876, 4 septembre. — Quierzy.
Charles le Chauve donne en toute propriété Villeperrot en Sénonais au très noble comte Conrad, son fidèle et son parent.
A. Original. Parchemin autrefois scellé. Hauteur, 460 mm. à gauche, 465 mm. à droite; largeur, 630 mm. en haut, 557 mm. en bas. Archives de l'Yonne, dépôt de la Bibliothèque de Sens, H 1, n° 1 (ancien fonds de Sainte-Colombe de Sens).
B. Copie de l'année 1648, par Dom Cotron, Chronicon rerum magis notabilium coenobii Sanctae Columbae Senonensis, Bibliothèque d'Auxerre, ms. 217 (anc. 184), p. 137, avec la mention «ita originale», mais d'après une copie.
C. Copie du xviiie s., Bibliothèque nationale, Collection de Champagne, vol. 43, fol. 40, d'après la même copie que B.
D. Copie du xviie s., par Dom Estiennot, ms. lat. nouv. acq. 2057 (anc. Arsenal 1009), p. 321, d'après un fragment de cartulaire de Sainte-Colombe.
E. Double de la copie B, par Dom Cotron, dans un autre manuscrit du Chronicon, conservé dans une bibliothèque privée à Sens, p. 141, «secundum originale quod adhuc apud nos extat», d'après B.
a. Mabillon, Annales ordinis sancti Benedicti, t. III, p. 680 (éd. de Lucques, t. III, p. 631), n° xxi, d'après A.
b. Origines Guelficae, t. II, p. 93, d'après a.
c. Recueil des historiens de la France, t. VIII, p. 654, n° cclxv, d'après a.
d. Quantin, Cartulaire général de l'Yonne, t. I, p. 100, n° li, d'après a et B.
Fac-similé : de l'original: Lot, Lauer et Tessier. Diplomata Karolinorum, V, pl. xviii.
Indiqué : Bréquigny, Table chronologique, t. I, p. 304.
Indiqué : Böhmer, Regesta, n° 1802.
Le comte Conrad, qui avait reçu du roi Villeperrot, paraît avoir donné cette villa à Sainte Colombe, ce qui explique la présence du diplôme impérial dans les archives de ce monastère. Mais la charte qui atteste cette donation, et qui n'est connue que par des copies, est manifestement fausse. Elle est datée de Sens, la 39e année du règne de Charles et la 3e de l'empire, le 17e jour des calendes d'août, ce qui revient au 16 juillet 878. Or, Charles le Chauve est mort le 6 octobre 877 (38e année de son règne et 2e de l'empire). Que la charte ait été rédigée par des notaires attachés à Conrad ou par les moines de Sainte-Colombe, il est invraisemblable que les uns ou les autres aient ignoré la mort de l'empereur Charles, dont Conrad était le parent. De plus, et surtout, l'allure générale du document, la langue, le style, les formules nous reportent à une date bien postérieure à celle qu'il se donne. Conrad s'intitule: «Chunradus benignitate Dei Vermeriensis comes», titulature suspecte diplomatiquement et historiquement, Verberie n'ayant jamais été le siège d'un comté. Il déclare faire la donation in perpetuam eleemosynam, formule inusitée au ixe siècle. On signalera encore les expressions justitia, in donatione nobis facta, hanc autem donationem laudaverunt heredes nostri, etc. Le texte se termine par une formule de corroboration imitée de celle de la chancellerie royale.
In nomine sanctae et individuae Trinitatis. Karolus ejusdem Dei omnipotentis misericordia imperator augustus. Imperialis celsitudinis mos est fideles imperii sui donis multiplicibus et honoribus ingentibus munerari [2] atque sublimes efficere. Proinde ergo morem parentum, imperatorum scilicet praedecessorum nostrorum, sequentes, libuit celsitudini nostrae quendam fidelem nostrum et parentelȩ pro[pinqu]itate conjunctum, Chunradum, nobilissimum comitem, de quibusdam nostrae proprietatis [3] rebus et mancipiis honorare. Concedimus igitur praedicto Chunrado comiti nobis carissimo et familiarissimo villam quae dicitur Piredus, in pago Senonico, et concedendo eidem confirmamus ac de nostro jure in jus et proprietatem ipsius transfundimus cum omni sua integritate [4] et omnibus rebus, mancipiis et adjacenciis ad se pertinentibus, eo scilicet tenore et ordine ut hujusmodi potestatem inde habeat dandi, venundandi atque transmutandi sicut et ex aliis rebus suae proprietatis habere visus est, tam ipse quam et sua progenies quibus [5] jam dictas res cedere vel tradere voluerit. Unde etiam hoc munificenciae nostrae praeceptum fieri et dari jam dicto Chunrado comiti sanccivimus atque per idem praedictas res in suam potestatem vel quorumcumque voluerit libere possidendi delegamus. Et ut hoc per omnia tempora [6] inviolabiliter conservetur, manu nostra subter firmavimus et anulo nostro insigniri jussimus.
[7] Signum Karoli (Monogramma) gloriosissimi imperatoris augusti.
[8] (Chrismon) Audacher notarius ad vicem Gauzlini recognovit et subscripsit (Signum recognitionis cum verbis inclusis: Hildoinus abbas et Richardus comes ambasciaverunt.) (Locus sigilli.)
[9] (Chrismon) Data II non. septembr., indictione VIIII, anno XXXVII regni domni Karoli imperatoris in Franciam et in successione Hlotharii VII et imperii ejus primo. Actum Carisiaco palatio imperiali. In Dei nomine feliciter. Amen.