NS.
Acte faux
Charles le Chauve, roi et en même temps abbé de Saint-Denis, reprend en précaire, moyennant un cens annuel de cinq livres d'argent, la «villa» de Rueil, précédemment donnée à l'abbaye, et lui donne le «mansus Gosleni» et le «mansellus Ermentrici», réservés dans le précepte de donation, le tout devant faire retour après sa mort à l'abbaye, à charge, pour le «mansus Gosleni», de fournir chaque année trente muids de vin, qui seront distribués par les soins du doyen à raison d'un pot par mois pour chaque moine, et de célébrer le jour de cette distribution une commémoration générale de la mémoire du roi.
A. Original du faux perdu.
B. Copie du début du xive s., au recto du 3e feuillet de garde en tête du cartulaire de Saint-Denis dit Cartulaire de Rueil, Archives nationales, LL 1167.
a. Giry, La donation de Rueil à l'abbaye de Saint-Denis, dans les Mélanges Julien Havet, p. 716, d'après B.
On a vu précédemment (t. II, n° 379) que, lorsque Charles le Chauve avait donné la «villa» de Rueil à l'abbaye de Saint-Denis, il s'était réservé le «mansus Bobleni cum parceriis suis» et le «mansellus Ermenrici et lacuna». Ces restrictions avaient été purement et simplement supprimées dans le diplôme remanié publié sous le n° 496. Dans le mémoire visé sous la lettre a, Arthur Giry explique l'existence du texte publié ci-dessous par une tentative maladroite de justifier les prétentions de l'abbaye de Saint-Denis sur le mansus Bobleni, devenu ici le mansus Gosleni, et sur le mansellus Ermenrici, devenu le mansellus Ermentrici. Cette tentative se traduisit par un projet que devait annuler le remaniement. Quoi qu'il en soit de cette hypothèse, ce texte, qui rapporte une opération tout à fait invraisemblable de la part du roi, ne saurait se comprendre qu'en l'annexant au dossier de la donation de Rueil. C'est pourquoi nous le publions à cette place, sans chercher à lui assigner une date.
In nomine sancte et individue Trinitatis. Karolus gracia Dei rex. Si emelioracionis seu augmentacionis causa ecclesiasticis consulimus, regiis profuturum nobis ad eternam beatitudinem capessendam nullatenus ambigimus. Quapropter noverit omnium sancte Dei Ecclesie fidelium sollercia quoniam nos, divina ordinante gratia rex, necnon et electione et favore tocius congregacionis beati Dyonisii abba, suggerentibus isdem fratribus, villam Riogilum, quam eidem cenobio seu congregacioni regia potestate per preceptum nostre auctoritatis concessimus, in precioram tamen accipimus, dantes ad presens prefato cenobio et congregacioni quod nobis de ipsa villa retinuerimus, id est mansum Gosleni cum parceriis suis et mansellum Ermentrici et lacunam et per singulos annos ad luminaria concinnanda que in altero precepto ipsius ville habentur, id est tam ad septem lampadas in ecclesia quam ad quindecim lucernas in refectorio que de prefata eternaliter villa supleri jussimus. Damus ad censum ejusdem ville, dum vixerimus, annis singulis, argenti libras IIIIor. Post nostrum vero discessum, eadem villa, cum omni re emeliorata vel adacta, ad memoratum cenobium, hiis rebus deservitura quas in altero precepto inseri jussimus, perpetualiter habenda, absque nullius contradictionis aut inquietudinis molestia, revertatur, ita tamen ut de manso Gosleni, quem ad presens concessimus solventem XXXta modios vini, per singulos menses fratres singulos staupos accipiant, quo tempore decanus eos decreverit fratribus fore necessarios; videat tamen decanus ut nullo mense remaneant. Et dum ipsos staupos fratres accipiunt, generalis commemoracio pro nobis fiat. Ut autem hoc cercius reddatur firmiusque observetur, manibus propriis subter firmantes, bullis nostris jussimus insigniri.