890, 10 janvier [ou 889, 10 juin ?]. — Orléans.
Eudes, à la prière de l'évêque d'Angers Rainon, affranchit en présence de ses fidèles le serf royal Ailbertus en lui faisant tomber de la main un denier selon la loi salique.
A. Original perdu.
B. Copie du xviiie siècle, Bibliothèque nationale, Collection dom Housseau, t. I, fol. 137 v° (ancien 113), d'après le cartulaire noir du chapitre de Saint-Maurice d'Angers, fol. 27 v°.
C. Copie du xviie siècle, par André Du Chesne, Bibliothèque nationale, Collection Baluze, t. 39, fol. 62, d'après « un registre en papier contenant plusieurs tiltres de l'église d'Angers et autres ».
D. Copie du xviie siècle, par Auguste Galland, dans Mémoires servans à la preuve des fiefs..., vol. VI, Bibliothèque nationale, ms. fr. 16181, fol. 2 v°.
E. Copie annotée du xviiie siècle, par D. Moreau, Bibliothèque nationale, Collection Moreau, t. III, fol. 30, d'après B.
a. Mabillon, De re diplomatica, 1681, p. 575, n° CXVIII, « ex schedis v. cl. D. d'Hérouval ».
b. Du Cange, Glossarium..., éd. L. Favre, t. IV, p. 246, Manumissio per denarium, « ex tabulario S. Florentii Salmuriensis ».
c. G. Dubois, Historia ecclesiae Parisiensis, t. I, 1690, p. 526, d'après a.
d. Recueil des historiens de la France, t. IX, p. 440, n° I, d'après a.
e. Chanoine Urseau, Cartulaire noir de la cathédrale d'Angers, dans Documents historiques sur l'Anjou, publiés par la Société d'Agriculture, Sciences et Arts d'Angers, t. V, 1908, p. 86, n° XXXIX, d'après B et C.
Indiqué : Bréquigny, Table chronologique, t. I, p. 340.
Indiqué : Favre, Eudes, p. 230-231.
Il s'agit ici d'un acte d'affranchissement, donc dépouillé de toute solennité : le diplôme est dépourvu de préambule et d'exposé ; la souscription royale n'est pas annoncée et l'acte ne comportait donc pas le monogramme habituel ; la date n'indique pas le chiffre de l'indiction. Cet acte est tout à fait conforme à la formule n° 1 des Formulae imperiales.
La date présente une difficulté. Si on suit en effet l'année du règne, l'acte serait du 10 janvier 890, puisque le changement s'effectuait au 13 janvier. Cette date n'est nullement invraisemblable : le roi était à Chartres le 30 décembre (n° 16) et il sera à « Lernegia », sans doute Ernée (Mayenne), le 30 janvier. Cependant l'erreur de deux unités dans le compte des années de l'Incarnation (style de Noël) semble bien forte (DCCC LXXXVIII au lieu de DCCC XC), d'autant que depuis juillet 889 le notaire-chancelier Throannus était parvenu à un juste calcul de ces années.
Pour notre part, nous serions tenté de proposer une correction dans la lecture du nom du mois, tout à fait admissible du point de vue paléographique : IIII id. jun. au lieu de IIII id. jan. S'il en était ainsi — mais il ne peut s'agir que d'une présomption et non d'une certitude absolue — l'acte serait du 10 juin 889, époque à laquelle le roi, comme on sait, tenait effectivement son plaid général à Orléans ; le diplôme — avec l'erreur, habituelle à cette date, d'une unité dans le calcul des années de l'Incarnation — appartiendrait à la série des actes délivrés en juin 889 (nos 1-9).
Seul Dom Housseau (B) semble avoir copié l'acte directement sur le grand cartulaire noir de la cathédrale d'Angers. Les copies du Du Chesne (C), de Du Cange (b), d'Hérouval — celle-ci telle que nous l'a transmise Mabillon (a) — et de Galland (D) sont très voisines les unes des autres et, selon toute vraisemblance faites sur un recueil factice d'érudit, ce « registre en papier contenant plusieurs tiltres de l'église d'Angers et autres » que signale Du Chesne. Ce recueil avait très certainement emprunté le texte du diplôme au cartulaire noir lui-même ; car on retrouve sur toutes les copies la leçon fautive de ce dernier pour le nom du chancelier : Rollonis au lieu d'Eblonis, due à une mauvaise lecture du moine du milieu du xiie siècle. La référence donnée par Du Cange : archives de Saint-Florent de Saumur, semble d'ailleurs erronée et son texte est établi médiocrement.
In nomine sanctae et individuae Trinitatis. Odo gratia Dei rex. Notum sit omnibus fidelibus sanctae Dei Ecclesiae et nostris, praesentibus scilicet atque futuris, quia nos, ob amorem Dei aeternorumque remunerationem praemiorum perque deprecationem Rainonis episcopi, servum juris nostri nomine Ailbertum astantem in conspectu nostro et fidelium procerum nostrorum, manu propria a manu ejus excutientes denarium secundum legem salicam, liberum fecimus atque ab omni servitutis vinculo absolvimus, ejus quoque absolutionem per hanc praesentem auctoritatem nostram confirmamus et nostris futurisque temporibus firmiter atque inviolabiliter ratam esse volumus. Praecipientes ergo jubemus ut, sicut reliqui manumissi qui a regibus antecessoribus nostris hoc modo noscuntur esse relaxati ingenui, ita deinceps jam nominatus Ailbertus per hoc nostrum praeceptum solemniter in Dei nomine confirmatum, nemine inquietante sed Deo auxiliante, perpetuis temporibus valeat permanere bene ingenuus atque securus. Et ut haec nostrae mercedis relaxatio per omnia tempora inviolabiliter conservetur, annulo nostro subter sigillari jussimus.
Truanus notarius ad vicem Eblonis recognovit et subscripsit.
Data IIIIto idus januarii, anno ab Incarnatione Domini DCCCLXXXVIII, anno secundo regnante Odone gloriosissimo rege. Actum Aurelianis. Feliciter. Amen.