[869, 9 septembre – 871, début d'août].

Charles le Chauve, à qui l'archevêque de Lyon, Remi, a exposé le tort qu'ont fait à son église les concessions de biens ecclésiastiques consenties par les souverains, sanctionne, à la prière du comte Eudes, la restitution à l'église de Lyon de «Cangiacum» en Autunois et d'Écuelles en Chaunois.

Référence : Arthur Giry, Maurice Prou, Georges Tessier et Ferdinand Lot (éd.), Recueil des actes de Charles II le Chauve, roi de France (840-877), Vol. 2, Paris, 1955, no348.

A. Original perdu.

B. Copie du xviie s. de la main de Mabillon ou de Dom Michel Germain, Bibliothèque nationale, ms. lat. 17197, fol. 179, sans indication de source.

a. Dom Luc d'Achery, Spicilegium, 1re édition (in-4°), t. XII (1675), p. 118 (vers l'année 855), avec la mention: «Eruit D. Louvet».

b. Menestrier, Histoire civile ou consulaire de la ville de Lyon, preuves, p. xxxiv (année 855), sans indication de source.

c. Dom Luc d'Achery, Spicilegium, éd. de La Barre (in-fol.) t. III, (1723), p. 350 (vers l'année 855), sans indication de source.

d. Recueil des historiens de la France, t. VIII, p. 622, n° ccxxiv (après l'année 869), d'après a, avec des corrections.

Indiqué : Bréquigny, Table chronologique, t. I, p. 288 (année 869).

Indiqué : Guigue, Les possessions territoriales de l'église de Lyon d'après la bulle du pape Sergius III et les diplômes carolingiens, dans le Bulletin philologique et historique du Comité des travaux historiques et scientifiques, année 1925, p. 13-45, passim.

Il ne semble pas que ce diplôme ait pu être expédié avant que Charles le Chauve ait mis la main sur le royaume de Lothaire II dont le Lyonnais faisait partie depuis la mort de Charles de Provence, c'est-à-dire avant le 9 septembre 869, date du sacre de Charles le Chauve à Metz. D'autre part le comte Eudes est mort au plus tard le 10 août 871, peut-être le 10 août 870 (Levillain, Essai sur le comte Eudes, fils de Harduin et de Guérinbourg, dans Le Moyen Âge, t. XLVI, 1937, p. 155, n. 1. — Cf. F. Lot, Fidèles ou vassaux?, p. 149, n. 2). Léon Levillain (mém. cité, p. 160-162) a mis en rapport l'expédition de ce diplôme avec la mission accomplie par le comte Eudes auprès de l'archevêque de Vienne, Adon, en septembre 869. «Le roi, pour gagner l'archevêque [de Lyon] à sa cause, devait acheter la fidélité du prélat» et Eudes se serait arrêté à Lyon à l'aller ou au retour. Le diplôme pourrait aussi avoir été expédié lorsque, trois mois après le traité de Meerssen (8 août 870), Charles se rendit personnellement à Lyon avant d'aller assiéger Vienne.

La tradition de ce diplôme, comme de tous ceux de Charles le Chauve pour l'église de Lyon, se rattache directement ou indirectement à des copies, aujourd'hui disparues, que l'érudit Pierre Louvet, de passage à Lyon en 1672 et 1673, adressa à Dom Luc d'Achery. Or les diplômes de Charles le Chauve ne se trouvaient ni dans le Grand cartulaire de l'église de Lyon, dit de 1350, retrouvé en 1915 par Georges Guigue (Le cartulaire de l'église de Lyon, dans le Bulletin philologique et historique du Comité des travaux historiques et scientifiques, année 1915, p. 28-51), ni dans le Petit cartulaire, également du XIVe siècle. Elles proviennent d'un troisième cartulaire, dit l'Ancien cartulaire, disparu sous l'Ancien Régime dans des conditions non précisées, mais que l'érudit lyonnais Guillaume Paradin avait examiné au XVIe siècle (Georges Guigue, Deux cartulaires de l'église de Lyon dans le Bulletin philologique et historique, année 1917, p. 27-42). Louvet a eu entre les mains les notes de Guillaume Paradin, mais Georges Guigue (mém. cité, p. 40) pense que Louvet a copié les diplômes de Charles le Chauve soit sur des copies faites d'après l'ancien cartulaire par un autre que Paradin, soit sur l'ancien cartulaire lui-même.

Texte établi d'après B a b c. Nous adoptons les graphies de a, sans indiquer celles des autres sources de la tradition.

In nomine sanctae et individuae Trinitatis. Karolus gratia Dei rex. Si circa loca divinis cultibus mancipata adeoque necessaria aurem celsitudinis nostrae accommodando libenter inflectimus, piorum regum et religiosorum virorum vestigia imitantes, hoc in futuro non dubitamus esse profuturum. Quamobrem notum sit omnibus sanctae Dei Ecclesiae fidelibus et nostris, praesentibus scilicet atque futuris, quoniam Remigius, venerabilis Lugdunensis ecclesiae archiepiscopus, ad nostrae sublimitatis accedens excellentiam, variarum perturbationum ecclesiae nobis commissae inlata retulit detrimenta et quasdam res pravorum invasioni a regibus esse concessas. Cui vera referenti Oddo, illustris comes et nostrae fidelitatis strenuus exsecutor, ob non celandae veritatis amorem testimonium perhibens, deprecatus est ut quasdam in suis aliisque honoribus consistentes quae sanctae matris ecclesiae esse sciebantur ob Dei amorem et suam deprecationem potentia nostrae magnitudinis redderemus ac reddentes impraevaricabili praecepto nostrae munificentiae confirmaremus, id est in pago Augustudunensi Cangiacum et in pago Cavilonensi Scopellam. Cujus precibus tanto libentius cessimus quanto id nobis profuturum prospeximus amplius. Unde et hoc altitudinis nostrae praeceptum etiam dicto episcopo dari jussimus, per quod praecipientes decernimus atque decernentes confirmamus ut supradictae villae cum omni sua integritate, sicut et reliquae illius ecclesiae villae, tam Remigio quam suis successoribus a Deo eligendis sint subditae et subjectae ac secundum Dei et suam voluntatem liceat illis eas disponere, regere, ordinare, sicut reliquas sibi ecclesiae commissae villas absque alicujus subtractionis vel imminutionis aut immutationis timore, quatenus hac nostra concessione ecclesia suusque praesul amplius praeditus devotius libentiusque pro nobis regnique nostri statu Dei misericordiam exorare contendat. Atque ut hujus nostrae largitionis pia concessio firmiorem per succedentia tempora obtineat firmitatis vigorem, manu propria subter eam firmavimus et anuli nostri impressione assignari jussimus.