890, 22 juin. — Abbaye de Meung-[sur-Loire].
Eudes, après consultation de ses fidèles, restitue à sa fidèle, la noble dame Emma, les biens qu'elle avait longtemps tenus en vertu de préceptes royaux, savoir Congy en Nivernais, Servigny en Chalonnais et Savigny en Mâconnais, dont l'évêque d'Autun Augier (Adelgarius) l'avait dépouillée pour les réincorporer à son église. Elle tiendra ces biens sa vie durant à titre d'usufruit et de bénéfice, après quoi ils feront retour à l'église de Saint-Nazaire [d'Autun] aux termes du précepte qu'Eudes avait délivré à l'évêque Augier.
A. Original. Parchemin autrefois scellé. Hauteur : 635 mm ; largeur : 555 mm. Archives départementales de Saône-et-Loire, série G (Fonds du chapitre cathédral d'Autun).
B. Copie du xviie siècle par D. Aubrée, Bibliothèque nationale, Collection de Bourgogne, vol. 108, fol. 4, d'après A.
C. Autre copie du même, même collection, vol. 111, fol. 9, d'après A.
a. Recueil des historiens de la France, t. IX, p. 454, n° XV, d'après B ou C.
b. L. Lex, Documents originaux antérieurs à l'an mil des Archives départementales de Saône-et-Loire, p. 33, n° XI, d'après A.
Fac-similé : Lot et Lauer, Diplomata Karolinorum, VII, pl. XV (Eudes, n° 5).
Indiqué : Böhmer, Regesta, n° 1885.
Indiqué : Favre, Eudes, p. 131.
L'acte est rédigé et écrit par le notaire-chancelier Throannus, comme les diplômes nos 15, 18, 29, 30 et 32 : voir notre introduction, p. xlii.
Un trou ayant enlevé le début du nom de la noble fidèle du roi, Dom Aubrée avait cru pouvoir lire le nom de Lora, et cette désignation a été jusqu'ici suivie par les éditeurs et les historiens. Il y a de très fortes chances qu'il faille à cette lecture substituer celle de Emma. On distingue en effet, très nettement la boucle supérieure de l'E initial et le dernier jambage de l'm.
Aucune trace ne subsiste des préceptes des rois prédécesseurs d'Eudes, sans doute Charles le Chauve et Charles le Gros, présentés par Emma à l'appui de sa requête. Pas davantage le précepte qu'Eudes lui-même avait délivré à l'évêque d'Autun au sujet des mêmes biens et aux clauses duquel il est fait ici allusion.
D'ailleurs, bien que le présent diplôme ait prévu la réintégration des trois domaines dans le patrimoine de l'église d'Autun et bien que ce diplôme lui-même nous ait été conservé par les archives de cette église, il ne semble pas que Congy, Servigny et Savigny aient figuré ultérieurement parmi les biens de Saint-Nazaire. Un domaine de Savigny est bien mentionné dans un diplôme de Louis IV du 25 juillet 936 (Ph. Lauer, Louis IV, n° I) ; il était de ceux que Raoul et d'autres prédécesseurs de Louis IV avaient restitués à l'église d'Autun. Mais cette localité doit être identifiée avec Savigny-le-Vieux (cne de Curgy, arr. et con d'Autun) selon Lauer (op. cit., p. 147), A. de Charmasse (Cartulaire de l'église d'Autun, t. I, p. 390) et L. Lex (op. cit., p. 33), tandis qu'ici il s'agit d'une localité du pagus de Mâcon, Savigny-sur-Grosne (arr. de Mâcon, con de Saint-Gengoux-le-Royal).
Parmi les éléments chronologiques de la date, l'année de l'Incarnation et l'an du règne concordent. Seul le chiffre de l'indiction, VII, est, comme souvent sous ce règne, trop faible d'une unité et devrait être corrigé en VIII.
Le document était déjà dans un état délabré quand Dom Aubrée l'a vu et copié. Il possédait cependant encore son sceau à cette époque : « il est », nous dit-il, « parfaitement beau et a autour : ODO GRATIA DEI REX. C'est un buste ». Mabillon l'avait déjà noté dans son Iter burgundicum (1682), p. 17 : « Sigillum est integerrimum, idem omnino cum eo quod in lib. 5° De re diplomatica exhibuimus, habetque ejusmodi inscriptionem ODO GRATIA DEI REX, ex qua intellegitur genuinam in eo sigillo representari Odonis effigiem, non antiqui imperatoris ut suspicabar ex sigillo Carnutensi... ».
(Chrismon) In nomine sanctae et individuae Trinitatis. Odo clemencia Dei rex. Regiam celsitudinem decere non est ambiguum ut ea quae procerum et optimatum nostrorum expetierit affabilitas [2] regia dignanter adimpleat liberalitas. Notum esse volumus omnibus fidelibus sanctae Dei Ecclesiae, tam presentibus quam et futuris, quia adiit mansuetudinem nostram quedam nobilis femina nomine [Em]a, fidelis nostra, et innotuit celsitudini [3] nostrae qualiter res, quas per precepta regum, antecessorum scilicet nostrorum, absque alicujus inquietudine per multos annos tenuerat, Adelgarius, Eduensis episcopus, ad suam ecclesiam revocaverat eamque ex illarum potestate et usu disvestierat. [4] Cujus querelam sollicite considerantes, cum consultu nostrorum fidelium, visa auctoritate antecessorum nostrorum, ipsas res eidem reddidimus, eo scilicet tenore ut Cumjacum, Selviniacum et Saviniacum quae sunt im pago Nevernensi [5] seu Cavilonensi atque Matisconensi, cum omnibus appendiciis quesitis et inquirendis, diebus vitae suae usufructuario vel jure beneficiario sine [a]l[icuj]us contradictione teneat atque possideat, ea videlicet ratione [6] ut, ilico quod ab hac luce subrepta fuerit, prefatę res ad pote[stat]em Sancti Nazarii redeant, veluti in nostrae altitudinis precepto, quod Adelgerio ex jam dictis rebus fecimus, insertum habetur. Et ut hoc inviolabiliter [7] conservetur veriusque credatur, manu [propri]a subter firmavimus atque anuli nostri imp[res]sione insigniri jussimus.
[8] Signum Odonis (Monogramma) gloriosissimi regis.
[9] Throannus notarius ad vicem Eblonis recognovit et sub — (Signum recognitionis et locus sigilli) — scripsit.
[10] Data X kl. julii, indictione VII, anno Incarnationis dominice DCCCXC, anno iIi regnante domno Odone gloriosissimo rege. Actum Maiduno monasterio. In Dei nomine, feliciter. AMeN.