869, 23 février. — Saint-Denis.
Charles le Chauve, renouvelant, à la prière de Jean, abbé du monastère de Saint-André, bâti sur le Tech, dans le «pagus» d'Elne, un précepte qu'il avait accordé au même établissement, met sous la protection de l'immunité le monastère et ses dépendances, notamment la «cellula» de Saint-Martin où résidait primitivement l'abbé Miron [fondateur du monastère], avec la vallée du même nom, celle de saint-Vincent et le «villare» appelé «Garricis», et concède aux moines la liberté des élections abbatiales.
A. Original perdu.
B. Copie du xviie s., Bibliothèque nationale, Collection Baluze, vol. 117, fol. 285 v° (fol. 19 v°), «ex archivo Arulensis coenobii Beatae Mariae de Arulis».
C. Copie du xviie s., par Baluze, ibidem, fol. 341 (p. 13), probablement d'après B.
a. Pierre de Marca, Marca hispanica, Appendix, col. 792, n° xxix, «ex chartulario monasterii Arulensis».
b. Joseph Saenz de Aguirre, Collectio maxima conciliorum omnium Hispaniae, t. III, p. 151, «ex chartulario monasterii Arulensis», d'après a.
c. Gallia christiana, t. VI, instrumenta, col. 476, n° iii.
d. Recueil des historiens de la France, t. VIII, p. 613, n° ccxiv, d'après a.
e. Histoire générale de Languedoc, éd. Privat, t. II, preuves, col. 350, n° 171, d'après c.
f. Ramon d'Abadal i de Vinyals, Catalunya carolingia, t. II, 1re partie (1926-1950), p. 273.
Indiqué : Bibliothèque nationale, Collection Doat, vol. 2, fol. 245, dans l'«Inventaire d'une partie des copies des titres choisis dans le Trésor des chartres de Sa Majesté de la cité de Carcassonne, envoyées à Paris le 29e juillet 1668».
Indiqué : Bréquigny, Table chronologique, t. I, p. 285.
Indiqué : Böhmer, Regesta, n° 1752.
Ce diplôme se présente comme le renouvellement de celui de 844-849 publié dans le tome I du présent Recueil, p. 322, sous le n° 122. En réalité, bien que les dispositions du premier se retrouvent dans le second, les deux rédactions sont indépendantes. Par contre, le formulaire de l'acte ci-dessous transcrit est étroitement apparenté à celui du diplôme expédié le même jour pour Notre-Dame d'Arles, publié ci-après sous le n° 321. D'autre part, quelques expressions, reproduites ci-dessous en petits caractères, révèlent un emprunt direct au diplôme expédié par Louis le Pieux en faveur de Saint-André et que le rédacteur prétend n'avoir connu que par l'intermédiaire de l'acte de 844-849, «...ostendit nostrae auctoritatis praeceptum in quo continebatur quod piae recordationis genitor noster et nos...».
L'établissement du texte soulève un petit problème de tradition. La copie B dérive certainement d'une copie ancienne, dont elle reproduit les graphies (e au lieu de ae, ci au lieu de ti). Nous croyons qu'il doit s'agir d'une copie isolée, plus ou moins figurée, versée dans les archives de Notre-Dame d'Arles au moment de l'union de Saint-André de Sorède avec ce monastère, plutôt que d'un cartulaire de Notre-Dame d'Arles. On ne concevrait guère que ce diplôme eût pris place dans le cartulaire médiéval d'un établissement auquel Saint-André ne fut uni qu'en 1592 (Gallia christiana, t. VI, col. 1078). On est tenté de croire a priori que l'éditeur de a a eu à sa disposition la copie B, qui se trouve précisément dans les papiers de Marca et qui contient la même cacographie (Atogarius) que cette copie dans la souscription de chancellerie. Mais le texte de a est incontestablement meilleur que B. On peut se demander si l'éditeur s'est servi de B en corrigeant et améliorant la copie ou s'il a eu à sa disposition la copie ancienne sur laquelle a opéré le copiste de B. Malgré l'importance des variantes, la première hypothèse est plus probable.
Texte établi d'après B et a, en suivant l'orthographe de a. Dans les notes, variantes de c.
In nomine sancte et individue Trinitatis. Karolus gratia Dei rex. Quicquid pro Dei sanctorumque amore agimus, profuturum nobis ad praesentis vite <lubrica> curricula felicius transigenda et ad futurae beatitudinis premia facilius obtinenda non dubitamus. Comperiat igitur omnium fidelium sancte Dei Ecclesie nostrorumque, presencium ac futurorum, sollertia quia quidam venerabilis abba monasterii sancti Andree apostoli in pago Elenensi super fluvium Tacicum, sui nomine Johannes, ad nostram accedens magnitudinem, ostendit nostre auctoritatis praeceptum in quo continebatur quod pie recordacionis genitor noster et nos idem monasterium cum ejusdem abbatibus et monachis omnibusque ad illud pertinentibus in sue nostreque immunitatis tuicione misisset, humiliter postulans ut iterum eandem immunitatis auctoritatem renovare dignaremur. Cujus postulacionibus ob Dei sanctique Andree apostoli amorem et honorem assensum prebentes, suscipimus nominatum abbatem cum suo monasterio ac monachis ibidem degentibus sub nostre immunitatis precepto cum omnibus cellulis ad eum pertinentibus in supradicto pago Helenense, unam videlicet in honore sancti Martini sitam, in qua primitus Miro quondam abba habitare cepit, ipsamque vallem cum prefata cellula cum omni integritate concedimus, necnon et aliam cellulam concedimus in honore sancti Vincencii constructam, seu et villare quod dicitur Garricis, cum ipsis domibus quas Sisegutus quondam abba aedificavit per jussionem domni Ludovici imperatoris, cum ipsis fiscalibus terris cum terminis vel adjacenciis suis, vel omnia quaecunque ad eorum pertinent dominium, cum domibus, edificiis, curtiferis, viridigariis, hortis, vineis, silvis, terris, pratis, pascuis, aquis aquarumve decursibus, farinariis, piscatoriis, exitibus et regressibus, perviis, adjacenciis et quicquid aut regali aut aliorum Deum timencium donacione aut emptione aut commutacione aut eorundem monachorum manuum propriarum apprehensione, aut quolibet adtracto vel adquisito juste et racionabiliter possident, aut in futuro adquirere potuerint, in nostre immunitatis tuicione ac mundeburdo recepimus et in futuro firmiter tenebimus. Quapropter precipimus atque firmamus ut nullus judex publicus vel quislibet ex judiciaria potestate in ecclesias aut loca vel agros seu reliquas possessiones ad causas audiendas vel injusta freda exigenda, vel paratas faciendas aut ullas redibitiones vel inlicitas occasiones requirendas, aut fidejussores tollendos, vel homines illorum distringendos ingredi audeat, nec ea quae supra memorata sunt penitus exigere presumat, sed liceat prefato abbati suisque successoribus absque alicujus inquietudine quiete vivere et Domino deservire et pro nobis, conjuge et prole tociusque regni nostri stabilitate Deum exorare; et quandocumque divina vocatione memoratus abba aut successores ejus de hac luce migraverint, quamdiu inter se tales invenire potuerint qui eos secundum regulam sancti Benedicti regere et ordinare valeant, licentiam habeant ex se ipsis eligendi abbatem. Ut autem haec nostrae auctoritatis preceptio inviolabilem obtineat fimitatem, manu propria subter eam firmavimus et anuli nostri impressione sigillari jussimus.
Signum (Monogramma) Karoli gloriosissimi regis.
Atogarius notarius ad vicem Goslini recognovit.
Data VII kl. marcii, indictione II, anno XXVIIII regnante Karolo gloriosissimo rege. Actum in monasterio sancti Dionysii. In Dei nomine feliciter. Amen.