871, 21 septembre. — Choisy[-au-Bac].

Acte faux

Autre expédition du même diplôme contenant d'appréciables variantes. Dans l'énumération des biens affectés au trésor figurent en plus neuf manses, une chapelle, un moulin et une brasserie sis à «Fulselcur».

Référence : Arthur Giry, Maurice Prou, Georges Tessier et Ferdinand Lot (éd.), Recueil des actes de Charles II le Chauve, roi de France (840-877), Vol. 2, Paris, 1955, no493.

A1. Original du faux perdu.

B1. Copie du xviiie s., Bibliothèque nationale, ms. lat. nouv. acq. 2295, fol. 42, sous le titre: «Carta pro continuatione luminis ecclesie sancti Medardi...».

C1. Copie du xviiie s., ibidem, fol. 45, sous le même titre qu'en B1.

D1. Copie du xviiie s., Bibliothèque nationale, Collection de Picardie, vol. 21, fol. 150, «extraict des archives du monastère de Saint-Médard de Soissons».

E1. Copie du xviiie s., Bibliothèque nationale, ms. fr. nouv. acq. 22210, fol. 176, sous le titre: «Charta Caroli Calvi in qua continentur donationes in varios usus... concessae».

a1. Recueil des historiens de la France, t. VIII, p. 628, n° ccxxxiii, «ex archivis hujus monasterii [sancti Medardi Suessionensis], an. 870», d'après la même source que D1 et E1.

Indiqué : Bréquigny, Table chronologique, t. I, p. 291 (année 870).

Nous avons longuement hésité avant d'insérer ce diplôme dans la série des actes entièrement supposés. Ernst Müller (Die Nithard-Interpolation und die Urkunden- und Legendenfälschungen im St Medardus Kloster bei Soissons, dans le Neues Archiv, t. 34, 1908, p. 693) avait déjà mis en doute sa sincérité et présenté à ce sujet des observations pertinentes. Il faisait remarquer que le préambule est le même que celui de la fausse donation de Choisy-au-Bac à Saint-Médard par Louis le Pieux (Böhmer-Mühlbacher, Die Regesten, n° 842 [816]; publiée dans le Recueil des historiens de la France, t. VI, p. 539, n° xxvi). On pourrait objecter à cet argument que le rédacteur de la donation de Choisy a emprunté son préambule au diplôme de Charles le Chauve. Mais ce préambule n'est pas plus conforme aux habitudes de la chancellerie de Charles qu'à celles de la chancellerie de Louis le Pieux. D'autre part, la formule de corroboration est la même que dans le diplôme original pour Saint-Médard, expédié au plus tard en avril 870 et publié plus haut sous le n° 338. Les deux diplômes sont souscrits par le même notaire Adalgarius et mentionnent l'apposition d'une bulle. Tous deux contiennent avant la formule de corroboration la clause stipulant le maintien sous la protection royale de l'établissement, de ses biens, de ses serfs, de son mobilier, à une variante près, à quoi s'ajoutent quelques analogies verbales dans le reste du texte. On ne peut se défendre de la pensée que le rédacteur du présent acte avait sous les yeux le diplôme n° 338 et on s'étonne qu'il n'y ait fait aucune allusion, étant donné que les deux diplômes sont l'un et l'autre des affectations générales de biens à la mense conventuelle. On s'étonne encore plus de ne pas y retrouver les mêmes noms de lieux. Il est fréquent, d'autre part, que des diplômes aient été expédiés en double exemplaire, mais ici le deuxième paraît en quelque sorte l'amplification et la mise au point du premier. L'allure oratoire de l'exposé est une mauvaise note. Dans l'énumération désordonnée des biens affectés à la mense conventuelle figurent des églises rurales détachées de la villa où elles se trouvaient. Mais surtout on ne saurait admettre que Charles ait affecté au luminaire une source de revenus aussi importante que celle de la monnaie de Soissons, en la mettant sur le même rang que quelques manses et des églises. La moneta aurait été donnée à Saint-Médard par Louis le Pieux (Gallia christiana, t. IX, col. 411). Cette donation est problématique et pareille concession en faveur d'un monastère nous semblerait d'ailleurs anormale à pareille époque. Il n'est pas jusqu'à l'indication topographique donnée dans la formule de date qui ne suscite un doute. En soi, un arrêt du souverain à Choisy-au-Bac le 21 septembre 871 pourrait se concilier avec son itinéraire à la fin de l'été et au début de l'automne de cette année, mais le choix de cette localité devait venir tout naturellement à l'esprit d'un faussaire qui avait fabriqué la prétendue donation du monastère de Choisy à Saint-Médard et qui avait assorti les deux documents d'un même préambule. Nous insinuons par là que leur fabrication serait contemporaine. Celle-ci se placerait dans la première moitié du xe siècle.


Texte de II établi d'après B1 C1 D1 E1.

In nomine sancte et individue Trinitatis. Karolus Dei gratia rex. Quamvis ad augmentum glorie sanctorum nihil proficere possit quod a fidelibus ad venerabillima loca in quibus eorum corpora qui[escere] noscuntur fuerit impertitum, credendum tamen est multum eorum saluti proficere qui sua pro amore Dei venerationi sanctorum largiuntur, quoniam et hujusmodi rebus sancte Dei Ecclesie honor augmentatur, pauperes etiam et egeni aluntur, certumque est Christum in illorum veneratione coli atque honorari qui pro illorum salute animas suas ponere non dubitaverunt et cum quibus se mansurum usque ad seculi consummationem veridica voce promisit. Comperiat igitur omnium fidelium sancte Dei Ecclesie nostrorumque, presentium scilicet et futurorum, solertia quia, divina ordinante clementia et voluntate sanctorum Medardi confessoris Christi necnon germani sui confessoris Dei Gildardi atque incliti martyris Sebastiani placuit celsitudini nostre quasdam res honori et reverentie predictorum sanctorum collatas sigillatim deputare ac deputatas auctoritatis nostre precepto confirmare, ita ut perpetim firmiterque habeantur ad ornatum sancte Dei ecclesie preparandum ac stabiliendum in diversis operibus fabrilibus auri, argenti diversorumque metallorum, sive ad luminaria concinnanda tam cere quam olei liquore vel etiam ad sustentationem pauperum qui opibus ecclesie ali debent et sustentari, ut nostris specialibus donis honor ecclesie auctus crescat et laudetur a cunctis limina illa frequentantibus omnipotens Deus qui est in secula et sine fine benedictus. Hec ergo sunt nomina villarum quas dare disponimus ad luminaria ecclesie, ecclesiam unam in Buris, et inter ipsum Burum et Villarem mansos ingenuales undecim, serviles tres, accolas septem, farinarium unum, et ecclesiam sancti Vedasti cum omnibus que ad illam pertinent, monetam etiam quam positam habemus in Suessionensi civitate; ad thesaurum vero eorumdem sanctorum de potestate sancti Petri omnem abbatiolam cum integritate extra quod monachi habent de Rothondis, in Bitreio mansos ingenuales viginti quinque, ecclesiam unam et capellam unam, farinarios duos, cambam unam, in Fulselcur mansos novem, capellam unam, farinarium unum, cambam unam, in Puteolis mansum servilem unum, de terra arabili bu... duodecim, in Cameleco mansos decem, inter Gunantem et sanctum Crispinum mansos quindecim, ecclesiam unam, in Buscarolas mansos triginta sex, farinarios duos, in Cucusina mansos septem et in circuitu ejusdem monasterii accolas viginti sex, farinarium unum et pratum magnum et silvarium circa monasterium. Preter ista concedimus etiam abbatiolam Crucis sancti Audoeni cum omni integritate, et constituimus ut omni anno de nostro dominico dentur ad vinaticum sancti Medardi vini modia centum viginti. Constituimus etiam ad matriculam inter villam Otgedam et Vitulinam et Condeditum et Cis, Minciacum, Cresenicum et Bethiacum, ecclesias duas, mansos ingenuales quadraginta, serviles quadraginta, accolas decem et septem, farinarios quatuor. Concedimus etiam inter Croiacum et Vinoilum et civitatem de vineis bunr. quinque et quadros septuaginta octo. Quicquid autem a Deum timentibus eidem ecclesiae collatum est et in futuro conferetur firmiter absque alicujus rectoris contradictione teneatur atque possideatur. Unde hoc altitudinis nostrae praeceptum fieri jussimus, per quod prefate res cum ecclesiis, domibus, edificiis, viridariis, hortis, vineis, terris, silvis, pratis, pascuis, aquis aquarumve decursibus, piscinis, molendinis, mancipiis utriusque sexus desuper commanentibus, vel ad easdem res juste pertinentibus, ad ecclesiam predictorum sanctorum sicut prenotatum est deserviant; ex eisdem autem rebus ter in anno plena refectio monachis ejusdem monasterii a thesaurario preparetur; ipsa vero ecclesia omnesque ejus et mancipia cunctaque supellex in nostro successorumque nostrorum munimine ac mundeburgo indesinenter maneant. Et ut hec auctoritas quam ob Dei amorem sanctorumque et anime nostre remedium statuimus atque roboravimus firmiorem obtineat vigorem, manus nostre conscriptione subter firmavimus et impressione bulle nostre insigniri fecimus.

Signum Karoli gloriosissimi regis.

Adalgarius ad vicem Gosleni recognovit.

Data XI kal. octob., indictione IIII, anno XXXII Karolo gloriosissimo rege. Actum Causiaco. In Dei nomine feliciter. Amen.


Localisation de l'acte

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