[875, 25 décembre – 877, 6 octobre].
Acte faux
Charles le Chauve, à la prière de l'évêque de Mâcon Lambert, lui adjuge la propriété d'une «cellula» dédiée à saint Albain et à saint Vincent en Mâconnais, revendiquée à tort par l'évêque de Châlons, Gilbaldus, et il donne en outre aux clercs de l'église de Mâcon des terres situées à Château où se trouve une église dédiée à saint Martin.
A. Original du faux perdu.
B. Copie du xviie s., par Jean Bouhier, Bibliothèque nationale, ms. lat. 17086, p. 49, sous le titre: «Altercatio inter episcopos Cabilonensem et Matisconensem componitur», d'après une copie ancienne perdue du Livre enchaîné, p. 49.
C. Copie de la première moitié du xviiie s., par Claude Bernard de Châtenay, lieutenant particulier au bailliage de Mâcon, Archives de Saône-et-Loire G 198, p. 62, sous le titre: «Maintenue contre Gilbard, évêque de Châlons, et donation en faveur de Lambert, évêque de Mâcon, par Charles empereur», d'après la même source que B.
a. Jacques Severt, Chronologia historica reverendorum episcoporum dioecesis Matisconensis, 2e éd. (1628), p. 41, édition incomplète et fautive, d'après la même source que B C (fol. 44).
b. Gallia christiana, t. IV, instrumenta, col. 270, d'après B.
c. Recueil des historiens de la France, t. VIII, p. 655, n° cclxvii (vers 876), d'après b.
d. Ragut, Cartulaire de Saint-Vincent de Mâcon, p. 72, n° xcvii, d'après B et C.
Indiqué : Bréquigny, Table chronologique, t. I, p. 306.
La teneur de ce document, encombrée d'incohérences et de fautes tant au point de vue du fond que de la forme, n'inspire pas confiance. On comparera ce précepte notifiant une décision judiciaire avec un acte de même nature, le diplôme pour l'église de Mâcon du 4 décembre 861 (n° 236) que le faussaire avait à sa disposition et dont il s'est inspiré pour les passages imprimés ci-dessous en petit texte. Le nom de Landri (Lentricus) a été mis en avant parce que ce personnage avait donné la chapelle de Saint-Albain à Saint-Vincent de Mâcon, entre 864 et 873 (Ragut, Cartulaire de Saint-Vincent de Mâcon, p. 47, n° lx). Landri la tenait lui-même de Charles le Chauve (Recueil, t. I, p. 25, n° 10). Voir dans Ragut, ouvr. cité, p. 207, n° ccclix, la sentence épiscopale rendue en 906 à propos d'une revendication élevée contre les chanoines de Mâcon par les moines de Saint-Oyand, à propos, semble-t-il, de la même chapelle.
Texte établi d'après B et C.
In nomine sancte et individue Trinitatis, Karolus gratia Dei imperator augustus. Quicumque imperiali auctoritate desiderat sublimari, sollicitudine vigili omnipotentis misericordiam Dei toto debet affectu precari, cujus gratia prefertur. Igitur notum esse volumus sancte Dei Ecclesie filiis, presentibus scilicet atque futuris, qualiter veniens Lambertus, Matiscensis ecclesie reverendus presul, innotuit serenitati nostre altercationem se habere cum Gilbaldo, Cabilonensis ecclesie episcopo, de cellula sancti Albani ac sancti Vincentii que est constructa in territorio Matiscensis ecclesie. Prefatus equidem Gilbaldus asserebat quod jam dicta cellula subjecta deberet esse sue ecclesie; domnus autem Lambertus ostendit preceptum, et hoc reperimus etiam nostrorum fidelium relatione sedem ibi esse pontificalem antiquam. Proinde claret quia plus attinet ad ecclesiam in cujus territorio consistit quam ex nostro fisco vel ex ecclesia Cabilonensi mendaciter. Quamobrem aures sublimitatis nostre Lentricus pulsavit nunc res ipsas, res dicens quam non erant, et exuo adprobavimus irritum fieri ipsum preceptum. Deprecatus est etiam clementiam nostre serenitatis Lambertus ut dictis clericis de istis seu de aliis rebus nostris condonaremus, dicens pauperculam esse suam ecclesiam et quod non haberent sui clerici nisi parum quod nostra largitio eis concesserat et per preceptum. Quapropter dedimus eis terras que adjacent in pago Matisconensi in loco qui dicitur Castellum, que habet ecclesiam in honore sancti Martini cum omnibus rebus ad eam pertinentibus et fecimus eis firmitatis preceptum ob emolumentum eterne remunerationis.