mentionnée sous la n. 2 de la présente page.
e. J. de Font-Réaulx, Les droits de tonlieu de l'abbaye Saint-Sulpice de Bourges et un diplôme falsifié de Charles le Chauve, dans le Bulletin historique et philologique, 1922-1923, p. 202, d'après c et d.
f. L. Levillain, Recueil des actes de Pépin Ier et de Pépin II rois d'Aquitaine, p. 286, n° lxvi, d'après BCDEFab et la copie de Raynal.
Indiqué : Bréquigny, Table chronologique, t. I, p. 241.
Indiqué : Böhmer, Regesta, n° 1655.
Tel qu'il se présentait dans le cartulaire A de Saint-Sulpice, ce diplôme était intitulé au nom d'un roi Pépin, identifié tantôt avec Pépin le Bref, tantôt avec Pépin II d'Aquitaine, voire avec Pépin Ier. Il est absolument certain que les formules du protocole initial — le nom du roi mis à part —, la souscription de chancellerie et la date conviennent à un diplôme de Charles le Chauve. Aussi les auteurs des copies E et F et dom Bouquet (a) ont-ils corrigé Pipinus en Karolus. L'attribution à Pépin, vraisemblablement Pépin le Bref, est l'œuvre d'un faussaire qui travaillait sur un diplôme réellement expédié par la chancellerie de Charles le Chauve, mais remanié par lui dans une mesure qu'il est difficile de déterminer. Ce remaniement rend le texte à peu près inutilisable. Les érudits qui en ont fait la critique, L. Levillain, puis J. de Font-Réaulx, ont insisté sur le caractère exorbitant de la concession d'un tonlieu à percevoir aux portes de la cité et ont rapproché cette concession de la teneur d'un faux intitulé au nom de Clodomir (L. de Kersers, ouvr. cité, p. 28, n° II). Cependant, L. Levillain, après avoir dénié toute valeur à notre diplôme, est revenu sur son affirmation première (ouvr. cité, additions et corrections, p. 303). La date «est à enregistrer précieusement», dit-il. Le roi Charles désigné dans la formule «proleque nostra domno Karolo rege» ne serait autre que Charles le Jeune, alors roi désigné d'Aquitaine depuis quelques jours ou quelques semaines et qui devait être couronné à Limoges le 15 octobre (Annales Bertiniani, année 855, éd. Waitz, p. 45). «L'acte, conclut-il, est un diplôme authentique de Charles le Chauve que, par une simple substitution de nom, un faussaire a voulu faire passer pour un acte de Pépin le Bref.» Jugement trop favorable; le texte primitif n'est pas resté le même. Outre le caractère de la concession, les remaniements, les suppressions et les additions qu'implique le formulaire sont de fort mauvaises notes. Il est en outre très douteux que le diplôme ait été donné à Paris. Notons enfin, sans y attacher une importance exagérée, l'erreur particulièrement forte qui s'est produite dans le calcul de l'indiction (6 au lieu de 3).
In nomine sancte et individue Trinitatis. <Pipinus> gratia Dei rex. Notum sit omnibus fidelibus sancte Dei Ecclesie et nostris, presentibus scilicet atque futuris, quia quidam abba ille Ebrardus nomine, regens cenobium sancti Sulpicii Biturice civitatis quod situm est inter duas aquas, in nostram veniens presentiam, humiliter innotuit quoniam pro eterna retributione pontes fecerit in aquis que dicuntur Evra et Otrionis in quibus antea magna difficultas erat transeundi. Quare oravit idem abbas precellentiam nostram ut eandem exactionem telonei ab eisdem pontibus <et similiter teloneum ab omnibus portis civitatis> Deo et sancto Sulpicio pro nobis, conjuge proleque nostra domno Karolo <magno> rege et pro stabilitate regni nostri a Deo concessi concederemus. Peticionem autem ejus clementer ac libenti animo audientes, altitudinis nostre scriptum hoc fieri jussimus, per quod precipimus atque jubemus ut nullus comes, nec ulla potestas, nec quilibet homo de predictis pontibus <et portis> aliquando ullum censum exigere temptet, nec teloneum a transeuntibus requirere ullo modo presumat, exceptis fratribus Deo et sancto Sulpicio servientibus, quorum labore ipsi pontes facti sunt et quibus nos annuimus tam presentibus quam futuris ut dictum est. Ut autem hec altitudinis nostre conservatio in Dei nomine melius semper vigeat, de anulo nostro subter eam jussimus sigillari.
S. Bartholomaeus notarius ad vicem Hludovici recognovit.
Data IIII kal. martii, anno XV regnante Karolo glorioso rege, indictione VIa. Actum Parisius palacio regio. In Dei nomine feliciter. Amen.