869 ou 870, 21 juin. — Morienval (?).

Charles le Chauve, à la prière de Bernard, marquis de Toulouse, met en sa main (sub praetextu nostrae dominationis) et sous la protection de l'immunité, garantie par l'amende de 600 sous stipulée contre les infracteurs, le monastère fondé par [le comte] Raymond, père du requérant, à Vabres, en Rouergue, sur le Dourdou, abandonne le monastère à l'abbé Roland, jadis clerc de Raymond, pour qu'il le gouverne, et, après la mort de celui-ci, à Benoît, fils de Raymond et frère de Bernard, voué par son père du service de Dieu dans le même monastère.

Référence : Arthur Giry, Maurice Prou, Georges Tessier et Ferdinand Lot (éd.), Recueil des actes de Charles II le Chauve, roi de France (840-877), Vol. 2, Paris, 1955, no339.

A. Original perdu.

B. Copie du 23 mai 1667, par Gratian Capot, huissier de la Chambre des comptes de Navarre, Bibliothèque nationale, Collection Doat, vol. 148, fol. 28, d'après le «cartulaire trouvé dans les archives des titres du chapitre de l'église cathédralle de Vabres».

a. Guillaume Catel, Histoire des comtes de Tolose, p. 74.

b. Gallia christiana, t. I, instrumenta, col. 56, n° ii, «ex chartario Vabrensi».

c. Histoire générale de Languedoc, t. I, preuves, col. 119, n° xcii, «Archives de l'église de Vabres».

d. Recueil des historiens de la France, t. VIII, p. 626, n° ccxxx, d'après c.

e. Histoire générale de Languedoc, éd. Privat t. II, preuves, col. 357, n° 175, d'après c.

Indiqué : Georgisch, Regesta, t. I, col. 136.

Indiqué : Bréquigny, Table chronologique, t. I, page 290.

Indiqué : Böhmer, Regesta, n° 1766.

On se demande si ce diplôme daté du 21 juin de la 30e année du règne doit être attribué à l'année 869 ou à l'année 870, la 30e année commençant théoriquement le 20 juin de l'année 869 et s'achevant le 19 juin 870. Mais on a bien des exemples de diplômes dans lesquels l'année du règne est en quelque sorte prolongée au-delà de son terme normal. L'itinéraire ne saurait nous tirer d'embarras. Il n'est d'ailleurs pas sûr que le Morianis valle de a ne soit pas une correction et que la véritable leçon ne soit pas le Moriamanis ou le Moriamannis valle des autres sources de la tradition, auquel cas l'identification avec Morienval serait bien douteuse. D'autre part le chiffre 3 convient à l'indiction de 870, et si un décalage se produit souvent entre l'année du règne et l'indiction, celle-ci retarde beaucoup plus souvent qu'elle n'avance. Aussi préférons-nous l'année 870 à l'année 869. — Sans élever d'objection contre la sincérité des dispositions essentielles de l'acte, on ne manquera pas d'être surpris par le caractère anormal de certaines expressions, en particulier par la façon dont est formulée la clause d'immunité. — La tradition se rattache évidemment tout entière au cartulaire auquel se réfère expressément le copiste de B. Il est bien probable que les leçons en apparence fautives de cette copie sont celles du cartulaire et que les leçons des éditeurs sont pour la plupart des corrections.


Texte établi d'après B a b c.

In nomine sanctae et individuae Trinitatis. Karolus gratia Dei rex. Si necessitatibus servorum Dei, etiam ad fidelium nostrorum deprecationem, aurem celsitudinis nostrae libenter accommodamus eamque ad effectum perducimus, regiam exercemus consuetudinem et hoc nobis in postmodum non dubitamus fore profuturum. Igitur noverit omnium [sanctae Dei Ecclesiae] fidelium nostrorum quoque, tam praesentium quam futurorum, sagacitatis industria quod Bernardus, Tolosanus marchio et dilectissimus nobis fidelis, ad nostram accedens mansuetudinem, innotuit qualiter pater ejus Ragemundus in pago Ruthenico et in loco suae proprietatis super fluvium Dordone in villa Vabra ecclesiam ad monasticum ordinem excolendum in honore sancti et gloriosi principis apostolorum Petri sanctique Dionisii nobili opere construxerit et consecraverit ac solemniter dedicaverit, quin et ad divinum officium sacerdotes et levitas ac reliquos pro oportunitate ipsius loci ordinaverit ministros suumque filium ibidem ad serviendum tradiderit, qualiter etiam Rotlandus sui patris clericus, suas eidem monasterio tradens res, se ibidem Domino suo sub monastico ordine tradiderit. Quamobrem humiliter nostram petiit altitudinem ut propter mercedis nostrae augmentum quaecumque data sint vel fuerint sub praetextu nostrae dominationis ac immunitatis salvamento recuperemus atque jam dicto clerico Rotlando et post ipsius decessum Benedicto, filio Ragemundi, fratri suo, praecepto nostrae auctoritatis confirmaremus. Cujus petitionibus aurem clementiae nostrae praebentes libenter hoc imprevaricabile praeceptum nostrae auctoritatis fieri illique dari jussimus, per quod praecipimus atque jubemus ut in quibusque locis jam dictorum monachorum res sitae habeantur inviolabilis servetur immunitas, neque aliquis judicum in omnibus rebus eorum quicquam districtionis aut injustae exactionis conetur, quo remota saeculari judiciariaque potestate liberius pro nobis Domini misericordiam valeant implorare. Quod si aliquis, hoc quod prohibemus, temerario ausu facere tentaverit, D C solidos poena mulctatus exsolvat et immunitas nostra auctoritate concessa irrefragabilis jure firmissimo teneat et inconcussa. Ad deprecationem quoque jam dicti fidelis nostri Bernardi, Rotlando abbati jam dictum locum quamdiu vixerit cedimus ad habendum quatenus secundum Dei suamque dispositionem libere ei disponere, regere liceat et ordinare. Post ipsius quoque digressum Benedictus, filius Ragemundi et frater Bernardi, similem ex hoc secundum Dei voluntatem utendi habeat monasterio potestatem quamdiu vixerit. Ut autem hoc nostrae largitionis praeceptum pleniorem in Dei nomine obtineat firmitatem et vigorem.....

Signum (Monogramma) Karoli gloriosissimi regis.

Data XI kalendas julii, indictione III, anno XXX regnante Karolo gloriosissimo rege. Actum Morianis valle. In Dei nomine feliciter. Amen.


Localisation de l'acte

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