843, 30 août. — Quierzy.
Charles le Chauve donne en pleine propriété au comte Hardouin la «villa» de Bouillancourt, sise dans le pays de Caux, sur la Bresle, tenue jusque là en bénéfice par le donataire et comprenant quarante manses, une chapelle et une «cortis dominica».
A. Original. Parchemin scellé. Hauteur, 480 mm. à gauche, 470 mm. à droite; largeur, 655 mm. en haut, 640 mm. en bas. Archives nationales, K 10, n° 72 (ancien fonds de Saint-Maur-des-Fossés).
B. Copie partielle de l'année 1606, par Peiresc (Antiquitez françoises, t. XXIII, 1), Bibliothèque de Carpentras, ms. 1791, fol. 425 v°, d'après des notes du chanoine Jacques Dubois.
C. Copie du xviie s., par André Du Chesne, Bibliothèque nationale, Collection Baluze, vol. 41, fol. 176.
D. Copie de l'année 1721, pour Jean Bouhier, Bibliothèque nationale, ms. lat. 17709 (anc. Bouhier 26), p. 122, pièce n° 98, avec dessin du monogramme.
a. Tardif, Cartons des rois, p. 95, n° 142, d'après A.
Fac-similé : de l'original: Lot, Lauer et Tessier, Diplomata Karolinorum, III, pl. vii.
Indiqué : Lot et Halphen, Le règne de Charles le Chauve, p. 85, n. 2.
Indiqué : Jusselin, Liste chronologique..., dans Le Moyen Age, t. XXXIX (1929), p. 219.
On ne peut pas douter que la villa appelée ici Bosleni Pons, sise au pays de Caux, sur le fleuve Vinglena, ne soit la même que Warimbourg, veuve du comte Hardouin, donna le 13 janvier 859 au monastère des Fossés, mais qui dans l'acte de 859 est appelée «Boslenvilla, que est sita in pagos Tallau et Vimnau super fluvium Vinlena, sicut eam regiam (sic) benignitas adque potestas nobis largiri per preceptum dignata est». Il n'y a pas contradiction entre la localisation du diplôme de 843 et celle de la charte de 859, car d'une part le Talou répondait à la partie orientale de l'ancienne cité des Caletes (pays de Caux), et d'autre part la villa pouvait s'étendre sur le territoire du Vimeu, séparé du Talou par la Bresle. D'ailleurs, la villa appelée Bosleni Pons n'était sans doute qu'une partie du domaine originel de Boslenus. F. Lot (Mélanges carolingiens. III. Le nom ancien de la Bresle, dans Le Moyen Age, t. XVIII (1905), p. 27-33) a identifié Boslenvilla avec Bouillancourt-en-Séry, sis sur la rive droite de la Bresle, et le petit fleuve Vinglena ou Vinlena avec la Bresle. La substitution de -court à -ville dans le second terme du nom ne va pas contre cette identification, car dans le diplôme de 843, il est dit que la villa comprenait une cortis dominica, qui pouvait être appelée Boslenicortis. Dans la suite des temps l'appellation de la cour, centre de la villa, aura prévalu pour désigner l'ensemble du domaine.
(Chrismon) In nomine sanctae et individuae Trinitatis. Karolus gratia Dei rex. Regalis celsitudinis mos est fideles suos donis multiplicibus atque ingentibus honoribus honorare et sublimare. [2] Proinde ergo morem parentum regum videlicet predecessorum nostrorum sequentes, libuit celsitudini nostrae quendam dilectum et amabilem nobis comitem nostrum Harduinum de quibusdam rebus nostrae proprietatis, quas ipse hactenus in jus beneficii habuit, honorare atque in sui juris dominationem liberalitatis [3] nostrae gratiam conferre. Ideoque notum sit omnibus sanctae Dei Eclesiae fidelibus et nostris, presentibus atque futuris, quia concedimus ad proprium eidem comiti nostro Harduino quasdam res nostrae proprietatis, hoc est in pago Calcis, super fluvium Vinglena, villam quae vocatur Bosleni Pons, quae habet [4] quadraginta mansos. Unde etiam hoc precellentiae nostrae preceptum fieri jussimus, per quod eosdem quadraginta mansos villae Bosleni Pontis cum omni integritate, id est cum cappella et casa seu corte dominica et ceteris aedificiis, cum mancipiis utriusque sexus, cum terris cultis [5] et incultis, pratis, silvis, pascuis, aquis aquarumque decursibus, molendinis, exitibus et regressibus, prememorato fideli nobis comiti nostro Harduino ad proprium concedimus et de nostro jure in jus ac potestatem illius sollemni donatione transferimus, eo videlicet modo ut quicquid exinde ab hodierna die [6] facere voluerit, liberam et firmissimam, hoc est vendendi, tradendi, concambiandi et cuicunque post se voluerit relinquendi, habeat potestatem sicut ex aliis rebus suarum proprietatum. Ut autem hoc magnitudinis nostrae preceptum pleniorem in Dei nomine semper obtineat firmitatem, manu nostra eam [7] subter firmavimus et de anulo nostro sigillari fecimus.
[8] Signum (Monogramma) Karoli gloriosissimi regis.
[9] (Chrismon) Aeneas notarius ad vicem Hludowici recognovit et s. (Signum recognitionis cum verbis inclusis: Vivianus impetravit). (Sigillum).
[10] Data III kld. septembr., indictione VI, anno IIII regni prestantissimi regis Karoli. Actum in Carisiaco palacio regio. In Dei nomine feliciter. A M H N. (Nota) Amen.
Image de l'acte
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Cliché Archives nationales de France.