855, 28 juin. — Attigny.

Acte faux

Charles le Chauve, à la prière de l'abbé Sunier (Suniarius), confirme le monastère de Sainte-Marie [de Lagrasse] dans la possession des biens mentionnés dans des préceptes émanés de Charlemagne, de Louis le Pieux et de lui-même et d'autres acquis depuis lors: en Carcassès, Le Fleix avec l'église dédiée à saint Couat (Cucufatus), y compris les dîmes, la «cella» de Saint-Geniès, y compris les dîmes, Bouilhonnac avec l'église dédiée aux saints Paul et Ananie, y compris les dîmes; en Narbonnais, Cabrespine avec l'église dédiée à saint Pierre, y compris les dîmes et dépendances, conformément au jugement obtenu par l'abbé Agila devant le «missus» royal Foulques, [la «cella» dédiée à] saint Pierre dans l'île de La Clape, y compris les dîmes, Lapalme avec l'église dédiée à saint Jean, y compris les dîmes; en Conflent, dans le ressort d'Elne (in suburbio Helenense), la «cella» de Prades avec les églises dédiées à saint Pierre, à saint Jean, au saint Sauveur, à saint Gervais, à saint Celse, à saint Martin, cette dernière à Canohès; Ribaute, acquise à la suite d'un échange conclu entre l'abbé Sunier et Isambert; en Minervois, à Offrières, les maisons et terres qu'y ont possédées [les abbés] Agila et Élie, avec les salines; dans le comté de Besalú, l'église dédiée à saint Étienne sur le Fluviá, y compris les dîmes, l'alleu de «Evox» (alias Enox) et «Midiano», don du comte Sunier (Suniarius), «Riodarari» avec les églises dédiées à sainte Marie, saint Jean, saint Pierre, sainte Marguerite, y compris les dîmes, les manses du «villaris Aliario» donnés par la comtesse Richilde; dans le «pagus» de Gerona, la «villa» dite «Locustaria» avec l'église dédiée à saint Félix; dans le comté d'Ausone, le «villaris Asenario», «Speluncas», l'alleu appelé «Cirviano», «Felgairolas», «Elota» (alias Clota), ce que le comte Sunier possédait à «Anglata», l'église dédiée à saint Martin, y compris les dîmes. Le roi prend les moines et leurs biens sous sa protection, leur renouvelle le privilège de l'immunité et, conformément aux dispositions de son précepte et de celui de Louis le Pieux, les exempte, eux et leurs gens, de tout tonlieu.

Référence : Arthur Giry, Maurice Prou, Georges Tessier et Ferdinand Lot (éd.), Recueil des actes de Charles II le Chauve, roi de France (840-877), Vol. 2, Paris, 1955, no474.

A. Original du faux perdu.

B. Copie du 29 juin 1228, dans un vidimus original de Grégoire IX, Archives de l'Aude, H 16, d'après A.

C. Copie de l'année 1677, par Dom Jean Trichaud, dans le Chronicon seu historia regalis abbatiae Beatae Mariae de Crassa, Bibliothèque nationale, ms. lat. 12857, p. 527, «ex ejusdem chartarii autographo», d'après A.

D. Copie de l'année 1668, par Gratian Capot, Bibliothèque nationale, Collection Doat, vol. 66, fol. 63, d'après A.

E. Copie de la fin du xve s., dans le cartulaire de Lagrasse appelé le Second livre vert, Archives de l'Aude, H 9, p. 20, sous le titre: «Copia privilegii signati per... XXI», probablement d'après A.

F. Copie de l'année 1668, par Gratian Capot, Bibliothèque nationale, Collection Doat, vol. 66, fol. 390, d'après B.

G. Copie du xviiie s., Bibliothèque nationale, Collection de Languedoc, vol. 74, fol. 196, d'après a.

a. Mabillon, Annales ordinis sancti Benedicti, t. III, p. 670, «ex authentico», d'après C.

b. Histoire générale de Languedoc, t. I, preuves, col. 102, n° lxxix (très court extrait).

c. Recueil des historiens de la France, t. VIII, p. 541, n° cxxxiii, d'après a.

d. Mahul, Cartulaire et archives des communes de l'ancien diocèse et de l'arrondissement administratif de Carcassonne, t. II, p. 214 (long extrait).

e. Histoire générale de Languedoc, éd. Privat, t. II, preuves, col. 300, n° 147.

Indiqué : Georgisch, Regesta, t. I, col. 117.

Indiqué : Bréquigny, Table chronologique, t. I, p. 242.

Indiqué : Böhmer, Regesta, n° 1657.

Indiqué : A. Molinier, Remarques sur quelques actes publiés par Dom Vaissete, dans l'Histoire générale de Languedoc, éd. Privat, t. II, p. 558 et dans la Bibliothèque de l'École des Chartes, t. XXXVII (1876), p. 37.

A. Molinier, dans le mémoire cité plus haut, n'a pas eu de peine à établir la fausseté de cet acte. Au point de vue diplomatique la mention du chancelier Gozlinus en 855 et celle du notaire Jean (la leçon Jonas est une correction des éditeurs) rendent dès l'abord le diplôme suspect. Il renferme des noms de localités qui ne sont entrées dans le patrimoine de Lagrasse qu'à la fin du ixe ou au xe s. On se reportera sur ce point à la dissertation de Molinier. Il en ressort que le faux ne saurait être antérieur à la donation de Canohès à Lagrasse par l'évêque d'Elne en 970 et peut-être à la restitution de cette localité par le comte d'Ampurias en 1036. Si le formulaire est correct, c'est que le faussaire a reproduit purement et simplement le diplôme du 28 juin 870 (n° 340) en allongeant la liste des propriétés de Lagrasse et en introduisant partout la mention des dîmes. L'imitation est à ce point servile qu'elle porte même sur la date. Si la leçon anno XVI est la bonne, le faussaire s'est contenté de diminuer de quinze unités le nombre d'années du règne, ce qui sauvegardait la concordance avec l'indiction. Nous imprimons en petit texte les parties empruntées au diplôme de 870 dont les leçons nous ont guidé dans le choix des variantes.


Texte établi d'après B C D E. Orthographe de B.

In nomine sancte et individue Trinitatis. Karolus gratia Dei rex. Si necessitatibus servorum Dei opem ferendo libenter consulimus, regie dignitatis morem imitamur et ob id nobis Deum fore propitium non dubitamus. Quamobrem notum sit omnibus sancte Dei Ecclesie fidelibus et nostris, presentibus scilicet atque futuris, quia Suniarius, venerabilis abba Sancte Marie, ad nostram accedens clementiam res quasdam datas sancte Marie ut illi eas precepto nostre auctoritatis confirmaremus deprecatus est, quas etiam avus et genitor noster et nos aliquantas confirmavimus, sed quia postea, Deo annuente, aucte sunt, alio eguerunt precepto, necnon etiam ut sub nostre tuitionis mundeburdo tam se quamque prescriptam abbatiam accipi postulavit. Cujus petitionibus aurem clementie nostre ob Dei amorem et sancte Virginis intemerate genitricis Dei dilectionem placide prebentes, hoc imprevaricabile preceptum fieri illique dari jussimus, per quod precipimus atque decernentes jubemus ut celle sive alie res que jam fato monasterio a Deo timentibus collate sunt, id est in pago Carcasensi, Flexus cum ecclesia sancti Cucufati, cum decimis et terminis suis et adjacentiis, et cellam sancti Genesii cum terminis et adjacentiis suis et decimis, Boloniacum cum ecclesia sancti Pauli et sancti Ananie cum decimis et adjacentiis suis; in pago Narbonensi, Capudspina cum ecclesia sancti Petri cum decimis et adjacenciis suis et terminis, quod Agila abbas apprehendit ante Fulconem missum nostrum et in Licio sancti Petri cum decimis et terminis et adjacentiis suis, et Palma super litus maris cum ecclesia sancti Johannis cum terminis et decimis et adjacentiis suis; et cellam que dicitur Prata cum ecclesiis videlicet sancti Petri et sancti Johannis et sancti Salvatoris et Gervasii et Celsi et sancti Martini in villa Canouas cum decimis et terminis et adjacentiis suis, in pago Confluente, in surburbio Helenense, necnon villa Ribalta quam idem abba cum Isimberto concambiavit; et in pago Minarbensi, in villa Anforarias, domos et terras quos Agila et Elias tenuerunt et saline que sunt in subteriori loco; et in Bisuldinense, ecclesiam sancti Stephani juxta alveo Fluviano cum decimis et terris et vineis et molendinis cum capud aquis et adjacentiis suis, et in ipso comitatu, ipsum alodem de Evox et Midiano cum ecclesiis et terminis et adjacentiis suis que Suniarius comes dedit sancte Marie, Riodazari cum ecclesiis sancte Marie, sancti Johannis et sancti Petri et sancte Margarite cum villulis et villaribus que in circuitu earum sunt, cum decimis et terminis et adjacentiis suis et ipsos mansos de villare Aliario cum condaminas et ipsas decimas, quem Richildis comitissa dedit sancte Marie per cartam donationis; et in pago Gerundense villam quam nuncupant Locustaria cum ecclesia sancti Felicis, cum decimis et terminis et adjacentiis suis; in comitatu Ausonense, villare Asenario et Speluncas cum terminis et adjacentiis suis, et alium alodem quem dicunt Cirviano, et Felgairolas et ipsa serra, et ipsum alium quem dicunt Clota et ipsa Anglata quantum ibi habuit Suniarius comes, ecclesiam sancti Martini cum decimis de villulis et villaribus, cum terminis et adjacentiis suis et terris que in circuitu ejus sunt; necnon etiam et reliqua que ibi collata fuerunt, tum terre et vinee, prata et domos ad jam dictas pertinentes seu segregatim date predicto abbati et suis monachis ibidem Domino famulantibus ad suarum necessitatum emendationem sint et neque auferendi ex eis habeat potestatem et sub nostro quoque mundeburde et pretextu nostre dominationis esse jubemus predictos monachos et suorum res et, excussa omni potestate judiciaria, volumus ut nullus in rebus eorum potestatem habeat fidejussorem tollere aut aliquem distringere, neque paratam aut mansionaticum accipere. Nolumus ut ab istis vel ab eorum hominibus aliquid telonei, id est ponta, pontaticus, pascuaticus, cespiaticus, salaticus aut aliquid redibitionis exigatur secundum quod in precepto nostro et genitoris nostri continetur insertum, quatinus hac adjuti concessione pro nobis et regno nostro Deum implorare condelectet. Et ut hec nostre largitionis auctoritas..., manu propria subter firmavimus et anuli nostri impressione jussimus sigillari.

Signum (Monogramma) Karoli gloriosissimi regis.

Johannes notarius ad vicem Goslini recognovit.

Data iiii kl., julii indictione iii, anno XVI regnante Karolo gloriosissimo rege. Actum Atiniaco. In Dei nomine feliciter. Amen.


Localisation de l'acte

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