872, 18 juillet. — Limoges.

Acte faux

Charles le Chauve ordonne de reconstruire le monastère de Solignac brûlé et détruit de fond en comble par les Normands et lui donne les églises dont les noms suivent avec les manses qui en dépendent ou lui en confirme la possession, en les affectant aux besoins des moines: Saint-Martin de Nedde, Saint-Junien de Lacelle, Saint-Hilaire-les-Courbes, Saint-Martin de Treignac, Saint-Jal, Saint-Clément, Saint-Mexant, Saint-Germain[-les-Vergnes], Saint-Vincent-de-Bar, Saint-Bonnet[-Avalouze], Chanteix, Saint-Saturnin de Perpezac[-le-Blanc], l'église de «Colsorn», l'église de «Septem piris», Saint-Pardoul de Sussac, Saint-Saturnin de Glandon.

Référence : Arthur Giry, Maurice Prou, Georges Tessier et Ferdinand Lot (éd.), Recueil des actes de Charles II le Chauve, roi de France (840-877), Vol. 2, Paris, 1955, no495.

A. Original du faux perdu.

B. Copie du xiie s., transcrite au verso d'une feuille de parchemin contenant copie d'actes concernant les abbayes d'Uzerche, de Ventadour et la congrégation de Cluny, Bibliothèque nationale, Collection de Bourgogne, vol. 79, pièce 195.

C. Copie de l'année 1676, par Dom Estiennot, dans la 3e partie des Antiquitates in dioecesi Lemovicensi, Bibliothèque nationale, ms. lat. 12748 (anc. Saint-Germain lat. 542), p. 137 «ex veteri ms. domini abbatis».

D. Double de la copie précédente, Archives de la Haute-Vienne, série H, n° provisoire 9240, p. 116.

E. Copie du xviie s., par Baluze, Bibliothèque nationale, Collection Baluze, vol. 86, fol. 418, «ex vetustissima membrana Cluniacensi», d'après B.

a. Baluze, Miscellanea, t. VI, p. 495 (éd. de Lucques, t. III, p. 36), avec attribution à Charles le Simple, «ex chartario Cluniacensi», d'après C.

b. Recueil des historiens de la France, t. VIII, p. 641, n° ccxlv, d'après a.

Indiqué : Bréquigny, Table chronologique, t. I, p. 296.

Indiqué : Böhmer, Regesta, n° 1780.

Indiqué : Bruel, Recueil des chartes de l'abbaye de Cluny, t. I, p. 22, n° 17.

La fausseté de ce diplôme n'est pas à démontrer. Le préambule est celui d'un acte privé. Le roi parle à la première personne du singulier. La formule de corroboration est insolite comme la mention, dans la formule de date, de l'intervention de l'évêque de Limoges, «adstante et concedente Turpione episcopo». Turpion était évêque de Limoges au temps de Charles le Simple, d'où la méprise de Baluze dans son édition signalée sous la lettre a. Le nom du notaire Gammo et la convenance des éléments chronologiques de la date indiquent que le rédacteur avait sous les yeux un modèle authentique. Le faux lui-même est sans doute d'origine assez tardive, du xie ou du début du xiie siècle. Il a été fabriqué en vue de la revendication d'un certain nombre de paroisses situées dans un périmètre assez restreint, l'arrondissement actuel de Tulle et les circonscriptions immédiatement circonvoisines. La tradition manuscrite suggère l'hypothèse d'une origine clunisienne.

Nous avons reproduit aussi fidèlement que possible la copie B, dont l'encre est très effacée et qui est devenue par endroits illisible. Les passages entre crochets ont été restitués à l'aide de C et de E. La copie C ne semble pas avoir été faite directement sur B, mais doit en dériver par l'intermédiaire d'un cartulaire perdu.

In nomine sanctae et indiv[id]ue Trinitatis. Ego Karolus gratia Dei rex. Considerans molem meorum peccaminum et Dominum dicentem: «Date helemosinam et ecce omnia munda sunt vobis» et «Operemur bonum ad omnes, maxime autem ad domesticos fidei dum tempus habemus», quamobrem condolens volo compati, quia, ait apostolus, «si compatimur, et con[regnabimus]», ecclesiae Solempniaci quam beatus Elegius, Noviomensis episcopus, jussu nostri predecessoris, videlicet incliti Dagoberti regis, [in honor]e sancte Dei genitricis Marie et apostolorum Petri et Pauli et martyrum Dionisi[i] atque Pancracii et sanctorum confessorum [Martini] atque Medardi omniumque sanctorum mirabiliter construxit atque adornavit. Hoc tale tantumque cenobium, dum Deo favente..... fere ducentis et X annis religione polleret, supervenere Normanni, igne combusserunt et funditus destruxerunt, quam destructionem graviter ferens, quoniam debeo gaudere cum gaudentibus et flere cum flentibus, mea copia istius jam dicti monasterii volo sit [inopiae supplementum], reedificare monasterium cum officinis et omni supellectili jubeo, et de meis reditibus ad sustentationem monachorum inibi Deo famulantium condono, videlicet ecclesiam sancti Martini de Aneta cum XL mansis, ecclesiam sancti Juniani de Cella cum XII mansis, ecclesiam sancti Hilarii de Corbas cum XVcim mansis, ecclesiam sancti Mar[tini de Trainiaco cum VIIII mansis], ecclesiam sancti Galli cum X mansis, ecclesiam sancti Clementis cum XXXta mansis, ecclesiam sancti Maxencii cum V mansis, ecclesiam sancti Germani cum XV mansis, ecclesiam sancti Vincentii de Bar cum VIIIto mansis, ecclesiam sancti Boniti cum V mansis, ecclesiam de Cantau cum tribus mansis, ecclesiam sancti Saturnini de Perpeziaco cum XXti mansis, ecclesiam de Colsorn cum VII mansis, ecclesiam de Septem piris cum XXIIIIor mansis, ecclesiam sancti Pardulfi de Suisiaco cum XI mansis, ecclesiam sancti Saturnini de Glandom cum XII mansis. De istis quasdam alii monasterio ante me dederant. Omnes vero has ego regia dignitate cum sibi adjacenciis concedo et ut firmiter in perpetuum maneat, inpressione anuli mei consigno.

Signum (Monogramma) Karoli gloriosissimi regis. Gamonocarius ad vicem regis recognovit.

Datum XV kl. augusti anno XXXIII regnante Karolo gloriosissimo rege, in sessione Lotharii IIIIto anno. Actum apud Lemovicas civitate, adstante et concedente Turpione episcopo. In Dei nomine feliciter. Amen.

Localisation de l'acte

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