[875, 25 décembre – 877, 6 octobre].
Acte faux
Charles le Chauve, à la prière de l'abbé Raoul (Rodulfus), confirme au monastère de Saint-Vaast la possession des biens qui lui avaient été jadis donnés par le roi Thierry [III]: en Artois, Athies et Feuchy, affectés à la matricule, Berneville et Dainville, affectés à la porterie; en Vermandois, Moislains, Vaux[-sur-Somme], Puzeaux; dans le Bétuwe (in Batua), Ressen, Wolferen et deux localités appelés «Rothem»; dans la Hesbaye et le «pagus Ripuarius», Heembeke, Halmael et Tourine, plus six manses seigneuriaux et soixante-quinze manses serviles répartis entre «Atheim», Marilles, «Ambron», Muysen, «Groslas» et «Has villas»; dans la Vétéravie, «Cambac»; dans le Caribant, Mastaing et en Pévèle, Mons. Il confirme en outre la donation qu'il a faite aux moines d'Angicourt, de «Trumelcurt», d'Hendecourt[-lès-Ransart], de «Tillet» et d'Herlincourt.
A. Original du faux perdu.
B. Copie en partie figurée du xiie siècle, sur parchemin, Archives du Pas-de-Calais, H 413.
C. Copie de la fin du xvie ou du début du xviie siècle, dans un recueil dit Livre rouge de Saint-Vaast, jadis conservé à l'évêché d'Arras, fol. 162v°, sous le titre: «Privilegium Caroli regis et imperatoris auro bullatum de confirmatione privilegii Th[eoderici] regis et de hoc quod monasterium sancti Vedasti suis muneribus ampliavit».
D. Copie du xvie siècle, dans le recueil dit Cartulaire de Guiman, Archives du Pas-de-Calais, H 1, fol. 8, sous le titre: «Privilegium Karoli regis et imperatoris confirmantis sub (sic) data et collata a Theoderico rege augentisque munera».
E. Copie du xviie siècle, Bibliothèque de Carpentras, ms. 1791 (Peiresc, XXIII, I), fol. 448.
F. Copie collationnée le 11 avril 1661 par deux notaires royaux, Bibliothèque nationale, Collection Baluze, vol. 39, fol. 91, d'après un «anchien cartulaire couvert de bois et cuir rouge».
Fac-similé : lithographique de la copie figurée mentionnée sous la lettre B, dans Van Drival, Cartulaire de l'abbaye de Saint-Vaast d'Arras, p. 38-39.
a. Taillar, Recherches pour servir à l'histoire de l'abbaye de Saint-Vaast, p. 350.
b. Van Drival, ouvr. cité, p. 38, d'après D, et p. 427, d'après B, avec le titre de C.
Nous considérons ce diplôme comme un faux intégral. De même objet que le diplôme du 30 octobre 867 (n° 304), il n'y fait aucune allusion et présente même avec lui quelques contradictions. Il n'est pas rappelé dans le diplôme du roi Eudes du 21 mai 890 (éd. Van Drival, ouvr. cité, p. 51), qui rappelle au contraire celui de 867. Aucune des copies qui nous sont parvenues ne contient le protocole final. La légende de la bulle d'or (p. 661, n. 5), qui aurait été suspendue à l'original n'inspire guère confiance. Enfin et surtout, l'acte de Thierry III confirmé par Charles le Chauve ne supporte pas l'examen (cf. Pardessus, Diplomata, t. I, Proleg., p. 109, et t. II, p. 186). Si, quelques expressions maladroites mises à part, l'allure générale est celle d'un diplôme carolingien, c'est que le faussaire a inséré son dispositif dans un cadre emprunté d'ailleurs assez librement et adroitement au n° 304. Le faux ne doit pas être postérieur à 1150 (p. 661, n. 6), mais les noms de lieux amputés de leur terminaison latine dans la deuxième partie du dispositif donnent à penser qu'il ne saurait être de beaucoup antérieur. — Les parties imprimées en petit texte représentent d'une part un emprunt massif au diplôme de Thierry III (depuis ad matriculam jusqu'â Montes), d'autre part les expressions tirées du diplôme n° 304.
In nomine sanctae et individuae Trinitatis. Karolus ejusdem Dei omnipotentis gratia imperator augustus. [2] Si ea quȩ predecessores nostri superna dispensatione et gratia sublimes et inspirati ȩcclesiarum et servorum Dei utilitatibus providentes illis [3] contulerunt nostris edictis confirmamus vel ipso Deo illuminante imperiali munificentia cumulamus, hoc nobis procul dubio ad eternam [4] beatitudinem et totius regni nobis a Deo commissi tutelam profuturum esse credimus. Notum sit igitur omnibus sanctȩ Dei Ȩcclesiȩ et nostris fidelibus, scilicet tam futuris quam presentibus, quod Rodulfus, abbas monasterii sancti Vedasti quod vocatur Nobiliacus, ubi ipse pretiosus confessor [5] Christi corpore quiescit, fratres quoque ejusdem loci suppliciter nobis supplicaverunt ut pro Dei omnipotentis amore et ne aliqua successorum nostrorum [6] negligentia futuris temporibus ordo monasticus in ȩcclesia ipsa perturbaretur, quasdam villas seu possessiones jam priscis temporibus a [7] regibus per precepta imperialia sibi delegatas nostra quoque munificentia pro nostra totiusque regni salute et statu collatas nostre auctoritatis [8] precepto seu sigillo firmari juberemus, quatinus et antecessorum nostrorum et nostre liberalitatis munere irrefrabiliter in perpetuum [9] uterentur. Nos autem et peticionis et petentium dignitatem et rationem benigne attendentes aurem celeri accommodavimus assensu et quae [10] a predecessore nostro rege Theoderico delegata sunt, sicut ab ipso stabilita et ordinata sunt, in perpetuum permanere decernimus, ad [11] matriculam scilicet ȩcclesiȩ in Atrebatensi pago Atheas, Felci, ad portam ȩcclesiȩ Bernivillam, Dagivillam, in pago Virmandensi [12] Mediolanas, Valles, Puteas Aquas, in Batua Rexnam, Vulfaram cum cappella, Rothem et aliam Rothem, in pago Hasbanio et Ribuario [13] Hembec, Halmala, Torona et inter Atheim, Mariclas, Ambron, Musinium, Groslas, Has villas, mansos dominicales VI, mansos [14] serviles LXXV, in Watrevia Cambac cum appenditiis suis et ecclesia, in pago Caribant Maxcin cum appenditiis, in Pabula [15] Montes. Similiter ea quȩ ipsis suscipientibus omnipotenti Deo de suis muneribus regali munere reddimus cum predictis eos [16] perhenniter possidere sancimus, videlicet Angilcurt, Trumelcurt, Hendecurt, Tillet, Erlencurt. Precipimus igitur regia [17] auctoritate ut nemo successorum nostrorum regum vel comitum quod nostro roboratum est edicto subtrahere, commutare vel imminuere [18] audeat aut ad usus suos retorqueat vel alteri quicquam horum in beneficium tribuat, quatinus monachi in cenobio [19] suprascripto secundum regulam sancti Benedicti libere De deservire valeant et fideliter pro nobis omnipotentem Deum [20] sedule exorent.