877, 11 août. — Besançon.

Charles le Chauve, à la demande du duc Boson, confirme l'église Saint-Vincent de Viviers gouvernée par l'évêque Hitherius (alias Etherius ou Aetherius) dans la possession de ses biens: «Puletum» et tout ce qui dépend de la dite église Saint-Vincent dans le comté de Valence, y compris l'église dédiée à saint Romain; l'abbaye de Donzère, sur le Rhône, dans le comté d'Orange; le détroit (districtus) «ex Burguitate» et le port de chaque côté du fleuve; Mélas avec ses dépendances, y compris le manse «Godobro» qui est bien fiscal; l'île dite «Argentaria», près de [Bourg-] Saint-Andéol; deux églises dédiées respectivement à saint Just et à saint Marcel, le manse «Bornas», «Botistatis» et une église dédiée à saint Remi (Saint-Remèze); «in Corconensi», deux églises dédiées à saint Martin et à saint Étienne, plus une église en ruines dédiée à saint Victor sur le Rhône, jusqu'à (sic) la rivière de l'Escoutay (usque Scotadium). Aucun pouvoir séculier ne pourra distraire ces biens du patrimoine de l'église de Viviers.

Référence : Arthur Giry, Maurice Prou, Georges Tessier et Ferdinand Lot (éd.), Recueil des actes de Charles II le Chauve, roi de France (840-877), Vol. 2, Paris, 1955, no443.

A. Original perdu.

B. Copie du xviie s., Bibliothèque nationale, Collection Baluze, vol. 19, fol. 58, sans indication de source, probablement d'après A.

C. Copie moderne, dans une transcription des Mémoires des antiquités de l'église cathédrale de Viviers par le chanoine Jacques Debane, Archives de l'Ardèche, fonds Mazon, F 32, p. 127.

D. Copie moderne, dans une transcription du même ouvrage, Grand séminaire de Viviers, p. 198.

E. Copie moderne, dans une transcription de la Chronologie des évêques de Viviers par le même auteur, Archives de l'Ardèche, fonds Mazon, F 32, p. 182.

F. Copie moderne, dans une transcription du même ouvrage, Grand séminaire de Viviers, p. 270.

G. Copie fautive du xviie s., Archives de Bourg-Saint-Andéol, AA 1, «extractum ab archiviis episcopalibus Vivarii».

H. Copie déposée en 1947 aux archives de la Somme avec les archives du château de Francières, cette copie fait partie du fonds de Jovyac (Affaires religieuses, Viviers). On y remarque les leçons Bosticatis et Cocornensi.

a. Sainte-Marthe, Gallia christiana, t. III, p. 1177, d'après une des copies du chanoine Debane.

b. Jean Columbi, De rebus gestis episcoporum Vivariensium, éd. de 1651, p. 75; éd. de 1668, dans les Opuscula varia, p. 203, d'après la même source que a.

c. Histoire générale de Languedoc, t. I, preuves, col. 134, n° cviii, «Cartulaire de l'église de Viviers et enquête pour l'abbaye de Cruas».

d. Recueil des historiens de la France, t. VIII, p. 672, n° cclxxxv, «ex autographo descripto a Domno Le Fournier, monacho S. Victoris Massiliensis».

e. Rouchier, Histoire religieuse, civile et politique du Vivarais, éd. de 1861, t. I, p. 609, pièce justificative n° 10, «ex Chart. vet., apud de Bannes ms.», avec une traduction en français, p. 368.

f. Gallia christiana, t. XVI, instrumenta, col. 221, n° iv, d'après B d e.

g. Histoire générale de Languedoc, éd. Privat, t. II, preuves, col. 395, n° 197, d'après b.

h. Roche, Armorial généalogique et biographique des évêques de Viviers, t. I, p. 324, pièce justificative n° iv, d'après a, avec une traduction en français, p. 87.

i. Régné, Histoire du Vivarais, t. I (réimpression de l'ouvrage signalé sous la lettre e), p. 649, pièce justificative n° 10, d'après e.

Indiqué : Bréquigny. Table chronologique, t. I, p. 311.

Indiqué : Böhmer, Regesta, n° 1824.

Indiqué : Chevalier, Regeste dauphinois, t. I, n° 801.

La tradition manuscrite et imprimée dérive tout entière d'une double source. Elle se rattache d'une part à un très ancien cartulaire de l'église de Viviers compilé au xe siècle et désigné sous le nom de Charta vetus ou Charte vieille. Ce cartulaire a été détruit en 1567, mais beaucoup de ses éléments, dont le texte du diplôme de Charles le Chauve, avaient passé au début du xve siècle dans une enquête menée par l'abbé de Cruas, Étienne, sur les droits de l'église de Viviers (analyse et copieux extraits par Lancelot, Bibliothèque nationale, ms. fr. nouv. acq. 9799, ancien Lancelot 168, fol. 207 et suiv.). C'est cette enquête qu'a connue dans la première moitié du xviie siècle le chanoine Jacques Debane, qui y a trouvé le texte de notre diplôme et l'a transcrit dans ses Mémoires et dans sa Chronologie des évêques de Viviers. Il est possible que c reproduise directement le texte de l'enquête, mais a b et e ne l'ont connu que par l'intermédiaire de Jacques Debane. Tous les textes qui se rattachent à l'enquête, directement ou indirectement, sont caractérisés par l'omission de la souscription de chancellerie. La copie B, la copie G et celle qui a servi de source à l'édition de Dom Bouquet (d), et qui aurait été exécutée sur l'original par Dom Le Fournier, moine de Saint-Victor de Marseille, représentent une tradition indépendante de la précédente et se rattachant à l'original lui-même. Le texte qu'elles nous fournissent présente donc des garanties plus sûres. On remarquera que les copies B et G omettent le passage relatif à l'abbaye de Donzère et au districtus ex Burguitate. L'abbaye de Donzère ayant été réellement donnée à l'église de Viviers par Lothaire Ier le 18 octobre 849 (Böhmer-Mühlbacher, Die Regesten n° 1139 [1105]; diplôme publié dans le Recueil des historiens de la France, t. VIII, p. 387, n° xxx), la confirmation de cette donation par Charles le Chauve est en soi vraisemblable. Mais le passage qui suit concernant le districtus ex Burguitate est obscur et les termes en sont insolites. Le soupçon qu'éveille sa rédaction est confirmé par l'omission qu'en font les copies B et G. On n'hésiterait pas à le considérer comme interpolé en englobant dans l'interpolation la confirmation de la donation de Donzère, si la copie de Dom Le Fournier, au témoignage de Dom Bouquet, ne contenait pas les deux clauses. Un doute sérieux reste pourtant permis.


Texte établi d'après B C D E F G a b c d e.

In nomine sanctae et individuae Trinitatis. Karolus ejusdem Dei omnipotentis misericordia imperator augustus. Si sacris locis divinis cultibus mancipatis emolumentum imperialis celsitudinis exhibemus servorumque Dei utilitatibus opem ferendo consulimus, profuturum nobis hoc ad aeternae remunerationis praemium facilius obtinendum et ad praesentem vitam felicius transigendam fore nullo modo dubitamus. Quapropter noverit omnium sanctae Dei Ecclesiae fidelium nostrorumque, praesentium et futurorum, industria quoniam nos, ob amorem Dei et beati Vincentii martyris venerationem necnon et Bosonis carissimi ducis nostri deprecationem, concedimus Vivariensi matri ecclesiae quae edita est in honore sancti Vincentii martyris, cui praeest Hitherius, venerabilis episcopus, res quae quondam fuerunt in jure ejusdem ecclesiae, id est Puletum et quicquid sancti Vincentii in eodem comitatu Valentinensi cum dimidia ecclesia sancti Romani esse dinoscitur. Concedimus et confirmamus ei abbatiam quae vocatur Dozera consistentem in comitatu Arausico fundatam super flumen Rhodani cum cellulis et pertinentiis suis, districtum quoque ex Burguitate et portum ex utraque parte, Mellatum quoque usque ad aquaeductum cum exemplatorio, silvis et insulis et mansello Godobro qui est de fisco nostro, insulam etiam Argentariam juxta Sanctum Andeolum, et ecclesias duas sancti Justi et sancti Marcelli, et Bornas mansum, necnon et Botistatis cum ecclesia sancti Remigii, et in Corconensi ecclesias duas sancti Martini et sancti Stephani cum suis beneficiis, destructam quoque ecclesiam sancti Victoris super Rodanum usque Scotadium. Haec autem omnia supradictae suisque rectoribus confirmamus ecclesiae et confirmando perpetualiter delegamus, eo videlicet modo ut a nulla seculari potestate a gremio praedictae ecclesiae queant separari, sed liceat rectoribus praefatae ecclesiae easdem res quiete tenere et pro libitu suo, ut ecclesiastica dictaverit utilitas, ordinare. Ut autem hoc nostrae auctoritatis praeceptum pleniorem firmitatis in Dei nomine obtineat vigorem, manu nostra illud firmavimus et anulo nostro jussimus sigillari.

Signum Karoli (Monogramma) gloriosissimi imperatoris augusti.

Dominus imperator jussit.

(Chrismon) Audacher notarius ad vicem Gauslini recognovit.

Datum III idus augusti, indictione X, anno XXXVIII regni domini Karoli imperatoris in Francia ac imperii ejusdem secundo. Actum Vesoncio civitate.


Localisation de l'acte

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