861, 14 juillet. — Compiègne.
Acte faux
Charles le Chauve soumet à l'évêque de Paris Énée et à ses successeurs le pont qu'il a fait construire à ses frais et avec le consentement de l'évêque en dehors de la ville, sur le territoire du monastère épiscopal de Saint-Germain-l'Auxerrois, pour qu'ils en disposent librement, ainsi que de la route dite de Saint-Germain qui y aboutit. Le pont et la route bénéficieront du régime de l'immunité.
A. Original du faux perdu.
B. Copie du xiie s., dans le Livre noir de Notre-Dame de Paris, Archives nationales, LL 78 (anc. LL 177), p. 36 (anc. fol. viiv°), sous le titre: «De ponte. VII».
C. Copie du xiiie s., dans le Petit Pastoral de Notre-Dame de Paris, Archives nationales, LL 77 (anc. LL 176), p. 45, sous la rubrique «De ponte majori. XIX», probablement d'après B.
D. Copie du xviie s., par André Du Chesne, Bibliothèque nationale, Collection Baluze, vol. 55, fol. 2v°, d'après C.
E. Copie du xviie s., par Baluze, Bibliothèque nationale, Collection Baluze, vol. 83, fol. 78, d'après C.
F. Copie du xviie s., Bibliothèque nationale, Collection Dupuy, vol. 222, fol. 32, d'après C.
G. Copie collationnée le 19 avril 1540, Archives nationales, S 45, n° 17, d'après C.
H. Copie informe du xviie s., Archives nationales, S 45, n° 10, d'après C.
I. Autre copie informe du xviie s., Archives nationales, S 45, n° 18, d'après C.
J. Copie du xviie s., Bibliothèque nationale, ms. lat. 11897 (Anecdota, t. XII), fol. 130, d'après a.
a. Baluze, Capitularia regum Francorum, édition de 1677, t. II, col. 1481, n° xcix, d'après C.
b. Dubois, Historia ecclesiae Parisiensis, t. I, p. 460, d'après C.
c. Recueil des historiens de la France, t. VIII, p. 568, n° clxvi, d'après a.
d. Guérard, Cartulaire de Notre-Dame de Paris, t. I, p. 243 (année 862), d'après C.
e. R. de Lasteyrie, Cartulaire général de Paris, p. 62, n° 45, d'après B et C.
Indiqué : Georgisch, Regesta, t. I, col. 137 et 147.
Indiqué : Bréquigny, Table chronologique, t. I, p. 257.
Indiqué : Böhmer, Regesta, n° 1694.
Il est certain que Charles le Chauve a donné à l'église de Paris le pont qui reliait la cité à la rive droite de la Seine et nous avons mentionné ce diplôme perdu dans le tome Ier du présent Recueil sous le n° 186, à la date présumée du 14 juillet 856. Un diplôme de Charles le Simple, daté du 16 septembre 909, est garant de son existence (Lauer, Recueil des actes de Charles III le Simple, p. 136, n° lxii). Il est non moins certain que la donation de Charles le Chauve ne se présentait pas sous la forme qu'elle revêt actuellement. Les indications chronologiques sont contradictoires. Le 14 juillet de la 22e année du règne correspond au 14 juillet 861, mais le chiffre de l'indiction qui convient à l'année 861 est le chiffre 9 et non le chiffre 3. D'autre part, en 861, le recognoscens Gislebertus avait quitté la chancellerie depuis trois ans au moins. Il était alors évêque de Chartres. Le vocabulaire, les formes rédactionnelles assignent à ce texte une date postérieure à celle qu'il se donne. On le croirait volontiers contemporain du parchemin, écrit au xie siècle, qui nous a transmis le texte remanié du diplôme de Louis le Pieux visé dans le renvoi aux precepta antecessorum nostrorum. Ce diplôme, daté d'Aix-la-Chapelle, le 19 octobre 819 (Böhmer-Mühlbacher, Die Regesten, n° 704 [683]), porte confirmation de privilèges perdus de Pépin et de Charlemagne en faveur de l'église de Paris, à laquelle s'ajoute, entre autres choses, une confirmation d'immunité pour diverses voies de communication, et notamment pour la ruga sancti Germani mentionnée dans le précepte de Charles le Chauve.
In nomine sanctȩ et individuȩ Trinitatis. Karolus gratia Dei rex. Notum sit omnibus episcopis, abbatibus, ducibus, comitibus, vicariis, centenariis, telonariis, omnem rem procurantibus fidelibus nostris, presentibus scilicet et futuris, quia, inspirante clementia Salvatoris, pro tocius utilitate regni nostri ac defensione sanctȩ Dei Ȩcclesiȩ atque Normannorum infestatione, una cum assensu et voluntate fidelis nostri Parisiacȩ urbis Ȩneȩ episcopi, placuit nobis extra prȩdictam urbem, de erarii nostri scatto, supra terram monasterii sancti Germani suburbio commorantis quod a priscis temporibus Autisiodorensis dicitur, subjectum etiam matri ȩcclesiȩ sanctȩ Mariȩ commemoratȩ urbis, oportunum majorem facere pontem. Post expletionem vero ejusdem pontis, tactus, ut credimus, rore cȩlesti, dignum judicavimus, pro amore Dei et sanctȩ Dei genitricis Mariȩ sanctique Stephani, ipsum pontem Ȩneȩ prȩdicti episcopi successorumque suorum potestati subicere, quatinus tam ipse quam successores ejus ipsum pontem una cum via quȩ per terram sancti Germani ad eundem pontem vadit, Deo propitio, ordinent absque alicujus comitis ordinatione, et in eadem emunitate permaneat, sicut antea fuit et in preceptis antecessorum nostrorum et nostro de rua sancti Germani continetur. Qua concessione facta, prȩcellentiȩ nostrȩ placuit serenitati, tam ex predicto ponte quam ex via sancti Germani jam predicti quȩ tendit ad eundem pontem, eidem scilicet Eneȩ episcopo suisque successoribus auctoritatis nostrȩ solidum inconcussumque statuere preceptum, ita ut tam ipse quam successores ejus in posterum sepe memoratum pontem cunctasque areas aquȩ ejusdem pontis ac molendinos et quicquid ad eum justo ordine et legatione pertinere videtur, absque ullius comitis vel vicecomitis seu cujuslibet judiciariȩ potestatis contradictione, libero et pacifico teneant arbitrio. Et ut hoc nostrȩ auctoritatis atque largitionis preceptum in Dei nomine per succedentia annorum curricula conservetur veriusque ab omnibus credatur, anuli nostri impressione subter sigillari ac decorari jussimus manuque propria nostra affirmare curavimus.
Signum (Monogramma) Karoli gloriosissimi regis.
Gislebertus notarius.
Data pridie idus julii, indictione tercia, anno XXII domini Karoli gloriosissimi regis. Actum palatio Compendio. In Dei nomine feliciter. Amen.