[850-861 ou 866-875, 25 décembre].

Charles le Chauve, à la prière de Hugues, abbé de Saint-Julien d'Auxerre, qui lui a montré d'une part une confirmation par un pape du nom de Grégoire de la dotation consentie par l'évêque Palladius en faveur des religieuses de Saint-Julien et d'autre part un précepte de Louis le Pieux relatif au patrimoine de la communauté, confirme cet établissement dans la possession de ses biens: trois terrains à Auxerre; des prés et des terres sur la Beauche; à proximité du monastère, la «villa» de Vaux avec une «cella» dédiée à saint Loup et la «villa» de Poiry; d'autres biens à Nantelle, à Saint-Georges (in Bercuaco villa), à Grisy, près de Saint-Bris, à Vallan; d'autres encore sis dans l'enceinte même (in circuitu monasterii); plus, Clamecy, en Auxerrois; «Sisina», en Aquitaine; Migennes, en Sénonais; «Ipduaco villa», en Gâtinais. Il affecte le tout à l'entretien des religieuses.

Référence : Arthur Giry, Maurice Prou, Georges Tessier et Ferdinand Lot (éd.), Recueil des actes de Charles II le Chauve, roi de France (840-877), Vol. 2, Paris, 1955, no396.

A. Original perdu.

B. Copie du xiiie s., dans un cartulaire de Saint-Julien d'Auxerre, fol. 1, Archives de l'Yonne, H 1667.

C. Copie du xviie s., par Dom Viole, dans le tome I des Mémoires sur l'histoire du diocèse d'Auxerre, p. 649, Bibliothèque de la ville d'Auxerre, ms. 138, d'après B.

a. Quantin, Cartulaire général de l'Yonne, t. I, p. 51, n° 26, d'après B.

L'abbé de Saint-Julien d'Auxerre dont il est ici question n'est autre que le célèbre Hugues, de la famille des Welfs, cousin germain de Charles le Chauve, et connu dans l'histoire sous le nom de Hugues l'abbé. Il est peu probable que Hugues ait été abbé de Saint-Julien longtemps avant l'année 850. Ce n'est qu'en 853 qu'on le voit abbé de Saint-Germain d'Auxerre (n° 156). On sait d'autre part qu'il perdit ses honores au temps de sa disgrâce entre 861 et 866. Enfin le diplôme publié ci-dessous a été délivré avant le couronnement impérial de Charles le Chauve. Cependant les termes chronologiques qu'on vient d'énoncer ne sont que des termes de rigueur. Aussi bien la rédaction de ce diplôme permet-elle d'en reporter l'expédition probable à la période 850-861, et plus précisément entre 850 et 855. En effet, son formulaire s'apparente étroitement à celui du n° 124 pour l'église d'Auxerre, en date du 16 janvier 850. Or le n° 124 est un diplôme original reconnu sous le nom de Jonas, mais qui n'a été ni écrit ni rédigé par lui, mais probablement par Bartholomaeus, dont on perd la trace après 855.

Le cartulaire de Saint-Julien d'Auxerre nous a conservé la charte de fondation du monastère mise sous le nom de l'évêque Palladius (publiée par Mabillon, De re diplomatica, p. 465, n° iv, et par Quantin, ouvr cité, p. 7, n° iv). C'est un acte daté de 634 où se retrouvent la plupart des localités mentionnées dans le diplôme de Charles le Chauve et un certain nombre d'autres. Le même cartulaire contient un précepte non daté de Louis le Pieux confirmant un diplôme d'immunité, perdu, de Charlemagne (Böhmer-Mühlbacher, Die Regesten, n° 744, anc. 719, octobre 821, avec de précieuses références; publié par Quantin, Cartulaire général de l'Yonne, t. I, p. 30, n° xv.) Ce ne n'est pas celui que confirme Charles le Chauve, car il ne contient aucune mention des biens de l'abbaye. Quant au pape Grégoire qui avait confirmé la dotation du monastère, il pourrait s'agir du contemporain de Louis le Pieux, Grégoire IV (827-844), plutôt que de Grégoire II (715-731) ou de Grégoire III (731-741), à moins que la prétendue confirmation ne soit un faux mis sous le nom de Grégoire le Grand, bien que ce pape fût mort trente ans avant la date de la charte de Palladius. En tout cas, le privilège pontifical mentionné par Charles le Chauve ne nous est pas parvenu.


In nomine sancte et individue Trinitatis. Karolus Dei gratia rex. Si liberalitatis nostre munere locis Deo dicatis quiddam conferimus beneficii, necessitates ecclesiasticas nostro relevamus juvamine atque regali tuemur munimine, id nobis et ad mortalem vitam temporaliter transiendam et ad eternam feliciter obtinendam profuturum liquido credimus. Itaque notum sit omnibus fidelibus sancte Dei Ecclesie et nostris, presentibus scilicet atque futuris, quia satis dilectus et carissimus nobis Hugo, abbas monasterii sancte Marie genitricis Christi sanctique Juliani martyris Autissiodorensis ecclesie, ad nostram se conferens sublimitatem, obtulit obtutibus nostris quasdam privilegiorum conscriptiones in quibus continebatur insertum qualiter quasdam res eidem monasterio virginibusque ibidem Deo sub canonica auctoritate degentibus apostolice sedis antistes venerandus Gregorius sua auctoritate confirmasset, idipsum a beato Palladio prefate civitatis episcopo obtinente, insuper etiam ostendens auctoritates piissimi imperatoris augusti Ludovici in quibus continebatur quod non solum idem imperator excellentissimus, verum etiam predecessores ejus, imperatores videlicet et reges Francorum, jam dictis Deo sacratis ad perpetualiter possidendum et ad supplementum victus et vestitus preceptis et auctoritatibus annotassent. Scilicet pro rei infirmitate postulavit nobis prefatus abbas ut, paternum seu antecessorum nostrorum regum morem sequentes, hoc preceptum nostre auctoritatis fieri de universis rebus juste et legaliter ipso monasterio competentibus, videlicet de areis tribus in civitate sitis et de pratis et terris super fluvium Belche et de rebus circa monasterium constitutis, scilicet de villa que vocatur Vallis cum cella sancti Lupi et alteram juxta eam que vocatur Poziacus, in Nantilla quoque villa mansum parceringum unum, et in Bercuaco villa, et in Graciaco villa juxta Sanctum Priscum, et in Valente villa, et in circuitu monasterii vineas et terras, aquarum cursus cum mancipiis utriusque sexus ibidem commorantibus, Clamiciacus quoque villam in eodem comitatu sitam; in pago quoque Aquitanico villam que vocatur Sisina, et in comitatu Senonico villa Mitiganna, in comitatu Wastinensi Ipduaco villam. Cujus suggestionem ac rationabilem petitionem annuere placuit et quicquid, ut predictum est, postulavit ad effectum perducere curavimus. Proinde hos nostre auctoritatis apices erga predictas monasterii basilicas virginesque inibi Domino servientes divino inspirante amore fieri jussimus, per quos decernimus atque sancimus ut loca supra nominata cum omnibus ad se juste et legaliter pertinentibus, sicut a sepe dictis imperatoribus et regibus collata sunt, ita per hanc nostram auctoritatem in earum jure ac potestate absque alicujus diminoratione aut retractatione permaneant, et ut nullus successor, abbas videlicet aut rector memorati monasterii, ab earum donatione ea quoquo modo auferre aut in aliam partem transferre presumat, quatenus, sublata omni indigencia victus et vestimentorum, pro nobis, conjuge proleque nostra et pace ac stabilitate tocius regni a Deo nobis commissi alacrius eas indesinenter Dei misericordiam exorare delectet. Et ut hec nostre confirmationis auctoritas pleniorem in Dei nomine obtineat firmitatem, de anulo nostro subter jussimus sigillari.