842, 24 février. — Worms.
Charles le Chauve donne à Saint-Arnoul de Metz, où son père Louis le Pieux est enterré et que gouverne son oncle l'archevêque Drogon, la «villa» de Remilly dans le «pagus Moslensis», à charge de célébrer tous les ans la mémoire de son père, et affecte la chapelle construite dans ladite «villa» en l'honneur de saint Martin, avec tous ses revenus, à l'entretien des frères de Saint-Arnoul.
A. Original douteux. Parchemin autrefois scellé. Hauteur, 575 mm. à gauche, 580 mm. à droite; largeur, 515 mm. Archives de la Moselle, H 29.
B. Copie authentique de l'année 1625, Archives nationales, J 979, n° 4817, d'après A.
C. Copie du xviiie s., par Dom Robert, collationnée en 1762 par les notaires Vernier et Roucelle, dans le recueil appelé Grand cartulaire-de-Saint-Arnoul, Bibliothèque municipale de Metz, ms. 1088, p. 11, sous le titre: «Donation de Rumilly par Charles le Chauve», d'après A.
D. Copie du xviiie s. «collationnée sur l'original... par Dom Tabouillot», Bibliothèque nationale, Collection Moreau, vol. 1, fol. 144, d'après A.
E. Copie du xve s., dans un des exemplaires du recueil connu sous le nom de Petit cartulaire de Saint-Arnoul, Bibliothèque municipale de Metz, ms. 814 (n° 64 du fonds historique), sous le titre: «Preceptum Karoli imperatoris de villa Rumeliaca», d'après un exemplaire plus ancien du Petit cartulaire.
F. Copie du xve s., dans un autre exemplaire du Petit cartulaire, Bibliothèque municipale de Metz, ms. 1225 (Salis, 76), fol. xxiv°, d'après un exemplaire plus ancien du Petit cartulaire.
G. Copie du xviie s. par André Du Chesne, Bibliothèque nationale, Collection Baluze, vol. 47, fol. 103v°, d'après un exemplaire du Petit cartulaire.
H. Copie du xviie s., Bibliothèque nationale, Collection Dupuy, vol. 499, fol. 156v°, d'après un exemplaire du Petit cartulaire.
I et J. Deux copies du xviie s., Archives de la Moselle.
a. Meurisse, Histoire des evesques de l'église de Metz, p. 269, d'après un exemplaire du Petit cartulaire.
b. Recueil des historiens de la France, t. VIII, p. 430, n° iv, d'après a.
Traduction : André Valladier, L'auguste basilique de l'abbaye royale de Sainct-Arnoul de Metz, p. 218, probablement d'après une des traductions manuscrites signalées p. 22, n. 2.
Fac-similé : de l'original: Lot, Lauer et Tessier, Diplomata Karolinorum, III, pl. iv.
Indiqué : Bréquigny, Table chronologique, t. I, p. 204 (année 841).
Indiqué : Böhmer, Regesta, n° 1536.
Indiqué : Wolfram, Kritische Bemerkungen zu den Urkunden des Arnulfsklosters, dans les Jahrbücher der Gesellschaft für lothringische Geschichte und Altertumskunde, t. I (1888-1889), p. 47.
Indiqué : Lot et Halphen, Le règne de Charles le Chauve, p. 49 et n. 2.
Indiqué : Jusselin, Notes tironiennes de quelques diplômes de Charles le Chauve, dans la Bibliothèque de l'École des Chartes, t. XCVIII (1937), p. 13, avec fac-similé des notes.
Le parchemin conservé aux archives de la Moselle (A) est plus probablement un pseudo-original qu'un original. Le format de la feuille, l'écriture et particulièrement les panses ondulées de la première ligne et de la souscription de chancellerie, exceptionnelles dans la première moitié du ixe siècle, la souscription de chancellerie elle-même qui diffère totalement du type habituel de celle de Jonas, la forme du chevron dans le losange central du monogramme, qui ne se prolonge pas à la partie inférieure et qui n'est pas accosté d'un point, l'allure des notes tironiennes (voir l'article de M. Jusselin cité sous la rubrique Indiqué), tout cela semble exclure la participation de la chancellerie de Charles le Chauve. Quant au fond, l'hypothèse d'un faux est à rejeter. Elle a contre elle les données de l'itinéraire du souverain qui aussitôt après l'échange des serments de Strasbourg (14 février 842) gagna Worms par Wissembourg (Nithard, III, 5, éd. Lauer, p. 108). Sans doute, avant le règlement d'Aix-la-Chapelle (Lot et Halphen, ouvr. cité, p. 53), Louis et Charles avaient-ils déjà ébauché un projet de partage qui laissait au second, en tout ou en partie, la région mosellane, ce qui justifie l'expression villam nostram mise dans la bouche de Charles à propos de Remilly. Dans ces conditions, on s'explique fort bien que le vainqueur de Fontenoy ait été invité à refaire le geste que dix-huit mois plus tôt avait accompli Lothaire. En effet, le 13 août 840, celui-ci avait donné à Saint-Arnoul «quemdam fiscum nostrum Rumeliacum nomine qui est in pego Metensi, interjacens comitatus Moslensis confinio et Solnensis comitatus atque Calvomontensis» (Böhmer-Mühlbacher, Die Regesten, n° 1071, anc. 1037). D'autre part, l'affectation des revenus de la chapelle dédiée à saint Martin aux besoins des chanoines est cautionnée par un diplôme de Louis le Germanique qui, le 23 novembre 875, tenant en sa main l'episcopatus de Metz, intervenait à la demande des frères de Saint-Arnoul pour restituer ladite chapelle «ad fratrum usus» (éd. Kehr, Diplomata regum Germaniae ex stirpe Karolinorum, t. I, p. 232, n° 167). Une explication des anomalies de A serait à la rigueur possible. L'acte pourrait avoir été rédigé et écrit par un clerc de Drogon ou un chanoine de Saint-Arnoul et présenté à la chancellerie pour y être scellé. L'allure générale du formulaire, d'un excellent style diplomatique, mais peu conforme aux usages de la chancellerie de Charles, et particulièrement le préambule de circonstance qui, non seulement par son inspiration, mais par ses expressions et son style, est un spécimen unique dans la série des préambules de nos diplômes témoigneraient en faveur de cette hypothèse. — Il y a discordance entre les données chronologiques de la date. C'est le chiffre V qui convient à l'indiction de l'année 842, exigée par l'itinéraire.
(Chrismon) In nomine sanctae et individuae Trinitatis. Karolus gratia Dei rex. Magna pars divini cultus esse dinoscitur si paternae dulcedinis memoria quem divinorum [2] testamentorum praecepit dignis obsequiis honorare precipiunt post viae ingressum universae carnis affectibus venerationis debitae recolatur, sanctus quin etiam Dominus excellenter in sanctis suis in quibus existit mirabilis venera-[3]-tur atque optatae propitiationi conciliatur, cum pro ipsius honore et amore amici ejus fidelium munificentia honorantur, unde magnopere ipsi viventes et in ipso morientes adjuvari noscuntur. Quapropter noverit omnium [4] fidelium sanctae Dei Ecclesiae ac nostrorum, praesentium scilicet et futurorum, industria quia pro amore et honore Dei ac sancti Arnulfi pretiosi confessoris ipsius seu pro animae remedio bonae beataeque recordationis domni ac genitoris nostri [5] pii videlicet augusti Hludowici villam nostram vocabulo Romeliacum, sitam in pago Moslense, cum omnibus ad eam pertinentibus, quicquid dici aut nominari potest, praesenti traditionis nostrae praecepto ad eundem sanctum locum ubi [6] idem beatus confessor Domini requiescit humatus, in quo etiam praefati domni ac genitoris nostri divaeque memoriae corpus constat esse sepultum, quem etiam uti civitatis suae dicioni subjectum honorabilis atque amabilis [7] [pa]truus[s n]oster Drogo, venerabilis scilicet Metensium archiepiscopus, religiosa dispositione ordinare ac custodire dinos[citu]r, perpetuo deserviendam concedimus et donamus, ut inde, sicut idem vir Domini et venerabilis archiepiscopus [8] carissimusque patruus noster disposuerit, memoria supra memorati, immo saepius memorandi, domni et genitoris nostri annuatim agatur, statuentes etiam ut capella in eadem villa in honore sancti Martini confessoris [9] Christi dedicata ad usus fratrum in predicto sancto loco Deo militantium cum omnibus jure ad se pertinentibus omnique integritate perpetuo pleniter habeatur, unde eis juxta modum oportuna conferatur utilitas, et nulla umquam persona [10] de his omnibus quicquam ab eis subtrahere aut minuere praesumat, sed quod ipsi cum prelato eorum ad utilitatem sui inde statuerint omni tempore agendum sit, quatinus eorum amminiculis adjuti diutius atque attentius [11] per futura tempora pro sepe memorato domno genitore nostro ac nobis Domini clementiam eos implorare delectet. Et ut haec traditionis nostrae auctoritas per futura tempora pleniorem in Dei nomine obtineat [12] firmitatis vigorem, eam manu nostra subter firmavimus et anuli nostri inpressione signari jussimus.
[13] Signum (Monogramma) Karoli gloriosissimi regis. (Chrismon) Jonas notarius ad vicem Hludowici recognovi et s. (Signum recognitionis cum notis inclusis: Jon-as notarius advicem Lu-do-vi-ci scripsi et subscripsi). (Locus sigilli).
[14] Data VI kal. martii, anno secundo, indictione quarta, regnante Karolo gloriosissimo rege. Actum Wormatia. In Dei nomine feliciter. A M H N.