[871, octobre-novembre].
Charles le Chauve, à la prière de l'archevêque Remi, restitue à l'église de Lyon la «villa» appelée «Mons aureus» en Chaunois, actuellement tenue en bénéfice par son «ministerialis» Lambert, qui en conservera la jouissance jusqu'à sa mort ou à son désintéressement par voie d'échange, à condition de payer chaque année à l'église propriétaire la dîme et la none, la dite restitution étant faite à charge de la célébration des anniversaires de Louis le Pieux, de l'impératrice Judith, d'Ermentrude (4 octobre. Corrigez 2 octobre), de sa naissance, à lui, Charles (13 juin), de son sacre, de la naissance de sa femme Richilde, de leur union (12 octobre), ce dernier anniversaire et celui du sacre devant être ultérieurement remplacé par celui de la mort des deux époux.
A. Original perdu.
B. Copie du xviie s., de la main de Mabillon ou de Dom Michel Germain, Bibliothèque nationale, ms. lat. 17197, fol. 178, sans indication de source.
a. Dom Luc d'Achery, Spicilegium, 1re édition (in-4°), t. XII (1675), p. 116 (vers l'année 855), avec la mention: «Eruit D. Louvet».
b. Menestrier, Histoire civile ou consulaire de la ville de Lyon, preuves, p. xxxiii, sans indication de source.
c. Dom Luc d'Achery, Spicilegium, éd. de La Barre (in-fol.), t. III (1723), p. 349 (vers l'année 855), sans indication de source.
d. Recueil des historiens de la France, t. VIII, p. 621, n° ccxxiii (après l'année 869), d'après a, avec des corrections.
Indiqué : Bréquigny, Table chronologique, t. I, p. 292 (année 870).
Indiqué : Guigue, Les possessions territoriales de l'église de Lyon d'après la bulle du pape Sergius III et les diplômes carolingiens, dans le Bulletin philologique et historique du Comité des travaux historiques et scientifiques, année 1925, p. 13-45, passim.
Ce diplôme ne saurait être antérieur au mariage de Charles le Chauve et de Richilde, célébré le 22 janvier 870. Bien que la date de la conjunctio, mentionnée dans l'acte, soit celle du 12 octobre 869 et précise le jour où, pour employer l'expression d'Hincmar (Annales Bertiniani, éd. Waitz, p. 107), commença le coucubinat des futurs époux, Richilde ne serait pas qualifiée de conjux et d'augusta (sic), si le mariage régulier n'était pas intervenu. D'autre part, il ne peut être postérieur à la mort de l'archevêque Remi, survenue le 28 octobre 875. Les analogies qui existent entre le formulaire du présent acte et celui du diplôme en faveur de Saint-Philibert expédié le 30 octobre 871 (n° 353) permettent de préciser davantage. Les deux préambules, l'un et l'autre d'une rédaction insolite, expriment la même idée en des termes analogues. De part et d'autre, la notification est faite aux optimates et l'instrument écrit est qualifié de litterae. Dans la corroboration, le verbe scribere est employé, ici, au gérondif, là, au participe présent. Ces anomalies parallèles ne peuvent guère s'expliquer que dans l'hypothèse d'une rédaction à peu près simultanée par un personnage peut-être étranger à la chancellerie.
Quant à la tradition de ce diplôme et de tous les diplômes de Charles le Chauve concernant l'église de Lyon, on se reportera à la deuxième partie de la note critique du n° 348, p. 275.
In nomine sanctae et individuae Trinitatis. Karolus gratia Dei rex. Regia dignitas nulla major est quam ob aeternae beatitatis remunerationem loca sanctorum restaurare atque sublimare. Quapropter litteris nostrae auctoritatis omnibus optimatibus ceterisque fidelibus regni nostri, praesentibus scilicet atque futuris, innotescimus quoniam Remigius, Lugdunensis ecclesiae venerabilis et carissimus nobis archiepiscopus, ad nostrae sublimitatis accedens excellentiam, patefecit nobis quomodo et qualiter a praenominata ecclesia sua, videlicet sancti Stephani, [du]dum per incuriam suorum praedecessorum quaedam villa nomine Mons aureus in pago Cabilonensi sita quamque et praesentialiter Lambertus dilectus nobis ministerialis jure beneficiario obtinuerat injuste sublata fuerit, ac sic humiliter deprecatus est ut eamdem villam jam dictae ecclesiae sancti Stephani per praeceptum nostrae auctoritatis restituentes redderemus et reddentes restitueremus. Cujus precibus ob amorem caelestis patriae et ipsius bene meritum famulatum praebentes assensum, hoc praeceptum auctoritatis nostrae fieri et illi ac suis successoribus dari jussimus, per quod praecipimus atque jubemus ut eamdem villam cum omnibus suis appendiciis eadem ecclesia ac rector ipsius, praesens scilicet atque futurus, sicut alias res proprietatis ejusdem ecclesiae jure proprio et more ecclesiastico perpetim teneat atque possideat, eo videlicet modo et tenore ut Lambertus fidelis noster diebus vitae suae jam dictae ecclesiae sancti Stephani propter vestituram singulis annis nonam et decimam ex ea persolvens ipsam jure beneficiario et usufructuario interim teneat, donec aut nos illi commutemus, aut, si ipse mortuus fuerit, mox eamdem villam Montem aureum absque ullius repetitionis contradictione sive tardationis mora saepe dictus rector ecclesiae sancti Stephani sibi aeternaliter possidendam recipiat, eo etiam pacto ut in anniversario domni et patris nostri excellentissimi imperatoris Hludovici et gloriosae dominae matris nostrae imperatricis Judith et valde nobis amabilis conjugis Irmintrudis, IV nonas octobris, et in die nativitatis nostrae, idus junii, et unctionis similiter, et in die nativitatis Richildis dulcissimae nobis conjugis et augustae, saltem etiam et in conjunctionis nostrae, IV idus octobris, praesens rector atque futurus fratribus ejusdem ecclesiae refectionem ipsis placabilem pro hoc praesenti dono vel ceteris beneficiis quae eidem ecclesiae contulimus amabiliter exhibeat, quatenus ipsi in praedictis diebus officium divinum ob salutem nostrorum praedictorum clementiam Dei exorantes devotius celebrent, post discessum vero nostrum refectiones quas in die unctionis nostrae et conjunctionis fratribus rectores ejusdem ecclesiae exhibuerint, in diebus depositionum nostrarum nihilominus exhibere placabiliter procurent. Et ut hujus nostrae auctoritatis corroboratio pleniorem in Dei nomine obtineat firmitatis vigorem, manu propria scribentes anuli nostri impressione jussimus assignari.