854 ou 855, 25 avril. — Attigny.

Charles le Chauve, à la prière du comte [de Troyes] Eudes, qui lui a exposé comment, au temps de son prédécesseur le comte Aleran (Aledramnus) et avec l'autorisation de l'évêque de Troyes Aubert (Adalbertus), le prêtre Arremé (Adremarus) a obtenu la concession aux dépens du «comitatus» d'un terrain d'une superficie de cinq cents perches ansanges (ancingae) sur deux cents, sis à la lisière de la forêt du Der, sur la Barse, avec la permission de le défricher, pour y construire une «cella», confirme le privilège épiscopal souscrit par Aleran expédié à cette occasion et stipule qu'après la mort d'Arremé les moines éliront librement leur abbé et que celui-ci devra payer chaque année au comte, à la fête de saint Pierre (29 juin), une redevance de vingt deniers d'argent.

Référence : Arthur Giry, Maurice Prou, Georges Tessier et Ferdinand Lot (éd.), Recueil des actes de Charles II le Chauve, roi de France (840-860), Vol. 1, Paris, 1943, no171.

A. Original. Parchemin autrefois scellé. Hauteur, 415 mm. à gauche, 410 mm. à droite; largeur, 650 mm. en haut, 610 mm. en bas. Archives de l'Aube, 6 H 4.

B. Copie du 6 avril 1786, par Dom Brincourt, «archiviste de l'abbaye de Montieramé», Bibliothèque nationale, Collection Moreau, vol. 1, fol. 225, d'après A.

C. Copie du xviie s., Bibliothèque nationale, Collection Baluze, vol. 39, fol. 222, sous le titre: «Decretum Caroli r[egis] de monasterio Arremari», d'après une source inconnue.

D. Copie du xviie s., d'une autre main que la précédente, ibidem, fol. 226, sous le titre: «Decretum...», d'après la même source que C.

E. Copie du xviie s., d'une autre main que les deux précédentes, ibidem, fol. 243, sous le titre: «Decretum...» (fol. 244), d'après la même source que B et C, soi-disant «collationnée à l'original».

F. Extrait de l'année 1584, fait par François Pithou, Bibliothèque nationale, Collection Dupuy, vol. 952, fol. 68, «ex chartulario monasterii Adremari», d'après un cartulaire perdu.

G. Extrait du xviie s., fait par A. Du Chesne, Bibliothèque nationale, Collection Baluze, vol. 39, fol. 236, d'après F.

H. Extrait du xviiie s., Bibliothèque nationale, Collection de Champagne, vol. 22, fol. 90, «tiré sur le ms. dans le 4e recueil de M. de P.», d'après F, par un intermédiaire inconnu.

a. Nicolas Camuzat, Miscellanea historica dans le Promptuarium sacrarum antiquitatum Tricassinae dioecesis, fol. 283, d'après la même source que CDE.

b. Les Sainte-Marthe, Gallia christiana, t. IV, p. 78, «ex Miscellaneis historicis... Nicolai Camuzat», d'après a, avec des amendements provenant d'une des trois copies signalées sous les lettres CDE (année 864).

c. Recueil des historiens de la France, t. VIII, p. 591, n° clxxxvii, d'après b (année 864).

d. Gallia christiana, t. XII, Instrumenta, col. 248, n° iii, d'après b (année 864).

e. H. d'Arbois de Jubainville, Histoire des ducs et des comtes de Champagne, t. I, p. 440, d'après A.

f. Musée des archives départementales, Texte, p. 15, n° 7, d'après A.

g. Ch. Lalore, Cartulaire de l'abbaye de Montiéramey, p. 2, n° 2, d'après A.

Fac-similé : de l'original: Musée des archives départementales, Atlas, pl. VI, n° 7. — Lot, Lauer et Tessier, Diplomata Karolinorum, IV, pl. iv.

Indiqué : Bréquigny, Table chronologique, t. I, p. 268, (année 864).

Indiqué : Böhmer, Regesta n° 1720 (année 864).

Indiqué : A. Giry, Études carolingiennes. V. Documents carolingiens de l'abbaye de Montiéramey, dans Études d'histoire du Moyen âge dédiées à Gabriel Monod, p. 124, n° 4.

Indiqué : Jusselin, Liste chronologique..., dans Le Moyen Age, t. XXXIX (1929), p. 225, avec fac-similé des notes.

Si l'on s'en tient à l'année du règne, le présent diplôme doit être daté du 25 avril 854. Il faut dans ce cas diminuer d'une unité le chiffre de l'indiction. Notons en passant que les erreurs dans le calcul de l'indiction se produisent généralement en sens inverse. Ferdinand Lot a remarqué d'autre part que la présence de Charles le Chauve à Attigny le 25 avril 854 est en contradiction avec les données de l'itinéraire indiqué par Prudence dans les Annales Bertiniani, éd. Waitz, p. 44: «Karolus profectionem in Aquitaniam tempore quadragesimae celebrat; in qua usque paschalem festivitatem demoratur....». Il semble bien que ce texte implique la présence de Charles en Aquitaine jusqu'au jour de Pâques inclusivement, c'est-à-dire jusqu'au 22 avril 854. Comment admettre que Charles se soit trouvé à Attigny, aux confins nord-est de son royaume, dès le 25 avril? Bien plus, un diplôme pour l'église de Mâcon, édité plus haut sous le n° 162, nous a montré Charles à Clermont en Auvergne le 21 mai 854. Le séjour de Charles en Aquitaine s'est donc prolongé au delà du 21 mai et le diplôme pour Montiéramey devrait être daté de l'année 855 qui s'accorde avec le chiffre de l'indiction.

On notera toutefois que le cas de ce diplôme n'est pas entièrement assimilable à celui des autres actes étudiés par F. Lot dans le mémoire rappelé plus haut et qui doivent être attribués à l'année 855, bien que datés de la 15e année du règne, après le 20 juin (nos 172 et suivants). On peut supposer pour ceux-ci que les dataires ont négligé de forcer l'année du règne d'une unité en temps voulu et ont continué à indiquer la 15e année pendant quelques mois. Dans le cas présent, une explication analogue n'est pas recevable. Peut-être serait-il possible d'interpréter moins strictement le texte de Prudence et de supposer que Charles n'est pas resté en Aquitaine jusqu'à la fête de Pâques inclusivement. On éviterait ainsi l'inconvénient de ne laisser qu'un intervalle bien court entre les deux voyages en Aquitaine. Mais il faudrait alors expliquer la date du diplôme pour Mâcon par une divergence entre le Data et l'Actum.


(Chrismon) In nomine sanctae et individuȩ Trinitatis. Karolus grat[ia] Dei rex. Si sacrosanctis locis divino cultui mancipatis ibidemque Deo famulantibus reverendis viris asensum nostrae amplitudinis, secundum quod ipsi petierint vel necesse habuerint, clementer [2] prebemus, regiam consuetudinem exercemus et divini muneris gratiam ob hoc facilius nos adepturos Christo propitio non dubitamus. Itaque notum sit omnibus fidelibus sanctae Dei Ecclesiae et nostris, presentibus scilicet atque futuris, quia karissimus nobis atque satis dilectissimus Odo, vir inluster, comes, ad nostram [3] accedens serenitatem, innotuit qualiter, tempore predecessoris sui Aledramni, quondam fidelis comitis nostri ex comitatu Tricasino, per licentiam venerandi pontificis Tricasine civitatis Adalberti et ejusdem predicti Aledramni, quidam religiosorum virorum Adremarus, reverendus Dei sacerdos, in eodem pago, in silva [4] quae dicitur Dervus, super fluvium Barsam, petierit sibi locum et licentiam dari adexartandi sive concidendi atque emundandi sive procurandi tanti spacii terram ad edificandam ibi cellam ceteraque ȩdificia vel laborum fructus circa excolendos, quȩ per girum undique inter terram arabilem et silvam cingitur perticarum ancin-[5]-garum in longitudine quingentarum, in latitudine ducentarum viginti. Unde obtulit una cum ejusdem loci reverendis viris auctoritatem privilegii episcopalis servandam, eorum venerabilium manibus subter roboratam atque ejusdem Aledramni scriptu firmatam, sed pro integra firmitate petiit celsitudinem nostram [6] ut idem privilegium nostrae auctoritatis precepto plenius confirmare dignaremur. Cujus ergo exaudibiles preces clementer excipientes, hoc auctoritatis nostrȩ preceptum fieri jussimus, per quod precipimus atque firmamus ut, sicut in eodem privilegio plenius laciusque continetur, sic nostris ac futuris temporibus firmiter inviolabiliterque maneat [7] inconvulsum, eo videlicet modo ut, post excessum ejusdem venerabilis patris Adremaris, potestatem habeant superstes ejus qui fuerint ex sese ejusdem loci prestituendi atque eligendi sibi secundum regulam sancti Benedicti absque alicujus comitis interrogatione, salva monasticȩ regulȩ auctoritate, ad [8] consensum proprii loci, abbatem. Et annis singulis volumus, sicut in eorum privilegio continetur, ut partibus comitis, quia de suo jure ipsȩ res quondam fuisse noscuntur, in festivitate sancti Petri argenti denarios viginti ejusdem loci abba persolvat, remota omnis inquietudinis contrarietate [9] vel obpugnatione. Et ut haec munificentiae nostrȩ auctoritas firmior habeatur, et per ventura tempora diligentius a Dei fidelibus conservetur, de anulo nostro subter eam jussimus sigillari.

[10] <Signum Karoli (Monogramma) serenissimi regis.> (Chrismon) Gislebertus notarius ad vicem Hludowici recognovit et s. (Signum recognitionis cum notis inclusis: Odo comes impetravit.) (Locus sigilli).

[11] Data VII kl. mai., indictione III, in anno XIIII regnante Karolo gloriosissimo rege. Actum Adtiniaco palatio regis. In Dei nomine feliciter. Amen.


Localisation de l'acte

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