[888, 29 février. – 890, 22 mars]. — Tours.

Jugement du roi Eudes, assisté de son frère Robert, abbé de Saint-Martin de Tours, et des autres grands, condamnant un certain Ricbertus, jadis vassal du feu archevêque de Tours Adalaldus, à rendre à l'abbaye divers biens (deux manses au Tremblay, un manse « in villa Modullo », trois perches entre « Chelaucum » et Villiers et deux quartes entre « Pennas » et Tourailles), qu'il tenait sans titre écrit, lesquels lui avaient été indûment légués par l'archevêque son parent, qui lui-même les tenait des frères à cens — cens d'ailleurs demeuré impayé — depuis la mort du bénéficiaire antérieur Gibaldus. Ricbertus en avait appelé au roi, après avoir été une première fois condamné à cette restitution à la requête de ses propres colons qu'il traitait mal, par le doyen Gauzuinus, prévôt de Suèvres, le prêtre Bernon architrésorier et l'écolâtre Odalricus.

Référence : Georges Tessier et Robert-Henri Bautier (éd.), Recueil des actes d'Eudes roi de France (888-898), Paris, 1967, no19.

Ce jugement est aujourd'hui perdu ; mais il n'est pas absolument sûr que la décision judiciaire du roi et de son entourage (adjudicatio) ait donné nécessairement lieu à la rédaction d'un acte écrit. Nous en connaissons la teneur par la notice rédigée à Tours même par les soins des frères de Saint-Martin le 22 mars 890 et constatant l'exécution de la sentence royale dont les circonstances sont rappelées : en compensation de l'usurpation des biens de Saint-Martin par lui commise, Ricbertus remet à l'abbaye trois alleux (à Molono, villa Ressiana et Canavarias), mais il les reçoit à titre de précaire sa vie durant, ainsi que les terres qui avaient fait l'objet du procès.

De cet acte Favre (Eudes, p. 131 et p. 242, n. 1) avait tiré la conclusion que le roi Eudes était présent lui-même à Tours le jour de la rédaction de cette notice le 22 mars. C'est forcer le sens du texte : la mise à exécution de la sentence royale et la rédaction de la notice ont pu suivre immédiatement le prononcé du jugement, mais elles ont pu aussi bien avoir lieu quelques jours, sinon quelques semaines plus tard. Cette dernière éventualité nous paraît plus vraisemblable, car dans le premier cas on se serait sans doute contenté du jugement solennel souscrit par le roi.

Mabille a daté cette notice de 891 ou 892, Favre de 890. Nous nous rallions à cette dernière opinion, en nous fondant sur l'année du règne, l'an iii répondant à 890.


... Gauzuinus decanus sive villae Pseudoforensis praepositus atque sacerdos, Berno quoque levita et archiclavis, necnon Odalricus ipsius coenobii scholarum magister... in jamdictam venerunt Pseudoforum villam... Ante ipsorum praesentiam quidam homines ipsius venerunt potestatis, reclamantes se fortiter de quodam vasallo nomine Ricberto, qui fuerat quondam miles cujusdam Turonorum archiepiscopi nomine Adalaldi, cui etiam idem episcopus quandam terram quam de fratribus in vita, post mortem scilicet Gibaldi, sub censu quamvis male neglecto tenuerat... laxavit, id est IIII mansos... Qui talem audientes clamorem..., praescriptos IIII terrae mansos... revocaverunt..., hoc est in villa Trembleio mansos II, in villa Modullo mansum I, inter Chelaucum et Villarem perticas III atque inter villam Pennas et Toralias quartas II.

... Quam rem praedictus audiens Ricbertus... praesentiam domni Odonis serenissimi regis, Turonis tunc residentis, seu etiam Rotberti ejusdem germani et rerum, ut diximus, beati Martini abbatis, caeterorumque virorum nobilium quantocius adire, indicans eis qualiter praefati sancti Martini canonici easdem res, quas sibi Adalaldus, senior suus, sub censu dimiserat revocari jusserant. Denique, jussu regis et ipsius Rotberti abbatis, vocati sunt Gauzuinus decanus ac Berno aedituus, alii etiam quamplures. Qua de causa interrogati, responderunt quod, postquam saepefatus Adalaldus ipsas sancti Martini res praenominato Ricberto laxaverat, nullam census redditionem exinde habere potuerant sed potius ipsius terrae heredes crudeli attenuaverat exactione. Addebant etiam ipsum Ricbertum nullam recepisse ab Adalaldo auctoritatem per quam legaliter ipsam sancti Martini terram possidere valeret. Quod audientes, rex scilicet Odo et abba Rotbertus seu caeteri pernobiles in circuitu residentes confestim adjudicaverunt ipsum Ricbertum res sancti Martini aut sine auctoritate aut absque aliqua suarum rerum condonatione in posterum habere non posse. Quo regali judicio et communi assensu, ...

Data est autem haec notitia XI kalendas aprilis, in civitate Turonis, anno III Odone regnante pacifico rege...


Localisation de l'acte

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