[866, fin juillet].

Charles le Chauve informe le pape Nicolas Ier qu'il a exécuté les instructions pontificales concernant son fidèle «ministerialis» Gouffé (Vulfadus) et ses compagnons, dégradés comme ayant été ordonnés par feu l'archevêque de Reims Ebbon, qu'il est intervenu auprès d'Hincmar pour l'amener à exécuter ces mêmes consignes, que le concile convoqué conformément aux ordres du pape se réunira le 18 août en vue de la réhabilitation des clercs déchus, comme il le lui a déjà fait savoir par Éric, sujet de l'empereur Louis II, que Gouffé a été désigné par une élection unanime pour succéder sur le siège de Bourges à l'archevêque Raoul récemment décédé, que les besoins du diocèse, le tempérament des Aquitains et la situation du royaume [d'Aquitaine], confié à un enfant infirme [Charles le Jeune], imposent le choix d'un prélat aussi remarquable par le caractère que par la prudence, mais qu'il n'a pas voulu devancer la décision du concile en préposant Gouffé à l'église de Bourges sans en référer au pape. Il demande à celui-ci que l'ordination sacerdotale soit conférée à Gouffé au mois de septembre et que, s'il répugne au pape de donner cette autorisation avant que les résultats des délibérations conciliaires lui aient été transmis, il lui soit permis vu l'urgence de confier à Gouffé [l'administration de] l'église de Bourges. Le roi termine en faisant les plus grands éloges de l'élu.

Référence : Arthur Giry, Maurice Prou, Georges Tessier et Ferdinand Lot (éd.), Recueil des actes de Charles II le Chauve, roi de France (840-877), Vol. 2, Paris, 1955, no294.

Lettre publiée pour la première fois par Sirmond, Concilia antiqua Galliae, t. III, p. 613, d'après le ms. 407 de la Bibliothèque municipale de Laon, fol. 36, édition reproduite dans les collections conciliaires, dans le Recueil des historiens de la France, t. VII, p. 554 et par l'abbé Migne, Patrologiae [latinae] cursus, t. CXXIV, col. 867. Cf. Bréquigny, Table chronologique, t. I, p. 276 et F. Lot, Une année du règne de Charles le Chauve. Année 866, dans Le Moyen Âge, t. XV (1902), p. 412-414 et p. 414, n. 1.

Les circonstances qui ont motivé l'expédition de cette lettre sont exposées dans le mémoire de F. Lot. «... Postérieure au 21 juin [mort de Raoul, archevêque de Bourges], antérieure au 18 août [réunion du concile de Saint-Médard], [elle] fut sans doute écrite de Pîtres en juillet [où aurait eu lieu l'assemblée ratifiant le choix de Gouffé en qualité de successeur de Raoul]. La réponse par laquelle Nicolas faisait des réserves expresses dut suivre de peu la réception de la lettre royale. Celle-là étant datée du 29 août, celle-ci doit être de la fin de juillet» (p. 414, n. 1, et p. 412, n. 7).

[Pas d'édition disponible.]