872, 21 août. — Pontailler.

Charles le Chauve, à la prière d'Isaac, évêque de Langres, abandonne aux églises Saint-Mammès de Langres et Saint-Étienne de Dijon les profits de la frappe de la monnaie et leur confirme les revenus qu'elles tiraient d'ancienneté des marchés tenus sur leurs territoires et qui correspondaient soit à la moitié des droits perçus (marchés annuel et hebdomadaire de Langres), soit à la totalité (marché hebdomadaire de Dijon).

Référence : Arthur Giry, Maurice Prou, Georges Tessier et Ferdinand Lot (éd.), Recueil des actes de Charles II le Chauve, roi de France (840-877), Vol. 2, Paris, 1955, no365.

A. Original perdu.

B. Copie du xiie s., dans le Premier cartulaire de Saint-Étienne de Dijon, Archives de la Côte-d'Or, G 125, fol. III, n° 4.

C. Copie du xviie s., par André Du Chesne, Bibliothèque nationale, Collection Baluze, vol. 39, fol. 126, «ex cartulario S. Stephani Divionensis, part. 1, cap. IIII», d'après B.

D. Copie de l'année 1660, par Étienne Arviset, dans une transcription du Premier cartulaire de Saint-Étienne de Dijon, Archives de la Côte-d'Or, G 129, fol. 5, d'après B.

E. Copie du xviie s., Bibliothèque nationale, Collection Baluze, vol. 143, fol. 165, d'après B.

F. Copie du xviiie s., Bibliothèque nationale, ms. lat. 17082 (anc. Bouhier, vol. 40), fol. 3, d'après B.

G. Copie authentique du xviie s., Archives de la Côte-d'Or, G 122, d'après B.

H. Autre copie authentique du xviiie s., ibidem, G 229, d'après B.

a. Pérard, Recueil de plusieurs pièces curieuses servant à l'histoire de Bourgogne (1664), p. 48, sans indication de source (année 863), d'après B.

b. Fyot, Histoire de l'église abbatiale et collégiale de Saint-Étienne de Dijon (1696), preuves, p. 31, n° 60, d'après B.

c. Recueil des historiens de la France, t. VIII, p. 643, n° ccxlviii (année 873), d'après a.

d. Prou, Les monnaies carolingiennes, p. lxiii, n. 2, d'après c.

e. Lot, Mélanges carolingiens, IV. Pons Liadi, dans Le Moyen Âge, t. XVIII (1905), p. 133, d'après B.

Indiqué : Bréquigny, Table chronologique, t. I, p. 297 (année 873).

On lit actuellement à la fin de la copie B, source unique de la tradition: «Data duodecimo kl. septemb., indictione IIa, anno XXVIIII regnante Karolo gloriosissimo rege», ce qui nous ramènerait au 21 août 868. Ferdinand Lot avait montré dans l'article mentionné sous la lettre e que, pour des raisons d'itinéraire, le diplôme ne pouvait pas avoir été expédié à cette date. À cela il faut ajouter que le recognoscens Audacher n'exerçait pas encore en 868 son activité à la chancellerie. F. Lot suggérait que dans le cartulaire s'était glissée une erreur de transcription et qu'un X avait été remplacé par un V. Une expertise paléographique de Jules Gauthier, archiviste de la Côte-d'Or, mentionnée en post-scriptum à la fin de l'article susdit, p. 132, est venue résoudre les difficultés. À une époque relativement récente, puisque des copies du xviie siècle et les éditions anciennes portent encore la leçon XXXIIII, le troisième X a subi une retouche, le jambage grêle a été gratté «et une plume trempée d'encre noirâtre a ajouté V». Mais le 21 août de la 34e année du règne répond au 21 août 873. Or, comme le rappelle F. Lot, «en 873, Charles fut occupé dans l'ouest pendant tout l'été à assiéger les Normands dans Angers, depuis juin jusqu'à octobre» (Cf. Annales Bertiniani, année 873, éd. Waitz, p. 123). Au contraire, un passage du souverain à Pontailler, sur la Saône, coïncide avec les données de l'itinéraire au cours de l'été 872. Hincmar signale en effet une entrevue entre Charles et l'évêque Wibod, envoyé par l'impératrice Engelberge, en Bourgogne, «ad pontem Liadi» (ibidem, p. 120), cette dernière localité n'étant autre que Pontailler. Le scribe qui écrivait sous la dictée d'Hincmar a «fabriqué ce mot de fantaisie [Pons Liadi] pour rendre la forme vulgaire dont il ignorait l'équivalent latin». Hincmar ajoute que de Pontailler le roi se rendit à Gondreville, en Lorraine, au début de septembre. «Il en faut conclure... que le séjour de Charles en Bourgogne se place vers la moitié ou la fin du mois d'août.» Quant à l'indiction, c'est le chiffre 5 qui convient à l'année 872. «Il n'est pas difficile de voir que le V oncial (U) a été lu II.» La date assignée ici à ce diplôme est donc celle que suggère F. Lot.


Texte de B.

In nomine sancte et individue Trinitatis. Karolus gratia Dei rex. Si servorum Dei justis et racionabilibus efflagitationibus quas pro ecclesiarum sibi commissarum utilitatibus nobis intimaverint assensum prebemus et eas ad effectum perpetuȩ stabilitatis perducere satagimus, non solum in hoc regiam exercemus cunsuetudinem, sed etiam hoc ipsum ad presentem vitam cum felicitate transigendam et ad futuram quamtocius beatitudinem capessendam nobis profuturum esse non dubitamus. Quapropter conperiat omnium fidȩlium sancte Dei Ecclesiȩ nostrorumque, tam presentium quam et futurorum, sollertia qualiter carissimus nobis Isaac, Linguonensis ecclesie reverendus antistes, ad nostram se colligens majestatem humiliter postulavit quatinus pro nostra pietate ecclesiȩ sancti Mammetis Linguonensis atque ecclesiȩ sancti Stephani Divionensis, quibus Deo ordinante ipse preerat, monetam quam antea habere non consueverant concederemus. Simili modo etiam deprecatus est de mercatis in sua potestate constitutis, in Linguonis scilicet et in Divione, de quibus talis antiquitus consuetudo fuit ut medietas de annalibus et de ebdomadali in Linguonis partibus predictarum ecclesiarum cederetur, et de ebdomadali in Divione summa integritas jam dicte potestati constitueretur, tale auctoritatis nostrȩ preceptum sepe fatas ecclesias relinqueremus, per quod ipse ejusque successores sine aliqua contradictione tenere racionabiliter possent. Cujus laudabilibus peticionibus atque ammonicionibus aurem accommodantes, hoc sublimitatis nostre preceptum fieri eique dare jussimus, per quod ipse venerabilis antistes ejusque successores et prefatas monetas et de mercatis quemadmodum supra habetur insertum quieto ordine ȩterna stabilitate obtinere imperpetuum valerent. Et ne nostra concessio ex jam dictis monetis a falsis monetariis comitumque ministris aliquo violari potuisset ingenio, iccirco non ad jus comitum sed ad utilitatem jam predictarum ecclesiarum earumque rectoris provisionem volumus pertinere. Ut autem hec nostre confirmationis seu permissionis auctoritas firma et inconvulsa omni tempore perseveret atque stabilis in futurum permaneat, manu propria subter firmavimus et de anulo nostro sigillari jussimus.

Signum Karoli gloriosissimi regis.

Andacer notarius ad vicem Gaudeni recognovi et subscripsi (Monogramma).

Data duodecimo kl. septemb., indictione IIa, anno XX[X]IIII regnante Karolo gloriosissimo rege. Actum Pontiliaco palatio regis. In Dei nomen feliciter. Amen.


Localisation de l'acte

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