843 (?), 21 mai. — Compiègne.

Charles le Chauve, renouvelant, à la prière des moines de Saint-Riquier, un précepte de Louis le Pieux, affecte à leur entretien exclusif et exempte de toute prestation les «villae» de Chevincourt, Brenouille, Eaucourt, Vaux, Drugy, Neuville, Agenvillers ou plus exactement Nuemont ou Nuelmont, Yvrench, Bayardes, Courcelles, [La-Motte-]Croix, «Langoratum», Abihen, Sorrus, Noyelles, Vercourt, Conchil, Roquemont et Mers.

Référence : Arthur Giry, Maurice Prou, Georges Tessier et Ferdinand Lot (éd.), Recueil des actes de Charles II le Chauve, roi de France (840-860), Vol. 1, Paris, 1943, no22.

A. Original perdu.

B. Copie du xviie s., par André Du Chesne, dans Hariulf, Chronicon Centulense, livre III, chap. vii, Bibliothèque nationale, ms. lat. 12893 (ancien Saint-Germain lat. 5312), fol. 208, d'après le manuscrit présumé autographe d'Hariulf.

C. Copie du xviie s., dans la même chronique, Bibliothèque d'Amiens, ms. 531, d'après B.

D. Copie du xviie s., dans la même chronique, Bibliothèque nationale, ms. lat. 11733, fol. 238, d'après a.

a. Dom Luc d'Achery, Spicilegium, 1re édition (in-4°), t. IV (1671), p. 493, d'après B.

b. Lecointe, Annales ecclesiastici Francorum, t. VIII, p. 693, d'après a.

c. Dom Luc d'Achery, Spicilegium, éd. de La Barre (in-fol.), t. II (1723), p. 314, d'après a collationné par Dom Ursin Durand sur le manuscrit présumé autographe d'Hariulf.

d. Recueil des historiens de la France, t. VIII, p. 434, n° ix (année 842), d'après a.

e. Migne, Patrologiae [latinae] cursus, t. CLXXIV, col. 1268, d'après c.

f. F. Lot. Hariulf, Chronique de l'abbaye de Saint-Riquier, p. 107, d'après c, C et a.

Indiqué : Georgisch, Regesta, t. I, col. 101.

Indiqué : Bréquigny, Table chronologique, t. I, p. 206 (année 842).

Indiqué : Lot et Halphen, Le règne de Charles le Chauve, p. 62, n. 5.

La date de ce diplôme souffre difficulté. L'interprétation des données chronologiques fournies par Hariulf donne le 21 mai 844. Or Charles le Chauve était alors devant Toulouse et le diplôme est daté de Compiègne. Il faut admettre soit un intervalle de plusieurs mois entre la concession de la faveur à Compiègne et l'expédition de l'instrument écrit, soit une erreur fortuite dans la transcription de la date, soit enfin une altération volontaire apportée par Hariulf à la date que portait l'original. La première solution n'est guère vraisemblable. Il ne semble pas d'ailleurs que le notaire Meginarius ait accompagné le roi au cours de son expédition en Aquitaine. Faute de lecture commise par Hariulf entraînant une erreur dans la transcription? Ce n'est pas impossible, mais les corrections risquent d'être arbitraires. Dom Bouquet proposait de corriger XII. kal. jun[ii] en XII. kal. jan., ce qui donnerait le 21 décembre 843. Il faudrait alors supposer un voyage de Charles dans la vallée de l'Oise entre le mois de novembre où nous le trouvons près du Mans, à l'assemblée de Coulaines, et le 27 décembre où nous le voyons à Saint-Martin de Tours. F. Lot et L. Halphen (ouvrage cité, p. 62, n. 5) ont suggéré autre chose: «La correction XII kal. julii qui nous reporterait au 20 juin 843 (premier jour de la quatrième année du règne) permettrait, semble-t-il, de tout concilier et ferait même coïncider l'an du règne et l'indiction.» De fait, la sixième indiction indiquée dans la formule de date ne convient pas à l'année 844, mais à l'année 843. Mais si au point de vue paléographique l'erreur s'explique facilement, il n'est pas sûr que la chancellerie ait toujours fait coïncider exactement le début de l'année du règne avec le jour anniversaire de la mort de Louis le Pieux. Reste l'hypothèse, plus séduisante à notre gré, d'une correction qui serait l'œuvre volontaire d'Hariulf. Celui-ci venait de transcrire un diplôme du roi Lothaire de 974 en l'attribuant à l'empereur Lothaire Ier, et il ne s'était pas gêné pour modifier l'année de l'Incarnation et l'indiction et dater cet acte de 843 (F. Lot, ouvr. cité, p. 106, n. 1). Commençant un nouveau chapitre «Anno Dominicae Incarnationis DCCCXLIV, regnante Karolo anno IV, indictione VI (sic)...», il y insère le diplôme de Charles. On imagine assez bien le mobile auquel aurait obéi Hariulf en ne voulant pas donner la même date d'année au diplôme de Charles le Chauve qu'à celui du pseudo-diplôme de Lothaire Ier, et en augmentant d'une unité le chiffre des années du règne. En suggérant la date du 21 mai 843, nous arrivons à une conclusion très voisine de celle proposée par L. Halphen et F. Lot.

Les passages imprimés en petit texte représentent les parties du diplôme de Louis le Pieux du 3 avril 830 (Böhmer-Mühlbacher, Die Regesten, n° 874 (845); publié par F. Lot, dans Hariulf, p. 84) reproduites dans celui de Charles le Chauve.

En ce qui concerne l'établissement du texte de la chronique d'Hariulf, nous adoptons les conclusions de F. Lot (ouvr. cité, p. lvii et suivantes), modifiées par le même savant dans ses Nouvelles recherches sur le texte de la chronique de l'abbaye de Saint-Riquier par Hariulf (Bibliothèque de l'École des Chartes, t. LXXII, 1911, p. 245-266). Conséquemment, nous ne tenons compte que de B et de c.

In nomine sanctae et individuae Trinitatis. Karolus gratia Dei rex. Si servorum Dei justis et rationabilibus petitionibus benignitatis nostrae assensum praebemus, regiae celsitudinis opera frequentamus ac per hoc facilius nos aeternae beatitudinis gloriam adepturos liquido confidimus. Quocirca noverit omnium sanctae Dei Ecclesiae fidelium atque nostrorum, tam praesentium quam et futurorum, solertia quia viri religiosi monachi ex monasterio Centulo, praeclarissimi scilicet confessoris Christi Richarii, culminis nostri adeuntes serenitatem obtulerunt praecellentiae nostrae gloriosae memoriae domni et genitoris nostri Caesaris augusti Hludogvici auctoritatem qua continetur qualiter idem domnus et genitor noster quasdam villas ex eadem sancti Richarii abbatia usibus et stipendiis eorumdem monachorum constitutas eis concesserit atque, ut nullius quandoque abbatis vel cujuscumque personae minoratione illis subtrahantur, imperiali praeceptione pleniter confirmaverit, ac proinde oraverunt iidem monachi magnitudinem nostram ut eamdem domni genitoris nostri imperialem auctoritatem nos denuo reconfirmare vel renovare dignaremur per praecellentiae nostrae rescriptionem. Quorum denique preces clementer audivimus et ita illis in omnibus concessisse cunctis notum esse volumus, quin etiam reverentiae nostrae scriptum hoc speciali conditione fieri jussimus, per quod memoratas villas, hoc est Civinocurtem cum Bronoilo, Aldulficurtem, Valles, Drussiacum, Novam villam, Montem angelorum, Guibrentium, Bagardas, Curticellam, Crux, Langoratum, Altegiam, Sidrudem, Niviellam, Verculf, Concilium, Roconis montem, Maris, vel quicquid ad supradicta loca praesenti tempore juste et legaliter aspicere videtur, sicut a domno et genitore nostro statutum est, usibus et stipendiis monachorum in praefato loco Christo famulantium concedimus atque firmamus, videlicet ut nulli unquam liceat ab eorum dominio ex eisdem villis aliquid abstrahere aut minuere aut in alios usus convertere, nec paratas aut lidimonium aut hostilicium aut alias quaslibet redibitiones praesumat ullo modo exigere, sed, sicut dictum est, eo modo atque tenore quo a piissimo imperatore genitore nostro statutum est, ita nostris et futuris temporibus secure illas teneant et quiete possideant, quatenus eosdem Dei servos in praemisso monasterio Domino militantes pro salute ejusdem genitoris nostri et felicitate nostra et conjugis proleque sive stabilitate regni nostri incessanter piissimi judicis misericordiam implorare delectet. Et ut haec auctoritas per futura tempora inviolabilem et inconvulsam obtineat firmitatem, manu propria subter firmavimus et anuli nostri impressione assignari jussimus.

Signum Karoli gloriosissimi regis.

Meginarius notarius ad vicem Hludovici recognovi et subscripsi.

Data XII kl. junii, anno IIII regnante domno Karolo serenissimo rege, indictione VI. Actum Compendio palatio regio. In Dei nomine feliciter. Amen.


Localisation de l'acte

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