[868], 15 mars. — Senlis.
Charles le Chauve, sur le rapport de Josselin (Gozlinus), son protonotaire, ratifie un échange jadis conclu entre l'abbé de Lagny, d'une part, et Enjoubert (Ingelbertus), abbé des Fossés, d'autre part, par lequel ce dernier, avec le consentement de ses moines, avait donné au monastère de Lagny trois manses à Chèvreville, en Mulcien, et trois champs sis en Parisis entre «Luciacus» et «Tercicus».
A. Original mutilé. Parchemin autrefois scellé. Hauteur, 370 mm. à gauche, 360 mm, à droite; largeur, 500 mm. en haut, 482 mm. en bas. Archives nationales, K 11, n° 23.
B. Copie du xviie s., par André Du Chesne, Bibliothèque nationale, Collection Baluze, vol. 41, fol. 129, d'après A, déjà mutilé.
a. Tardif, Cartons des rois, p. 97, n° 150, d'après A (année 846).
b. A. Giry, Dates de deux diplômes de Charles le Chauve pour l'abbaye des Fossés, dans la Bibliothèque de l'École des Chartes, tome LVI (1895), p. 514.
Fac-similé : de l'original: Lot, Lauer et Tessier, Diplomata Karolinorum, IV, pl. xxxvi.
Nous ne saurions mieux faire que de reproduire ici la substance et même les termes du raisonnement par lequel Arthur Giry a assigné à ce diplôme la date qui lui convient (mém. cité sous la lettre b, p. 512). La date qu'on lit au bas de la pièce contient les éléments chronologiques suivants: ides de mars (15 mars), 8e indiction, 6e année du règne, ce qui correspondrait à 845 ou 846, selon que l'on calcule d'après l'un ou l'autre de ces chiffres. C'est ainsi que J. Tardif, s'attachant de préférence à l'année du règne, a daté le diplôme de 846. Mais cette date porte des traces matérielles non équivoques de remaniements. En regardant la pièce en transparence, on voit clairement: 1° que le chiffre VIII, très serré entre les mots indictione et anno, a été récrit sur un grattage; 2° que le chiffre VI était précédé de deux caractères soigneusement grattés, et suivi d'un autre grattage. D'autre part le diplôme est promulgué sur le rapport de Gozlinus abba nosterque protonotarius dont le nom figure en outre dans la formule de recognition. Or Josselin n'est devenu chancelier qu'après la mort de l'abbé de Saint-Denis, Louis, survenue le 9 janvier 867. Si à partir de ce terme on recherche, d'après l'itinéraire de Charles le Chauve, en quelle année ce prince a séjourné à Senlis vers le milieu de mars, on ne trouve que 868 (Annales Bertiniani, éd. Waitz, p. 91, et diplômes des 17 mars, 18 mars et 27 mars 868 publiés ci-après sous les numéros 311, 312 et 313). Il y a donc lieu de restituer ainsi les chiffres altérés de la date: indictione [I], anno [XX]VI[II] regnante..., ce qui correspond parfaitement aux vestiges des chiffres primitifs, et de dater le diplôme du 15 mars 868. La démonstration d'Arthur Giry est confirmée par le fait que le diplôme délivré deux jours plus tard à Senlis pour le monastère des Fossés (n° 311) est précisément de la même main que celui dont la date a été remaniée. «Il subsiste toutefois, remarque A. Giry, une grave difficulté.» En effet, Enjoubert, nommé dans l'acte comme abbé des Fossés, avait cessé de l'être avant le 19 avril 847 (n° 93). Mais il peut fort bien s'agir de la ratification d'un contrat intervenue longtemps après la conclusion de celui-ci. On remarquera précisément que contrairement au formulaire habituel des ratifications d'échanges, il n'est pas dit que les parties elles-mêmes ont présenté le contrat à l'homologation royale. C'est le chancelier qui s'est ici chargé de la formalité. A. Giry propose d'attribuer à Eudes de Saint-Maur le remaniement intervenu dans les données chronologiques de la date, rectification qui aurait été provoquée par la mention de l'abbé Enjoubert.
.................................................................... terra ejusdem Fossatensis adheret monasterii. Econtra vero dedit prefatus Ingelbertus, Fossatensis monasterii abba, ad partem monasterii Latiniaci, una cum consensu fratrum suorum, in pago Meldico, in loco qui vacatur Capreoli villa, [2] mansos tres cum omnibus adjacentiis eorum. Simili etiam modo dedit in pago Parisiaco, inter Luciacum et Tercicum, campos tres, quibus ex duobus frontibus et ambobus lateribus terra suprascripti monasterii jungitur. Unde et duas commutationes [3] aequo tenore conscripserunt et, secondum consuetudinem, suis conscriptionibus confirmaverunt, quas Gozlinus, abba nosterque protonotarius et in cunctis fidelissimus, honorificentiae nostrae ad relegendum presentaliter ostendens, amplissimam excellentiae [4] nostrae magnitudinem petiit ut eas denuo nostrae auctoritatis scripto confirmaremus. Cujus precibus libenter aurem accommodantes, hoc altitudinis nostrae preceptum super easdem commutationes fieri jussimus, per quod precipimus atque firmamus [5] et quicquid pars juste et rationabiliter alteri contulit parti, sicut in jam dictis commutationibus plenius continetur, jure firmissimo teneat atque possideat et faciat inde quicquid elegerit. Ut autem haec auctoritatis nostrae [6] roboratio firmior habeatur potioremque in Dei nomine per futura tempora firmitatis valeat obtinere vigorem, anuli nostri inpressione eam subter jussimus sigillari.
[7] Otfredus notarius ad vicem Gozlini recognovi et s. (Signum recognitionis.) (Locus sigilli.)
[8] Data id. mart., indictione VIII, anno VI regnante Karolo gloriosissimo rege. Actum Silvanectis civitate. In Dei nomine feliciter. Amen.
Image de l'acte
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Cliché Archives nationales de France.