867, 29 août. — Rouy.

Charles le Chauve, à la prière de l'abbé Louis qui lui a présenté le diplôme d'immunité délivré sur l'ordre de Louis le Pieux au monastère de Saint-Denis, met à son tour le monastère sous la protection de l'immunité ainsi que ses dépendances, spécialement celles qui sont comprises entre la Loire et la Seine et dans le royaume d'Aquitaine, et lui abandonne le profit de tous les droits auxquels le fisc pourrait prétendre sur ses biens.

Référence : Arthur Giry, Maurice Prou, Georges Tessier et Ferdinand Lot (éd.), Recueil des actes de Charles II le Chauve, roi de France (840-877), Vol. 2, Paris, 1955, no301.

A. Original. Parchemin scellé. Hauteur, 402 mm. à gauche, 409 mm. à droite; largeur, 562 mm. en haut, 555 mm. en bas. Archives nationales, K 14, n° 4.

B. Copie de mars 1269 ou 1270 dans un vidimus original de saint Louis donné à Vincennes, Archives nationales, K 32, n° 15a.

C. Copie de la fin du xiiie s., dans le Cartulaire blanc de Saint-Denis, t. I, Archives nationales, LL 1157, p. 38, sous la rubrique: «Immunitas domini Karoli gloriosissimi regis Francorum. xxix

D. Copie du xive s., dans le Cartulaire de Thou ou Colbertin, sous la rubrique: «Immunitas Karoli Calvi gloriosissimi regis Francorum». Bibliothèque nationale, ms. lat. 5415, p. 72, d'après C.

E. Copie du 12 octobre 1308, dans un vidimus original de Pierre le Féron, garde de la prévôté de Paris, Archives nationales, L 829, n° 4, d'après B.

F. Copie du 7 octobre 1311, dans un vidimus original de Jean Ploiebauch, garde de la prévôté de Paris, Archives nationales, K 31, n° 14b, d'après B.

G. Copie informe du xive s., Archives nationales, K 31 n° 14a, d'après B.

H. Copie du 7 octobre 1444, dans des vidimus successifs d'Ambroise de Lore et de Jean Ploiebauch, gardes de la prévôté de Paris, Archives nationales, J 156, n° 8, d'après F.

I. Copie du xvie ou du début du xviie s., Bibliothèque nationale, ms. lat. 9852, fol. 15, d'après C.

J. Copie du xviie s., Bibliothèque nationale, ms. lat. 17110 (ms. Bouhier), fol. 35, d'après D.

K. Copie du xviiie s., Archives nationales, LL 1160, p. 83, d'après D.

a. Doublet, Histoire de l'abbaye de Saint-Denis, p. 804, édition incomplète.

b. Recueil des historiens de la France, t. VIII, p. 602, n° cci, édition incomplète, d'après a.

c. Teulet, Layettes du Trésor des chartes, t. I, p. 12, n° 10, d'après H et A.

Fac-similé : de l'original: Lot, Lauer et Tessier, Diplomata Karolinorum, IV, pl. xxxiii.

Indiqué : Bréquigny, Table chronologique, t. I, p. 277.

Indiqué : Böhmer, Regesta, n° 1740.

Indiqué : Tardif, Cartons des rois, p. 128, n° 198.

Indiqué : Jusselin, Liste chronologique..., dans Le Moyen Âge, t. XXXIX (1929), p. 229.

Ce diplôme éveille l'attention par un certain nombre de singularités. Il se donne tout d'abord comme expédié à la prière de l'abbé Louis. Or celui-ci était mort depuis le 9 janvier. L'acte aurait donc dû comme le précédent (n° 300) être expédié à la demande des moines. On sait en effet que Charles le Chauve s'était réservé l'abbatiat. On dira que l'acte a été expédié le 29 août en conséquence d'une requête présentée par l'abbé Louis avant le 9 janvier. Mais comment se fait-il que Louis ne soit pas indiqué comme mort par une formule telle que bonae memoriae? La clause pénale est insolite. Seule serait classique l'amende de 600 sous d'or prévue contre les infracteurs de l'immunité. La formule infra immunitatem sancti Dyonisii (l. 7) semble nous reporter à une époque avancée où l'immunité a pris un caractère nettement territorial. On notera également la gaucherie et l'incorrection de l'addition au diplôme de Louis le Pieux sive in jam dictis regnis vel aliarum regionum (l. 8). Tout s'explique, si, comme il nous paraît certain, le diplôme a été non seulement écrit (voir p. 162, n. 1), mais rédigé à Saint-Denis. On peut penser que l'abbé Louis avait fait établir l'expédition dans le monastère même peu de temps avant son décès et que celle-ci ne fut présentée à la chancellerie que bien des mois plus tard. Quant à la clause pénale et aux deux formules incriminées ci-dessus, elles se retrouvent dans le diplôme d'immunité de Lothaire Ier du 21 octobre 843 (Böhmer-Mühlbacher, Die Regesten, n° 1109, anc. 1076; publié en dernier lieu par L. Levillain, Les diplômes... de Lothaire Ier pour l'abbaye de Saint-Denis, dans la Bibliothèque de l'École des Chartes, t. XCV, 1934, p. 253). Or, de toute évidence, ce diplôme a été lui aussi écrit à Saint-Denis. — A propos des tentatives frauduleuses dont le texte du diplôme a été l'objet au xie siècle, en particulier du grattage de la ligne 5, voir L. Levillain, Études sur l'abbaye de Saint-Denis à l'époque mérovingienne. III, dans la Bibliothèque de l'École des Chartes, t. LXXXVII (1926), p. 28.

Les passages imprimés en petit texte sont empruntés au diplôme de Louis le Pieux du 1er décembre 814 (Böhmer-Mühlbacher, Die Regesten, n° 551, anc. 532).


(Chrismon) In nomine sanctae et individuae Trinitatis. Karolus gratia Dei rex. Si liberalitatis nostrae munere locis Deo dicatis quiddam conferimus beneficii et necessitates ecclesiasticas ad petitiones servorum Dei nostro relevamus [2] juvamine atque regali tuemur munimine, id nobis et ad mortalem vitam temporaliter transiendam et ad aeternam feliciter obtinendam profuturum liquido credimus. Ideoque comperiat omnium fidelium sanctae Dei Ecclesiae, tam praesentium quam et futurorum, sagacitas seu industria quia obtulit optutibus nostris Hludowicus, abba ex monasterio sancti Dyonysii, quod est situm in [3] territorio Parisiaco, ubi ipse sanctus Dyonisius et comites ejus corpore requiescunt, immunitatem domni et genitoris nostri bonae memoriae Hludowici piissimi augusti, in qua erat insertum quod non solum idem genitor noster, verum etiam et praedecessores ejus videlicet reges Francorum sub suo nomine et defensione cum monasteriis virorum et puellarum eidem monasterio sancti Dyonisii subjectis et rebus et hominibus ad se perti-[4]-nentibus vel aspicientibus consistere fecerant et eorum immunitatum auctoritatibus actenus ab inquietudine judiciariae potestatis eundem munitum atque defensum fuisset monasterium, sed pro rei firmitate postulavit nobis praedictus Hludowicus abba ut paternum seu praedecessorum nostrorum regum morem sequentes hujuscemodi nostrae immunitatis praeceptum ob amorem Dei et re-[5]-verentiam ipsius sancti loci circa ipsum monasterium fieri censeremus. Cujus petitioni libenter assensum praebuimus et hoc nostrae auctoritatis praeceptum erga ipsum monasterium immunitatis atque tuitionis gratia pro reverentia sancti Dyonisii patronis nostri et animae nostrae remedio fieri decrevimus, per quod praecipimus atque jubemus ut nullus [judex publicu]s vel quilibet [6] ex judiciaria potestate in cellulas aut in ecclesias aut loca vel agros seu reliquas possessiones quas moderno tempore in quibuslibet provinciis, territoriis vel pagis infra dicionem regni nostri, sive inter Ligerim et Sequanam sive in regno Aquitaniorum, memoratum tenet vel possidet monasterium, vel ea quae deinceps a catholicis viris eidem conlatae fuerint monasterio, ad causas [7] audiendas, vel freda aut tributa exigenda, vel mansiones aut paratas faciendas, aut fidejussores tollendos aut homines ipsius monasterii tam ingenuos quam servos super terram ipsius commanentes distringendos, nec ullas reddibitiones aut inlicitas occasiones requirendas nostris aut futuris temporibus infra immunitatem sancti Dyonisii ingredi audeat, [8] nec ea quae supra memorata sunt paenitus exactare nullo modo praesumat, sed liceat praedicto abbati suisque successoribus res praedicti monasterii sancti Dyonisii sive in jam dictis regnis vel aliarum regionum cum cellulis sibi subjectis et rebus vel hominibus ad se aspicientibus vel pertinentibus sub tuitione atque immunitat[e] nostr[a], remota totius judiciariae [9] potestatis inquietudine, quieto ordine possidere et nostro fideliter parere imperio atque pro incolumitate nostra, conjugis ac prolis seu etiam totius regni a Deo nobis conlati et ejus clementissima miseratione per inmensum conservandi una cum congregationibus ad regendum sibi commissis Domini clementiam valeant jugiter exorare; et quicquid de praefati rebus monasterii [10] jus fisci exigere poterit in integrum in usus congregationis ibidem Deo famulantis et luminaria ipsius monasterii concinnanda vel in alimoniam pauperum proficiat in augmentum. Quisquis vero hoc constitum ab antecessoribus nostris, videlicet regibus Francorum, infregerit vel alios ad hoc conduxerit, unusquisque secundum hanc legem [11] pro semetipso auri libras triginta, argenti pondera quinquaginta multatus componat. Haec itaque auctoritas ut pleniorem in Dei nomine obtineat vigorem et a fidelibus sanctae Dei Ecclesiae et nostris diligentius conservetur, manu propria subter firmavimus et anuli nostri impressione signari jussimus.

[12] Signum (Monogramma) Karoli gloriosissimi regis.

[13] (Chrismon) Hildeboldus notarius ad vicem Goslini recognovi e[t] s. (Signum recognitionis cum notis inclusis: Domnus rex fieri jussit). (Sigillum).

[14] Data IIII kl. septembris, indictione XV, anno XXVIII regnante Karolo gloriosissimo rege. Actum in Rufiaco villa. In Dei nomine feliciter. Amen.


Image de l'acte

Cliquez pour zoomer ou afficher en plein écran. — Consulter sur Nakala

Cliché Archives nationales de France.


Localisation de l'acte

Make this Notebook Trusted to load map: File -> Trust Notebook