890, 26 juin. — Orléans.

Eudes, sur l'exposé que lui fait Theodardus, archevêque de Narbonne et Razès, de la pauvreté de son évêché et de l'impossibilité de restaurer la cathédrale et les églises de la cité qui presque toutes menacent ruine, concède à l'église des Saints-Just-et-Pasteur et de Saint-Paul de Narbonne l'abbaye de Saint-Laurent avec tout son temporel, tel qu'il est indiqué dans les diplômes de ses prédécesseurs, à charge d'en entretenir dignement les moines. Il concède en outre la moitié des salines, des tonlieux, droits de port et de « rafica », de pacage et de naufrage tant en Narbonnais qu'en Razès. Il donne aussi les fiscs de Sérame et d'Argens près de Bassanel et la « villa » de « Capitinarius » dite aussi « Trapas » avec l'église de Saint-Martin et il concède à l'œuvre de la cathédrale les droits payés au fisc par les Espagnols de ces domaines. Il restitue de plus les fiscs du comté de Béziers qui, jadis concédés à Saint-Paul, ont été usurpés par les comtes. Enfin il confirme à l'église sa protection et l'immunité sur l'ensemble de ses biens.

Référence : Georges Tessier et Robert-Henri Bautier (éd.), Recueil des actes d'Eudes roi de France (888-898), Paris, 1967, no24.

A. Original perdu.

B. Copie de la fin du xviie siècle, Bibliothèque nationale, Collection Baluze, vol. 374, p. 447-449, « ex chartulario archiepiscopi Narbonensis, f° 18 ».

C. Copie du milieu du xviiie siècle pour Dom Bouquet, Bibliothèque nationale, nouv. acq. lat. 22 211 (D. Bouquet, Diplômes des rois de France, t. II), fol. 78, « ex chartario hujus ecclesiae » [en fait d'après le cartulaire].

a. G. de Catel, Mémoires de l'histoire du Languedoc (1633), p. 749 [texte incomplet et fautif], d'après « les anciens manuscrits » [sans doute le cartulaire].

b. Besse, Histoire des ducs, marquis et comtes de Narbonne (1660), p. 447 [extraits], d'après a (?)

c. Recueil des historiens de la France, t. IX, p. 454, n° XVI, « ex chartario hujus ecclesiae » [d'après C].

d. Gallia christiana, t. VI, instrumenta, col. 10, n° IX, « ex chartario Narbonensi » [d'après C ou c].

e. Histoire générale de Languedoc, éd. Privat, t. V, col. 85, n° XIII, d'après les « archives de l'église de Narbonne » [d'après B ?].

Indiqué : A. Du Chesne, Bibliothèque nationale, lat. 12 778 (Miscellanea monastica), fol. 242 (De l'abbaye de St. Laurens unie à celle de la Grasse), analyse et extraits du début du xviie siècle, d'après le « livre rouge des pancartes de l'archevesché de Narbonne... presté par Mr. Catel » (fol. 18, n° 8).

Indiqué : Du même, [sans doute d'après les notes précédentes], Bibliothèque nationale, Collection Du Chesne, vol. 35, fol. 95.

Indiqué : Du Cange, sub v° « Rafica », d'après a.

Indiqué : Böhmer, Regesta, n° 1878.

Indiqué : Ém. Molinier, Catalogue des actes relatifs à l'église de Narbonne, dans Histoire générale de Languedoc, éd. Privat, t. V, preuves, col. 1544-1599, n° XXV.

Indiqué : E. Favre, Eudes, p. 131.

Indiqué : G. Tessier, Charles le Chauve, t. I, p. 141.

Les éléments de la date étant discordants comme dans bon nombre des diplômes d'Eudes, nous suivrons l'an du règne (III) et le chiffre de l'indiction (VIII) qui concordent, et non pas l'année de l'Incarnation (888). D'autre part, c'est certainement par suite d'une erreur matérielle que a, d'ailleurs très fautif, a imprimé quinto (et non VI) kalendas junii (et non julii).

Pour apprécier la juste valeur de ce diplôme au milieu d'un dossier quelque peu suspect, il convient de procéder à l'examen critique de plusieurs des pièces de ce dossier.

Dès le début du règne de Louis le Pieux, l'église de Narbonne jouissait de l'immunité sur l'ensemble de ses biens. Charles le Chauve la lui confirma le 20 juin 844 ; mais par ce diplôme, prétendant suivre un diplôme de son prédécesseur Pépin (sans doute Pépin Ier d'Aquitaine), il y ajoutait le don de la moitié des redevances de tonlieu, port et salines en des termes qui ne sont pas sans soulever quelques soupçons. Il lui concéda encore plusieurs domaines : Censerada, Cazouls et Alancianus, à défaut même de Ventenac dont la donation est évidemment apocryphe. Enfin pendant le séjour à Troyes du pape Jean VIII (été 878), l'archevêque aurait obtenu de Louis le Bègue certains beneficiola : le diplôme est perdu, mais le fait est mentionné dans les préceptes ultérieurs de Carloman et de Charles le Simple (mais non pas par Eudes).

En 881, vu l'état lamentable où se trouvait réduit l'archevêché de Narbonne et en raison des ruines menaçant la cathédrale et plusieurs églises de la cité, Carloman aurait décidé de remédier à la situation en dotant convenablement l'église cathédrale : il lui aurait donc assigné l'abbaye de Saint-Laurent, restitué des biens fiscaux précédemment usurpés par des comtes dans le Biterrois et attribué tous les revenus que le fisc pouvait tirer d'Espagnols établis sur certains domaines. Ces trois éléments vont se retrouver sous une forme identique dans les actes ultérieurs, ceux d'Eudes (890) et de Charles le Simple (898, 899, 922).

De plus, par ce même diplôme Carloman y aurait joint la villa de Limoux avec ses églises de Sainte-Eulalie et de Flassac (cne Limoux), ainsi que la villa de Villelongue avec l'église de Saint-Félix et les « vilars » en dépendant. Or, si ces deux villae se retrouvent bien dans les diplômes de Charles le Simple de 899 et de 922 (ce dernier calqué sur le précédent), elles ne se rencontrent ni dans le précepte d'Eudes ni dans le premier de Charles le Simple (898), c'est-à-dire dans les deux diplômes royaux qui suivent immédiatement celui de Carloman. Cette lacune est d'autant plus étrange que ces deux diplômes reprennent à peu près mot pour mot celui de Carloman. Leur examen nous révèle d'ailleurs que si tous trois sont en leurs autres parties identiques, à cet endroit précis ils donnent des listes différentes de biens que ne reprend pas le diplôme suivant.

La confrontation de ces textes est instructive : il semble bien que dans un cadre par ailleurs identique et solide, le chapitre a interpolé, à un certain moment, une liste de biens, au moins, dans un cas, et peut-être même dans deux. Disons tout de suite que le diplôme d'Eudes nous apparaît de loin comme le plus sincère : les formules employées sont bien de l'époque : « cum sua ecclesia quae est constructa in honore S. Martini », « cum omni integritate absque divisione, silvis et vineis, pratis, pascuis, etc. ». Dans le diplôme de Carloman par contre l'expression « cum suis ecclesiis S. Eulaliae atque Flaceiano » est plus douteuse, et surtout l'emploi de membrum pour désigner des domaines dépendant d'une villa semble bien aberrant au ixe siècle. De plus, si l'on considère le fond même des diplômes, il n'est pas contestable que la villa de Capitinarius ou de Trapas que concède Eudes faisait bien partie des biens de l'archevêché, puisque Carloman la lui avait attribuée en 884, après confiscation sur le vassal Heldricus. Le silence des diplômes ultérieurs sur cette villa peut s'expliquer soit par une aliénation ou une rétrocession au précédent propriétaire, soit bien plutôt par le fait que l'on possédait à ce sujet un diplôme spécial en bonne et due forme et que les droits de l'église n'avaient pas à être autrement confirmés par la suite : c'est de la même façon qu'on peut s'expliquer que les autres domaines donnés par Charles le Chauve en 844 et 857, tout en étant demeurés dans le temporel de l'archevêché de Narbonne, ne sont plus autrement mentionnés dans les diplômes confirmatifs ultérieurs. Par contre, l'absence de toute référence relative aux domaines de Limoux et de Villelongue donnés par Carloman en 881, signalés de nouveau en 899 et 922, peut sembler bien étrange dans les diplômes intermédiaires de 890 et 898.

Une autre difficulté tient au motif allégué pour l'octroi de ces divers diplômes : la ruine de la cathédrale de Narbonne et la nécessité de procéder à sa restauration. Tous les diplômes de 881 à 922 font état de ces besoins, exactement dans les mêmes termes. Or, si l'acte d'Eudes est bien de 890, l'année même de la dédicace de la nouvelle cathédrale, celui de Carloman en 881 est en désaccord avec la Vita sancti Theodardi qui fait un mérite à saint Théodard d'avoir « restitué » la cathédrale en quatre ans (per quadriennium) : la dédicace ayant eu lieu d'après la Chronique de Saint-Paul en 890, la reconstruction aurait commencé en 886 ; d'autre part, Théodard avait été consacré au 15 août 885 ; les sources se recoupent donc. Mais est-il vraisemblable que quatre ans avant l'élection de Théodard Carloman ait déjà octroyé, dès 881, un diplôme dans les mêmes termes et aux mêmes fins à son prédécesseur ?

De leur côté, les diplômes de Charles le Simple pour Narbonne posent un autre problème, celui de leur transmission. Deux d'entre eux, ceux de 898 et de 899, nous sont connus par des copies figurées du xie siècle, conservées dans la collection Baluze à la Bibliothèque nationale. Le diplôme de 898 en particulier figure sur la même feuille de parchemin que le diplôme de Charles le Chauve accordant à l'église de Narbonne la villa de Ventenac, acte moulé dans le cadre authentique d'un autre diplôme de Charles le Chauve, mais que M. Tessier juge avec raison comme entièrement supposé. Il n'est pas inutile de rappeler que c'est par une copie de la même veine que nous est parvenue la copie d'un autre diplôme de Charles le Chauve, celui du 20 juin 844, par lequel le roi aurait accordé sa protection à l'église de Narbonne sur l'ensemble de ses biens, y compris les tours de la cité (acte qui ultérieurement sera encore un peu plus interpolé puisqu'on lui fera donner par le roi à l'archevêque la moitié de la cité) ; de cet acte l'original avait certainement disparu dès le temps de Baluze, car, en en transcrivant le texte d'après cette ancienne copie, il a très soigneusement rayé de son texte la mention « copié sur les originaulx » qu'il y avait d'abord portée. M. Tessier, après A. Molinier, a fait justice de ce diplôme, dont la falsification doit être mise en rapport avec les prétentions de l'archevêque de Narbonne sur la cité au milieu du xie siècle. Quelle confiance en conséquence doit-on attribuer au diplôme de 899 qui nous est parvenu par la voie d'une copie figurée du xie siècle, de même nature que les trois autres ; nous allons d'ailleurs revenir sur cet acte.

Quant au diplôme de 922, malgré l'indication donnée par Baluze dans son édition (« ex authentico »), il précise dans sa transcription manuscrite : « cette charte n'a jamais été scellée ». N'aurait-il donc pas eu sous les yeux une autre copie figurée ancienne de même veine que les autres ?

Le texte de ces trois actes de Charles le Simple pour Narbonne — ainsi d'ailleurs que son autre diplôme pour Saint-Quentin de Narbonne — nous apparaît en effet comme des plus suspects :

1° Le diplôme de 898 reprend le cadre des diplômes de Carloman et d'Eudes, nous l'avons déjà dit ; mais il laisse tomber la donation des droits sur le tonlieu, le port, les salines et la restitution des fiscs du Biterrois, qui vont se retrouver dans les diplômes ultérieurs. Cet « oubli » est d'autant plus étonnant que dans un diplôme délivré le même jour et exactement dans les mêmes termes pour l'église d'Elne, la clause de donation des droits de tonlieu, port, saline se retrouve, calquée sur le précédent diplôme pour Narbonne.

Par contre, ce diplôme de 898 introduit, nous l'avons vu, une longue liste de possessions : Colonicae, l'abbaye de Cubières, Juvignac, l'église de Saint-Saturnin près de Sauve, avec Villa Torta, additions qui passeront dans les deux diplômes suivants. Or bien que nous ignorions le détail de l'histoire de l'abbaye de Cubières, il semble peu contestable qu'elle soit demeurée (en dépit des prétentions archiépiscopales) autonome ; en 1073, le seigneur de Peyrepertusès décidera de l'unir à l'abbaye de Moissac. Quant à l'église de Saint-Saturnin, l'expression « suburbio castro Salavense », qui en précise la localisation, ne saurait guère être antérieure au xie siècle : suburbium au ixe siècle dans cette région désigne toujours, semble-t-il, le ressort d'une urbs épiscopale (Narbonne, Gérone, Elne...).

Ajoutons encore que l'addition de deux mots à ce diplôme en altère considérablement la portée : du don des redevances payées par les Espagnols établis sur tel domaine déterminé, on passe, grâce aux mots vel alias [villas] ecclesiae, à l'ensemble des domaines de l'église de Narbonne.

2° Le diplôme de 899 de son côté ajoute à ces possessions et le fisc de Montels près de Narbonne et surtout l'abbaye de S. Esteban de Bañolas dans le comté de Besalú, et cela dans des termes absolument identiques à ceux dont il était usé dans le diplôme précédent pour la donation de l'abbaye de Cubières :

3° Le diplôme de 922 va reprendre intégralement et sous la même forme celui de 899, les quelques variantes qu'avait cru devoir noter Ph. Lauer et dont il n'a pas relevé l'origine, provenant simplement du diplôme de 898.

Or, bien qu'il soit ainsi prétendu en 899 et en 922 que l'abbaye de S. Esteban de Bañolas ait été donnée par Charles le Simple à l'église de Narbonne, on doit exprimer à ce sujet des doutes exprès. Cette abbaye était en effet florissante à cette époque et le 9 avril 922, sans aucune allusion aux prétentions narbonnaises, le même roi lui concédait un diplôme dont l'original a encore été vu par Villanueva : par ce précepte il renouvelait son privilège d'immunité, énumérait ses biens et confirmait la libre élection de son abbé. L'histoire de l'abbaye n'est d'ailleurs pas si mal connue et l'on connaît les différends qui dans la seconde moitié du ixe siècle l'opposèrent à l'abbaye de Saint-Polycarpe de Razès.

Il n'est pas inutile de préciser encore que, lorsque le pape Jean X confirmera quelques mois plus tard les possessions de l'église de Narbonne, il citera, outre la moitié des droits sur le tonlieu, le port, les salines, l'abbaye de Saint-Laurent et les « celle » en dépendant ainsi que les biens de l'archevêché dans les « pagi » de Narbonne, Razès, Minervois, Ausone, Béziers et Nîmes, exactement comme son prédécesseur Étienne VI l'avait fait en 896. Il ne souffle mot ni de l'abbaye de Cubières, ni de celle de Bañolas, ni des biens de celle-ci dans le comté de Besalú. Un tel silence sur des biens aussi importants n'est-il pas révélateur, d'autant plus que le pape se réfère expressément aux diplômes des rois et empereurs en faveur de l'église de Narbonne ?

Si certains éléments du contenu des diplômes de 899 et 922 nous apparaissent donc comme bien suspects, nous ne voudrions nullement nier la réalité de l'expédition de diplômes royaux à cette date en faveur de Narbonne. Elle ne fait à nos yeux aucun doute. En effet, le même jour que le diplôme du 6 juin 899 le roi délivrait un autre diplôme à cette église en vue de la protection de son immunité à l'encontre des comtes de la région et l'original en existait encore au temps de Baluze puisque celui-ci a noté sur sa transcription manuscrite le locus sigilli. Le même jour encore, toujours à la requête de l'archevêque de Narbonne, il délivrait en faveur de l'église d'Elne un diplôme exactement conçu comme celui qui fait l'objet de la présente note.

A très juste titre A. Molinier et M.G. Tessier avaient mis en relation la falsification du diplôme de 844 avec le désir des archevêques de prendre possession de la cité de Narbonne au milieu du xie siècle. Nous estimons que c'est à la même époque que furent remaniés et interpolés les diplômes de Carloman et de Charles le Simple. Plus précisément les clauses des diplômes de 899 et de 922, tout comme celles du diplôme pour Saint-Quentin de Narbonne, relatives aux biens des Juifs, clauses dont nous n'avons point encore parlé, sont certainement étrangères à la rédaction de ces diplômes : elles doivent être mises en relation avec la persécution dont souffrirent les Juifs narbonnais au milieu du xie siècle ; la persécution fut assez violente pour motiver l'intervention du pape Alexandre II en leur faveur auprès de l'archevêque.

En résumé, nous admettons la sincérité du diplôme d'Eudes de 890 ; mais nous considérons les diplômes de Carloman (881) et de Charles le Simple (898, 899, 922) qui nous ont transmis un texte identique avec les variantes et additions que nous avons examinées, comme des documents remaniés, vraisemblablement interpolés au milieu du xie siècle.

Nous imprimons ici en petit texte les passages empruntés aux diplômes de Charles le Chauve du 12 juin 844 (préambule et notification) et du 15 février 859 (formules de l'immunité, reproduisant elles-mêmes celles du diplôme de Louis le Pieux du 29 décembre 814). Nous n'avons pas cru devoir souligner les rapprochements entre le présent diplôme et celui de Carloman de 881, en raison de la sincérité fort douteuse de ce dernier acte.


In nomine sanctae et individuae Trinitatis. Odo clementia Dei rex. Si sacris ac sanctis locis divino cultui mancipatis aliquid de rebus regni nostri seu facultatibus conferre studemus, non solum in hoc regiam exercemus consuetudinem, sed maximum regni nostri munimen, auxiliante divina gratia, esse nullatenus dubitamus. Quapropter noverit omnium fidelium sanctae Dei Ecclesiae nostrorumque, tam praesentium quam et futurorum, sollercia quia accessit ad clemenciam serenitatis nostrae Theodardus, venerabilis primae sanctae Narbonensis ac Redensis ecclesiae archiepiscopus, innotescens nobis de paupertate sui episcopatus et quemadmodum sua sedes et pene omnes ecclesiae ejusdem civitatis ruinae jam proximae existebant, ita ut per ipsum nullatenus possent restaurari. Haec audientes, immo condolentes ejusque necessariam et rationabilem petitionem esse cognoscentes, placuit celsitudini nostrae, pro remedio animae nostrae atque pro ejus tanta deprecatione, quatinus ad eandem ecclesiam Sanctorum Justi et Pastoris necne et Sancti Pauli confessoris, ubi ipse venerabilis sanctus corpore requiescit, abbatiam Sancti Laurentii, cum omnibus suis cellulis et villis atque terminiis cum summa integritate locorum, veluti in praeceptis monachorum ab omnibus antecessoribus nostris piissimis regibus et imperatoribus factis, perpetualiter absque ulla contradictione dando concederemus, eo videlicet tenore ut stipendia monachorum ibidem digne degentium juxta vires praesulis non deficiant. Concedimus medietatem salinarum, telonei, portatici et raficae atque pascuarii seu classes naufragiorum, ad eandem praefatam ecclesiam, tam in Narbonensi quam in Redensi comitatu, undecunque comes vel ejus missus receperit vel recipere debuerit aliquid exactionis. Donamus etiam fiscos juxta Bassianum villam, qui vocantur Cesaranus et villa Arsegii. Concedimus etiam ipsi ecclesiae in Redensi comitatu villam quae dicitur Capitinarius quae alio nomine nuncupatur Trapas, cum sua ecclesia quae est constructa in honore sancti Martini, cum omnibus villaribus suis et adjacentiis suis, cum omni integritate absque divisione, silvis et vineis, pratis, pascuis, molendinis, aquis aquarumve decursibus et omnia ibidem et suis villaribus pertinentia. Si vero infra istam villam et [villares] ejus Hostolenses vel Ispani fuerint, quicquid jus fisci inde exigere debet totum ad opus sanctae matris ecclesiae Narbonensis jure perpetuo concedimus obtinendum. Fiscos vero qui sunt in Biterrensi comitatu sancto Paulo confessori a longo tempore collatos et a potestate comitali injuste usurpatos plenissime reddidimus atque eidem ecclesiae, sicut dignum est, per hoc nostrae auctoritatis praeceptum confirmavimus, per quod decernimus atque jubemus ut nullus judiciariae potestatis nec ullus ex fidelibus nostris in ecclesias aut loca quae deinceps jure et potestate ipsius ecclesiae divina pietas voluerit augere, ad causas audiendas vel freda aut tributa exigenda aut mansiones vel paradas faciendas aut fidejussores tollendos aut homines ipsius ecclesiae, tam ingenuos quam servos, distringendos aut alias redibitiones aut illicitas occasiones requirendas nostris futurisque temporibus ingredi audeant vel ea quae supra memorata sunt vel sicut in privilegiis praesulum Romanorum confirmata sunt, penitus exigere praesumat, sed liceat memorato praesuli suisque successoribus sub nostra defensione quiete residere et nostrae parere jussioni. Et quicquid jus fisci exinde exigere poterat, totum nos pro aeterna remuneratione eidem concedimus ecclesiae, ut perpetuis temporibus clericis ibidem Deo servientibus proficiat in augmentum, quatenus rectores ipsius ecclesiae, cum omnibus ad se pertinentibus, cum clero et populo sibi subjecto, pro nobis ac totius regni nostri stabilimento Domini misericordiam alacriter exorare delectent. Et ut hoc praeceptum nostrae auctoritatis inviolabile aeternum obtineat vigorem, manu propria subter firmavimus et anulo nostro insigniri jussimus.

Signum Odonis (Monogramma) gloriosissimi regis.

Throannus notarius ad vicem Ebolonis recognovit et subscripsit.

Datum VI kalendas julii, anno Incarnationis Domini nostri Jesu Christi DCCC LXXXVIII, indictione VIII, anno III regnante domno Odone gloriossissimo rege. Actum Aurelianis civitatis.

Askericus Parisiensis episcopus ambasciavit hoc.


Localisation de l'acte

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