844, 8 février. — Limoges.

Charles le Chauve, à la prière de Doon (Dodo), évêque d'Angers, et sur la vue d'un précepte de l'empereur Louis le Pieux, confirme à l'église cathédrale Saint-Maurice les biens qui lui ont été précédemment donnés ou confirmés, savoir les «villae» de Morannes, de «Jucundiacum», d'Epina (aujourd'hui Montfort), la moitié de «la villa» de «Cragaracius», «la villa» d'Ecuillé, la «cella» de Chemillé, la «villa» de Chênehutte sur la Loire, la «cella» de Chalonnes sur la Loire, les «cellae» de Saint-Maurille et de Sainte-Geneviève sous les murs de la cité d'Angers, la «cella» de Saint-Étienne à l'intérieur de la dite cité, et lui renouvelle le privilège de l'immunité.

Référence : Arthur Giry, Maurice Prou, Georges Tessier et Ferdinand Lot (éd.), Recueil des actes de Charles II le Chauve, roi de France (840-860), Vol. 1, Paris, 1943, no32.

A. Original perdu.

B. Copie du xviiie s., par Dom Housseau, Bibliothèque nationale, Collection de Touraine, vol. I, fol. 52, n° 43, sous le titre: «Exemplar praecepti Caroli regis de immunitate et confirmatione rerum sancti Mauricii, quae sunt villa Morenna, villa Jucundiacum, villa Spinacium, medietas villae Cragaracii, villa Scubiliacus, cella Camilliacus, villa Carnona, cella Calonna, cella sancti Maurilii, cella beatae Genovefae, cella beati Stephani sub Dodone episcopo», d'après le «titre original» aux archives du chapitre d'Angers, «dans le registre cotté AB des privilèges, 13e fenestre, à la cotte 7».

C. Copie du xviiie s., par Dom Housseau, Bibliothèque nationale, Collection Bréquigny, vol. 46, fol. 39, d'après A.

D. Copie collationnée le 8 mai 1776 par les notaires Carré et Deville «sur l'original en parchemin étant au livre des privilèges de l'église d'Angers...», Bibliothèque d'Angers, ms. 707 (anc. 637), fol. 332, d'après A.

E. Copie du xve s., dans une transcription d'un vidimus de Louis XI, donné à Tours en octobre 1461, vidimant des lettres de Charles V données à Paris en août 1370, et enregistré au Parlement le 14 décembre 1461, Archives Nationales, X1A 8605, fol. ccxxx.

F. Copie du xve s., dans une transcription du même vidimus de Louis XI, Archives nationales JJ 198, fol. 91 v°, n° iiiixxxv.

G. Copie du xviie s., par André Du Chesne, Bibliothèque nationale, Collection Baluze, vol. 39, fol. 36 v°, peut-être d'après le vidimus de Louis XI mentionné en E et F.

H. Copie du xve s., dans une transcription d'un vidimus de Louis XII, donné à Paris en juillet 1498, vidimant des lettres de Charles VI de juillet 1382, et enregistré au Parlement le 6 août 1498, Archives nationales, X1A 8610, fol. xx v°.

I. Copie du 3 mars 1506, par les notaires Ambroise Goucard et Olivier Fradin, Bibliothèque du chanoine Urseau, à Angers, d'après l'original du vidimus de Louis XII mentionné en H.

J. Copie du xviiie s., par Grandet, manuscrit de la Bibliothèque du chanoine Urseau à Angers, p. 44, sous le même titre qu'en B avec référence à une copie authentique de l'original, mais peut-être d'après le Cartulaire noir de l'église d'Angers.

K. Copie du xviie ou xviiie s., Bibliothèque du chanoine Urseau, à Angers, sous le même titre qu'en J, probablement d'après le Cartulaire noir.

L. Copie incomplète, par André Du Chesne, Bibliothèque nationale, Collection Du Chesne, vol. 22, fol. 105, «ex codice quem beneficio Ph. Loyauté habui».

M. Copie du xviiie s., faite pour Gaignières, Bibliothèque nationale, ms. fr. 22450, fol. 33, d'après H.

a. Sainte-Marthe, Gallia christiana, t. II, p. 118 (année 843).

b. Recueil des historiens de la France, t. VIII, p. 436, n° xiii (année 843), d'après a.

c. Brossier, La cathédrale d'Angers, dans Revue de l'Anjou, 1855, 2e partie, p. 245, extrait.

d. Tresvaux, Histoire de l'église et du diocèse d'Angers, t. I, p. 425, d'après a.

e. Ch. Urseau, Cartulaire noir de la cathédrale d'Angers, p. 10, n° iv, d'après BDGJ.

Indiqué : Bréquigny, Table chronologique, t. I, p. 208 (année 843).

Indiqué : Böhmer, Regesta, n° 1539.

Indiqué : Lot et Halphen, Le règne de Charles le Chauve, p. 98, n. 2.

Ce précepte est daté du 6 des ides de février de la 4e année du règne, indiction 6. Le 6 des ides de février de la 4e année répond au 8 février 844, mais l'indiction est celle de l'année 843. L'itinéraire du roi commande le choix de l'année 844 (Lot et Halphen, ouvr. cité).

Charles le Chauve, tout en déclarant qu'il entend renouveler les bienfaits de Pépin, de Charlemagne et de Louis le Pieux, ne fait allusion qu'à la présentation d'un seul diplôme «auctoritatem... scripti, qua..., cui etiam inditum habebatur quod ...», par conséquent émané du dernier des souverains nommés. D'ailleurs, aucun diplôme de Pépin le Bref pour l'église d'Angers ne nous est parvenu, et de Charlemagne un seul nous a été conservé, de mars 770 (Böhmer-Mühlbacher, Die Regesten, n° 137 (134); publié par Mühlbacher, Diplomata Karolinorum, t. I, p. 88, n° 60, et par Urseau, Cartulaire noir, n° I), portant concession de l'immunité au monastère épiscopal de Saint-Étienne d'Angers; on observera d'ailleurs que ce monastère de Saint-Étienne est dit «sub urbe ipsius civitatis prope murum», tandis que la «cella beati Stephani» visée par Charles le Chauve est dite «infra murum ipsius civitatis». Le diplôme présenté à Charles le Chauve par l'évêque Doon était celui du 23 octobre 816 (Böhmer-Mühlbacher, Die Regesten, n° 634 (614); publié dans le Recueil des historiens de la France, t. VI, p. 496, n° lix, et par Urseau, Cartulaire noir, n° ii), encore qu'on doive remarquer que ce diplôme, qui rappelle les bienfaits des rois antérieurs, n'énumère pas les propriétés de Saint-Maurice, mais accorde l'exemption de tonlieux pour trois bateaux sur la Loire et ses affluents, dont il n'est pas question dans le précepte de Charles le Chauve. Le seul trait commun entre le précepte de Louis le Pieux et celui de son fils est donc la concession d'immunité. Mais la comparaison entre les deux textes, et particulièrement l'emprunt par le rédacteur du présent acte au diplôme de Louis le Pieux d'une phrase rappelant les bienfaits des rois antérieurs prouve que c'est bien le diplôme du 23 octobre 816 qui a été présenté à Charles le Chauve, et dont la chancellerie de ce dernier a reproduit plusieurs passages imprimés ici en petit texte.

Dans les notes critiques, nous n'avons pas noté les variantes purement orthographiques de EFHI qui résultent des habitudes graphiques des scribes du xve siècle.


Texte établi d'après les copies B à L.

In nomine sanctae et individuae Trinitatis. Karolus gratia Dei rex. Quandocumque locis speciali conditione divinis cultibus mancipatis quiddam muniminis seu beneficii conferimus vel confirmamus quandoque necessitates ecclesiasticas ad petitiones sacerdotum regia virtute sustollimus, oraculorum divinorum monitis obedimus revera et eorum nobis sanctorum apud piissimum judicem Dominum nostrum Jhesum Christum suffragia suppeditari, quorum reverentia et amore hoc ipsum consuescimus, et ad praesentem cum felicitate vitam degendam et ad sempiternam beatitudinem capescendam liquido credimus. Ideo noverit sagacitas sive utilitas omnium sanctae Dei Ecclesiae fidelium atque nostrorum, tam praesentium quam et futurorum, qualiter Dodo, Andecavensium suprema ordinatione venerabilis praesul, excellentiae nostrae properans ad fastigia, regum sanctae quoque memoriae laudibus recolendorum proavi et avi genitorisque nostri, Pippini siquidem necnon et Karoli gloriosissimi caesaris ac Hludovici augusti imperatoris, obtutibus serenitatis nostrae auctoritatem detulit scripti, qua suae sedi, matri itaque ecclesiae, sub honore scilicet reverendi martiris Mauricii structae, quaedam res tam in usibus, utilitatibus et necessitatibus seu stipendiis ejusdem loci rectorum quamque fratrum inibi Deo infinita per tempora famulantium fuerunt datae seu dicatae vel confirmatae, cui etiam inditum habebatur quod non solum idem proavus, avus et genitor noster prius hoc egerint, verum etiam praedecessores eorum reges videlicet Francorum idipsum ecclesiae sancti Mauricii, cui namque auctore Deo praenominatus praeest episcopus, studio divini amoris manifestum fuerit fecisse, sed pro integra rei firmitate postulavit praefatus jam dictae sedis episcopus mansuetudinis nostrae pietatem ut easdem res, avitum paternumque seu etiam praedecessorum nostrorum regum morem sequentes, per nostrae auctoritatis praeceptum, ob amorem Dei et reverentiam gloriosi martiris Mauricii, crebro dictae confirmare studeremus ecclesiae. Ejus igitur deprecationi libenter assensum praebuimus atque auctoritatis hoc nostrae scriptum fieri jubentes, easdemque res cum omni integritate saepe nominatae ecclesiae delegando confirmantes, perpetuo mansurum esse volumus. Ut autem quantitatis sive integritatis earumdem rerum omnis propellatur ambiguitas, earum nomina inserere huic jussimus scripto, quæ sunt villa Moredena cum omnibus appendiciis et omni integritate, villa Jucundiacum cum omnibus appendiciis et omni integritate, villa Spinacia cum omnibus appendiciis et omni integritate, medietas villae quae vocatur Cragaracius cum propria integritate, villa Scubiliacus cum omnibus appendiciis et omni integritate, cella quae vocatur Camiliacus cum omnibus appendiciis et omni integritate, villa quae vocatur Carnona, sita scilicet supra flumen Ligeris, cum omnibus appendiciis et omni integritate, cella Calonna, similiter sita supra idem flumen, cum omnibus appendiciis et omni integritate, cella beati Maurilii, ejusdem sedis quondam praesulis, cum omnibus appendiciis et omni integritate, cella beatae Genovefae virginis cum omnibus appendiciis et omni integritate, cella beati Stephani cum omnibus appendiciis et omni integritate, quarum duae prope, tertia vero infra murum ipsius civitatis habetur molita. Has denique res cum omnibus appendiciis et omni integritate atque soliditate praememoratae delegando confirmamus ecclesiae, veluti praemissum est, nostris futurisque temporibus mansurum esse volumus. Ut autem eaedem supra taxatae res sub nostrae tuitionis mundeburdo vel immunitatis defensione valeant consistere atque ejusdem plerumque nominatae ecclesiae rectores sive fratres inibi Deo famulantes eisdem queant liberius perfrui, volumus praeterea atque jubemus ut nullus judex publicus vel quilibet ex judiciaria potestate in ecclesias aut loca vel agros seu reliquas possessiones quas moderno tempore in quibuslibet pagis vel territoriis infra ditionem regni nostri juste et legaliter memorata tenet vel possidet ecclesia, vel ea quae deinceps in jure ipsius ecclesiae voluerit divina pietas augeri, ad causas audiendas vel freda exigenda, aut mansiones vel paratas faciendas, aut fidejussores tollendos aut homines ipsius ecclesiae distringendos, aut ullas redibitiones aut illicitas occasiones requirendas nostris nec futuris temporibus ingredi audeat nec ea quae supra memorata sunt penitus exigere praesumat, sed liceat memorato praesuli suisque successoribus res praedictae ecclesiae sancti Mauricii, cum omnibus sibi subjectis et rebus vel hominibus ad se pertinentibus vel aspicientibus sub tuitionis atque immunitatis nostrae defensione, remota totius judiciariae potestatis inquietudine, quieto ordine possidere et nostro fideliter parere imperio atque pro incolumitate nostra, conjugis ac prolis seu etiam totius regni nostri a Deo nobis collati et ejus clementissima miseratione per immensum conservandi una cum clero et populo sibi subjecto, Dei immensam clementiam jugiter exorare; et quicquid de praefatae rebus ecclesiae jus fisci exigere poterat, totum et ad integrum eidem concessimus ecclesiae, scilicet ut perpetuo tempore eis ad peragendum Dei servitium in augmentum et supplementum fiat. Haec itaque auctoritas, ut pleniorem in Dei nomine obtineat vigorem et a fidelibus sanctae Dei Ecclesiae et nostris verius credatur et diligentius observetur, manu nostra eam subter firmavimus et de anulo nostro sigillari fecimus.

Signum (Monogramma) Karoli gloriosissimi regis.

(Chrismon) Aeneas notarius ad vicem Hludovici recognovit et subscripsit. (Locus sigilli).

Data VI idus februarii, indictione VI, anno IIII regni praestantissimi regis Karoli. Actum in Limovicas ivitate. In Dei nomine feliciter. Amen.


Localisation de l'acte

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