[856, février]. — [Louviers].
Charles le Chauve, en reconnaissance de la guérison d'un mal de dents et à la prière de la reine Ermentrude, fait une donation aux saints Ragnobert et Zénon et affecte les biens donnés aux besoins des serviteurs de Dieu établis près de leurs reliques.
a. Dom Luc d'Achery, Spicilegium, 1re éd. (in-4°), t. XII (1675), p. 619.
b. Acta sanctorum, mai, t. III (1680), p. 624.
c. Dom Luc d'Achery, Spicilegium, éd. de La Barre (in-fol.), t. II (1723), p. 132, d'après a.
d. Recueil des historiens de la France, t. VII, p. 366, d'après b.
e. F. Lot, Mélanges carolingiens. I. Veteres Domus, dans Le Moyen Age, t. XVII (1904), p. 467, d'après a.
La date de ce diplôme est fournie par l'entrevue de Charles le Chauve et d'Erispoé à Louviers et par le rapprochement avec les deux diplômes précédents. — Le texte qu'on va lire pourrait faire croire à l'existence de deux préceptes distincts, l'un délivré à la suite de la guérison du roi, après la translation des reliques à Suiacum, à une date qui, on va le voir, ne saurait être antérieure à 847, l'autre, à Louviers, en février 856. On remarquera même que la seconde fois il n'est pas fait mention d'acte écrit et qu'il pourrait s'agir à la rigueur d'une libéralité orale. Nous avons l'impression qu'il s'agit d'une redite de l'auteur et que les deux séries de renseignements s'appliquent au même fait.
Les corps de Ragnobert, évêque de Bayeux, et du diacre Zénon auraient été enlevés en 846 de l'église abandonnée de Saint-Exupère de Bayeux par un homme riche et pieux qui les aurait transportés dans une église dédiée à saint Victor et située sur un domaine lui appartenant (Saint-Victor d'Epines, Eure, arr. Bernay, con Brionne). De là, les reliques furent transférées dans une église neuve dédiée au Saint-Sauveur, à Suiacum (peut-être Notre-Dame d'Epines, à proximité de Saint-Victor). C'est à cette église et aux hommes pieux qui s'y étaient établis que Charles le Chauve fit ses libéralités. — Sur l'Historia translationis..., voir Jules Lair, Études sur les origines de l'évêché de Bayeux, dans la Bibliothèque de l'École des Chartes, 5e série, t. III (1862), p. 101-105, et surtout Léon Levillain, La translation des reliques de saint Austremoine, dans Le Moyen Age, t. XVII (1904), p. 294-303.
Texte établi d'après a et b.
Karolus denique rex Franciae, Aquitaniae, Neustriae gloriosissimus, dolore dentium actus, vota ad beatorum corpora confessorum misit et statim remedium adeptus est. Cujus nobilissima conjux Hermentrudis venerabilis regina ob munificentiae suae pietatis meritum petiit praefati magnificentissimi Karoli regis magnificentiam ut aliquid proprii largiri dignaretur sanctis confessoribus. Cujus petitioni, favente Deo, annuit ac suae proprietatis donum ob suae venerabilissimae conjugis meritum eisdem beatis confessoribus largitus est, atque per auctoritatis suae praeceptum ibidem res cum omni integritate quasdam in beneficio habere et perpetuo habendas tenendasque confirmavit. Fuit autem isdem magnificus rex Karolus circa loca divino cultui mancipata devotissimus ut nullus praedecessorum suorum, imperatorum videlicet et parentum aut regum, fuerit qui tantis munificentiarum suarum rebus exornando ecclesiis Dei contulerit veluti ipse. Quapropter villam quae vocatur Veteres domus veniens, venit ad eum ibi Brittonum Hilispogius princeps cum filio praefati nobilissimi Karoli regis, Hludovico nomine, ibidemque Hilispogius, consilio cum proceribus Francorum nobilissimis habito, Hludovico regis filio regnum Neustriae dedit et in hac regni parte eum regnare constituit, et in eodem placito Carolus rex ob suae nobilissimae conjugis Hermentrudis devotionem beatis confessoribus veluti aliis plurimis sanctorum locis de suo largitus est ad servorum Dei ibidem Deo famulantium stipendia, unde, largiente Deo, cum aliis quibuslibet rebus quas ibidem Deum timentes contulerunt, ejusdem ecclesiae patres vivere queant...