[844], 30 juin. — Saint-Sernin [de Toulouse].
Charles le Chauve, à la prière de l'abbé Thibaud (Theobaldus), restitue au monastère de Psalmodi, dans le Nimois, dédié à la Mère de Dieu et aux saints apôtres Pierre et Paul, des colonges situées dans les «pagi» de Nîmes et de Maguelonne que feu le comte Bernard ne lui avaient pas rendues malgré un précepte de Louis le Pieux délivré à la demande de l'abbé Theutmirus, ainsi qu'un certain nombre d'autres biens, le tout énuméré dans l'acte, savoir, dans le Nimois, une colonge voisine de «Mariacum» (?), à Nîmes même, des tenures abandonnées et une olivette donnée jadis au monastère par un évêque de Nîmes décédé, au Teillan, une tenure, une vigne et quelques terres; dans le «pagus» de Maguelonne, l'église de Saussines, dédiée à saint Étienne, la colonge «Amancianicum», dite aussi «Martinianicum», la moitié de la «villa Colonzecates», lui donne en sus la colonge dite «Grivoldanicus» située aux portes du monastère et un droit d'usage dans la forêt de la Pinède, enfin défend de troubler les religieux à propos de la pêche et de prélever aucun tonlieu à ce sujet.
A. Original perdu.
B. Copie figurée du xiie s. Parchemin. Hauteur à gauche et à droite, 390 mm; largeur en haut, 578 mm., en bas, 575 mm. Archives du Gard, H 114.
C. Copie de l'année 1683, dans le cartulaire authentique de Psalmodi, dit le Livre vert, Archives du Gard, H 106, fol. 2v°, probablement d'après B.
D. Copie de la fin du xviie ou du xviiie s., sur papier timbré, Archives du Gard, H 1152, d'après B et C.
E. Copie notariée de l'année 1687, sur papier timbré, Archives du Gard, G. 110720, soi-disant collationnée sur l'«original trouvé dans les archif (sic) du chapitre d'Aigues-Morte[s]», en réalité d'après C.
F. Copie de la fin du xviie s. dans un cahier de papier, Archives du Gard, H 125, p. 58, d'après C.
G. Copie de l'année 1745 dans un cahier de six feuillets, Bibliothèque nationale, ms. lat. 17066, fol. 15 (p. 3 du cahier), d'après C.
a. Recueil des historiens de la France, t. VIII, p. 466, n° xlv, d'après G.
b. Histoire générale de Languedoc, éd. Privat, t. II, preuves, col. 251, n° 122, d'après a.
Indiqué : Bréquigny, Table chronologique, t. I, p. 214.
Indiqué : Böhmer, Regesta, n° 1566.
Indiqué : Lot et Halphen, Le règne de Charles le Chauve, p. 102 et 103, n. 1.
Il n'y a aucune raison sérieuse de mettre en doute la sincérité de ce diplôme considéré dans son ensemble. Le copiste de B avait sous les yeux l'original comme le prouvent la confusion qu'il a faite entre r et s (reddimur, 11e et 12e lignes) et la graphie de Karoli dans la souscription. Cependant, la teneur présente deux difficultés qui peuvent aussi à la rigueur s'expliquer par un accident de la tradition. L'acte est daté de la deuxième année du règne, au lieu de la cinquième, le copiste ayant lu II le chiffre V en forme de U. Il est fait allusion à un évêque de Nîmes, décédé, nommé Franciscus. Ce nom au ixe siècle serait tout à fait insolite, et nous sommes en présence du seul texte qui mentionne ce personnage. Il y a eu évidemment une erreur de lecture. Peut-être faut-il restituer Christianus. — Le seul diplôme connu de Louis le Pieux pour Psalmodi, en date du 3 décembre 815, est un diplôme d'immunité. (Böhmer-Mühlbacher, Die Regesten, n° 599 (570); publié dans le Recueil des historiens de la France, t. VI, p. 484, n° xl). Il n'y est pas question de restitution.
Nous donnons ci-dessous une édition diplomatique de B, en complétant les lacunes dues à l'altération du parchemin et marquées par des crochets carrés, à l'aide de C et de D.
In nomine sanctae et individuae Trinitatis. Karolus gratia Dei rex. Si petitionibus servorum Dei quas nobis pro utilitatibus sanctae Dei Ecclesiae suisque necessitatibus insinuaverint serenitatis nostrae [2] aurem acomodamus easque ad effectum perducimus, regie celsitudinis opera frequentamus ut per hoc aeternae beatitudinis gloriam facilius nos adepturos omnino confidimus. Idcirco notum sit omnibus sancte Dei Ecclesiȩ fidelibus et nostris, presentibus [3] atque futuris, quia religiosus vir Theobaldus, abba monasterii sancte Dei genitricis Marie vel sancti Petri, apostolorum [pr]incipis, ac sancti Pauli, gencium doctoris, quod est situm in insula que apellatur Psalmodia, in pago scilicet Nemausensi, [4] adiens culminis nostre serenitati, innotuit reverencie nostre quasdam colonicas in eodem pago vel Magdalonensi s[i]tas suo quondam pertinuisse monasterio, quas eciam domnus [et] genitor noster augustus Ludovicus ad peticionem [5] predecessoris ejusdem abbatis, id est Theutmiri, eidem monasterio clementi restitucione reddi jussit hac r[est]aurari mandavit. Sed quia contemptus superbiae Bernardus quondam comes eandem genitoris nostri jussionem implere [6] neglexit et suis hominibus quibus ipsas res dederat violenter habere permisit, peciit idem prenominatus Theobaldus abba pietatem nostram ut ob salutem anime ejusdem domni et genitoris nostri hac nostre ipsas colonicas et quedam mancipia eidem [7] similiter monasterio pertinencia cum aliis quib[usc]umque rebus ibi quoque appendentibus per magnitudinis nostre preceptum ei reddere seu plenius confirmare dignaremur. Cujus denique deprecacionem clementer audivimus et ita illi [8] in omnibus concessisse cunctis notum esse volumus. Proinde ergo magnificencie nostre preceptum hoc fieri jussimus per quod memorata indagacio monasterio plenissime red[dimus] vel restauramus, id est in pago Nemausensi [9] colonicam subtus M[a]r[i]acum et infra ipsam [civita]tem casalia diruta et quoddam olivetum quod Fra[nci]scu]s [q]uondam episcopus ejusdem civitatis eidem monasterio de[di]t, in villa Telliano casale et vineam et aliquid [10] de terris, in pago autem Magdalonensi in v[illa S]olcinas ecclesiam sancti Stephani cum suo appendici[o, in] eodem pago colonicam Amancianicum que et Martin[ianicum] vocatur, necnon et medietatem territorii ville [11] Colonzecates, simul etiam et mancipia quae prescriptus comes ipsi monasterio pertinencia injuste retineb[at]. Has denique res, sicut dictum est, prefato monasterio plenissime reddimur et ob emolumentum anime nostre quamdam [12] colonicam que dicitur Grivoldanicus, prope for[e]s sepe dicti monasterii sitam, de fisco nostro eidem conferimus regiaque tradiccione intergerrime delegamus, instituentes et sancientes ut et ea que reddimur et ea que condo-[13]-namus in utilitatibus et usibus frequenter dicti monasterii et fratrum in eodem Deo serviencium perpetuis temporibus proficiat in augmentum et anime nostre prosit in adjutorium. Sed et ad sublevandum preterea eorum necessitatem, concedimus [14] eis licenciamque cedendi tribuimus de silva ipsi monasterio vicina que apellatur Pineta in utilitatibus ecclesie et usibus eorumdem cum pascuis ejusdem silve peccora eorum alendi, precipientes atque jubentes ut nullus hominum illis [15] aut successoribus eorum de hoc aliquam pres[uma]t ingerere contrarietatem aut aliquem exigere censum, nec de piscacione maris aut fluminis seu stagni aliquam illis [au]deat inferre inquietacionem aut exigere thelo-[16]-neum, sed, sicut a nobis est illis concessum ita omnibus cum omni quiete et securitate per omnia tempora liceat illis perfrui. Et [ut] hec nostra auctoritas per seculorum tempora pleniorem obtineat firmitatem, manu nostra subter eum firmavimus et de anulo [17] nostro sigillari jussimus.
[18] Signum (Monogramma) Karoli gloriosissimi regis. Aeneas notarius ad vicem Hludovici recognovit. Data II kl. juli, indicione VII, anno II regni Karoli gloriosisimi regis. Actum in monasterio sancti Saturnini. [19] In Dei nomine feliciter. Amen.