891, 15 juillet. — Abbaye de Meung-[sur-Loire].
Eudes, à la prière de l'évêque de Gérone Servus Dei, cède à perpétuité et en pleine propriété au nommé Petroni la « villa » dite « Palatium Maurorum », sise dans le « pagus » de Gérone et comprise entre les confins de La Bisbal [jadis Santa Maria ou Fontanet], la maison de « Sanctus Nazarius », la route qui descend au rio Daró et celle qui mène de Cruilles à La Bisbal, exception faite de l'aprision des Espagnols.
A. Original. Parchemin jadis scellé. Hauteur, 496 mm ; largeur, 585 mm. Archives épiscopales de Gérone, Pergaminos.
B. Copie du xviie siècle, Bibliothèque nationale, Collection Baluze, vol. 116, fol. 124, d'après A.
a. J. Riera, Document inédit del rei Odó en favor de Petroni, dans Estudis universitaris catalans, t. VIII, 1914, p. 248, d'après A.
b. Ramón d'Abadal, Catalunya carolíngia, vol. II, 2e partie, n° XXX, p. 365-366, d'après A.
Ce diplôme a utilisé très largement, selon toute apparence, un mémoire remis à l'appui de sa pétition par le destinataire ou, ce qui est plus vraisemblable, par l'église de Gérone. Le latin en est fort mauvais et le préambule même à peu près incompréhensible. L'usage d'indiquer les limites précises des biens mentionnés dans les actes est d'autre part typiquement catalan.
Il est difficile de comprendre pourquoi l'évêque a demandé au roi de céder à un particulier la villa de Palatium Mororum. Car celle-ci appartenait non pas au fisc, mais à l'église même de Gérone. En septembre 878, le roi Louis II confirmait à cette église, à la prière de son évêque Teotari, un certain nombre de biens, dont (villam) Palatii Mororum cum suos villares, confirmation reprise dans des termes absolument identiques par Carloman le 29 août 881, puis sous une forme un peu différente par Charles le Gros le 1er novembre 886 : Palatium Muroris cum omnibus villaribus suis.
Cela est d'autant moins clair que les divers domaines de la vallée du rio Daró, en possession de l'église de Gérone dès 878 au moins, lui appartiennent toujours en 899 quand Charles le Simple confirme une nouvelle fois les biens de cette église ; ces domaines, il est vrai, ne sont plus énumérés un à un, mais groupés sous la désignation « villares qui sunt in valle Arace quem adquivicit Teutharius episcopus, in ecclesiis, in terris, in vineis, in pratis, in silvis seu molendinis ». Mais la villa de Palacio Maurore apparaît encore avec les autres villae ou villares du groupe (La Bisbal, Perduts, Morell, Fonteta et Abella) lorsque, en 904, l'église de Santa Maria à Fontet (La Bisbal) ayant été réédifiée, l'évêque Servus Dei l'érige en paroisse et la dote des dîmes et prémisses de ces divers domaines. D'ailleurs c'est dans les archives mêmes du chapitre de Gérone que se retrouve aujourd'hui encore le diplôme d'Eudes.
Bien que la villa apparaisse dans le diplôme sous la forme Palatium Aurore, c'est bien Palatium Maurore qu'il faut comprendre, les références indiquées ci-dessus l'attestent : il s'agit d'une liaison auditive entre l'm final de palatium et le mot suivant, exactement comme, dans ce même texte, a domum pour ad domum.
On a émis l'hypothèse (a et b) que Petroni, destinataire du diplôme, pourrait être le même que le personnage du même nom qui apparaît en 879 et 881 en qualité de vicomte, soit de Gérone, soit d'Ampurias, dans un plaid, aux côtés de l'évêque Teotari. Cependant la formule adoptée (homini nomine Petroni) n'autorise guère à conclure de façon décisive que le destinataire ait été à un titre quelconque inclus dans la hiérarchie administrative : on l'aurait sans doute dans ce cas plutôt désigné comme « fidèle » du roi.
(Chrismon) In nomine Domini Dei aeterni et Salvatoris nostri Jhesu Xpisti. Odo clementia Dei rex. Si erga utilitatem fidelitatis nostrae aliquid transferri regio more consuescimus [2] predecessorum nostrorum, futurorum non dubitamus. Quocirca omnium fidelium nostrorum, presentium scilicet et futurorum, comperiat magnitudo quoniam Servus Dei nomine, Gerundensis episcopus, ad nostram accedens [3] sublimitatis mansuetudinem, deprecatus est ut, ob regiae fidelitatis nostrae et suo commune utilitati, aliquid largiri homini nomine Petroni villam vocabulo Palatium Aurore, sitam pagi Gerundensi, qua [4] etiam terminatur de parte orientis in terminia vel areas de Sancta Maria, de meridie affrontat a domum Sancti Nazarii, de parte occidentis in strata vel serra quę discurrit ad flumen Adaron, et de circi in strata quę discurrit [5] de Crucilias per fossas usque ad Sanctam Mariam, perpetualiter delegaremus et delegando confirmaremus. Cujus petitionibus et libentius cessimus quo nobis pro fidelibus caeteris perspeximus amplius. Precipientes [6] ergo jubemus atque jubentes confirmamus ut memorata villa cum fines, adjacentiis, terminia, villaribus ibidem pertinentibus juste et legaliter, excepto aprisione Spanorum, aeternaliter ipsi Petroni concedimus [7] et de nostro jure in jus dominationem illius cum omni integritate transferimus ut ea aeternaliter mancipetur dominio, absque aliorum hominum contradic[tione], ita ut, sicut aliis proprietatibus, licentiam [8] obtineat firmitati tam dominandi quam vendendi et commutandi suisque successoribus cui volue[rit dere]linquendi libero in faciendo potiatur arbitrio. [Ut] autem hujus nostrae auctoritatis [9] confirmatio pleniorem in Dei nomine obtinea[t] firmitatis vigorem, manu propria subter firmavimus atque anuli nostri impressione insigniri jussimus.
[10] Signum Odonis (Monogramma) gloriosissimi regis.
[11] Throannus notarius ad vicem Eblonis recognovit et subs[crips]it (Signum recognitionis).
[12] Datu idibus julii, indictione VIIII, a[nno Incarna]tionis dominice DCCCXCI, anno IiiI regnante domno Odone gloriosissimo rege. Actum Macduin monasterio. In Dei no[mine, felicit]er. Amen.