842, 14 décembre – 843, début de février. — Amiens.

Charles le Chauve, étant venu au monastère de Saint-Pierre de Corbie pour y prier, et ayant appris l'utilité pour les moines du pont établi à Daours sur la Somme, appartenant au domaine public, le donne avec le péage audit monastère.

Référence : Arthur Giry, Maurice Prou, Georges Tessier et Ferdinand Lot (éd.), Recueil des actes de Charles II le Chauve, roi de France (840-860), Vol. 1, Paris, 1943, no18.

A. Original perdu.

B. Copie du xiie s., dans un fragment de cartulaire annexé au Cartulaire noir de Corbie, Bibliothèque nationale, ms. latin 17758 (anc. Corbie 19), fol. B v°, sous la rubrique: «De ponte Durdis».

C. Copie du xviie s., par Du Cange, Bibliothèque nationale, ms. français 9468, fol. 184, «extrait du grand cartul. de Corbie couvert de damas».

D. Copie du xviie s., dans Bonnefons, Matériaux de l'histoire de l'abbaye de Corbie, Archives de la Somme, IX H 9, d'après B.

E. Copie du xviie s., dans Bonnefons, Antiqua Corbeia sive... monasterii Corbeiensis... historia, pars 3a, Bibliothèque nationale, ms. lat. 17142 (anc. Corbie 261) fol. 131, d'après D.

F. Copie du xviiie s., Bibliothèque de l'Arsenal, à Paris, ms. 4103, fol. 31, d'après C.

G. Copie du xviiie s., par Dom Grenier, Bibliothèque nationale, Collection de Picardie, vol. 53, fol. 14, d'après E.

H. Copie du xviiie s., par Dom Grenier, Bibliothèque nationale, Collection de Picardie, vol. 233, fol. 28, d'après G.

I. Copie du xviiie s., par Dom Grenier, Bibliothèque nationale, Collection Moreau, vol. 1, fol. 149, d'après G.

a. Hardouin, dans Du Cange, Histoire de l'état de la ville d'Amiens et de ses comtes (publ. par Hardouin en 1840), p. 23, note, d'après B.

b. H.L. Bordier, Des droits de justice..., dans la Bibliothèque de l'École des chartes, 2e série, t. IV (1847-1848), p. 213, n. 1, édition partielle d'après I.

c. L. Levillain, Examen critique des chartes mérovingiennes et carolingiennes de l'abbaye de Corbie, p. 255, n° 26, d'après B.

Indiqué : L. Levillain, ouvrage cité, p. 121.

Indiqué : Lot et Halphen, Le règne de Charles le Chauve, p. 61, n. 7.

Ce diplôme est daté de la troisième année du règne, laquelle s'étend du 20 juin 842 au 19 juin 843. Charles y demande des prières pour lui et pour sa femme. Comme il épousa Ermentrude le 13 ou le 14 décembre 842, le diplôme ne peut être antérieur à cette date. D'autre part il a été donné à Amiens. C'est à la fin de décembre 842 et en janvier 843 que Charles se tint dans cette région; dès le 18 février il était à Vernantes d'où il gagna Tours et l'Aquitaine. En réalité, l'itinéraire du roi est mal connu du mois de mars au 5 juillet 843 et il ne serait pas impossible de retrouver Charles à Amiens au printemps de 843. Mais il est plus naturel de penser que le roi s'est arrêté à Amiens en quittant Saint-Vaast d'Arras où il se trouvait le 23 janvier (diplôme n° 17).

Mais on peut se demander si ce diplôme est sincère. Plusieurs irrégularités, notamment l'incorrection de la formule de date, peuvent s'expliquer par des accidents de transmission. On peut difficilement s'appuyer sur cet argument pour défendre le préambule. Il est composé de trois phrases et l'idée d'ordinaire exprimée au début des donations aux églises n'apparaît que dans la troisième et en des termes anormaux. L. Levillain (ouvr. cité, p. 123) pense «que nous devons accepter le fait lui-même de la donation et considérer le texte qui nous a été transmis soit comme une analyse, soit comme la teneur d'un acte récrit». C'est sous toutes réserves que nous insérons ce diplôme parmi les actes sincères.

Il n'y a pas lieu de tirer argument dans un sens ou dans l'autre du sceau dessiné sur la copie B à la suite du texte. C'est une addition fantaisiste de la fin du xiiie siècle. (Cf. dans le ms. latin 17764, fol. 50, le dessin du sceau de Charles le Chauve à la suite du diplôme du 29 mars 877, fol. 19, celui du sceau de Clotaire, enfin, fol. 21 et fol. 46 v°, celui du sceau de Louis le Pieux. Tous ces dessins sont de la main qui a dessiné le sceau de notre diplôme).


Texte établi d'après B et C.

In nomine sancte et individue Trinitatis. Karolus gratia Dei rex. Regum semper in omnibus munificentissima liberalitate sanctorum loca rebus et donationibus constat ditari et eorum tuitionibus semper muniri. Justum est enim ut qui sibi cognoscunt à Deo regnum collatum, ipsi quoque eum Ecclesiamque ipsius muneribus suis et venerentur jugiter et honorent. Propter quod nos quoque, si aliquid ad regni monasteria conferimus, consuetudinem regalem exercemus et quod nobis in presenti vita regnoque nostro proficiat prospicimus et unde retributionem regnique gloriam in secula eterna detineamus preparamus. Idcirco cognoscant omnes Ecclesie Dei sancte nostrique fideles quod venientes ad monasterium Corbeie, quod est constructum in pago Ambianensi super fluvium Somana, in honorem beati Petri principis apostolorum et sancti Stephani protomartyris, causa orationis, cognovimus quia pons qui est ad Durdis super fluvium Somana, qui aliquando ad jus publicum pertinebat, conveniens et utilis esset ad necessitatem fratrum in predicto monasterio Deo militantium. Propter quod volumus eum dare et tradere prefato monasterio pro anime piissimi genitoris nostri Hludovici elemosina sive pro nostra eterne remuneratione beatitudinis ut tam pons ipse quam vectigal quod ex eo percipitur ejus congregationis utilitatibus ex hodierna die deserviat atque proficiat, et abbas congregatioque ipsa, tam qui presentes nunc sunt quam successores eorum, liberam ac firmissimam quicquid de eo pro utilitatibus ecclesie sue facere decreverint habeant potestatem faciendi, quatinus pro nobis et conjuge nostra totiusque regni nobis a Deo collati pace et stabilitate jocundius et devotius omnipotentem Dominum die noctuque incessanter exorare valeant. Et ut preceptionis nostre auctoritas certior firmiorque habeatur in posterum, anulo nostro subter decrevimus roborare.

Data Ambianis, anno tertio regni Karoli.


Localisation de l'acte

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