[888, 29 février – 894, 1er mai].

Eudes, à la requête de l'évêque d'Autun Augier (Adalgarius) et du marquis Robert son propre frère, restitue la « villa » de Tillenay en Oscheret, sur la Saône, à l'église Saint-Nazaire d'Autun qui en revendiquait la possession. Cette « villa » avait été donnée à l'église d'Autun par l'évêque saint Léger qui la possédait en propre, usurpée par les ancêtres d'Eudes et leurs héritiers à qui l'église l'avait induement aliénée, restituée par l'autorité royale après enquête et confirmée par un privilège apostolique et une décision synodale ; le roi, qui la considérait comme sa propriété, préfère la restituer plutôt que de se soumettre à un jugement incertain et il renonce pour lui et son frère aux droits sur elle que ses agents lui affirmeraient être justement fondés.

Référence : Georges Tessier et Robert-Henri Bautier (éd.), Recueil des actes d'Eudes roi de France (888-898), Paris, 1967, no35.

A. Original perdu.

B. Copie sur parchemin, du début du xiie siècle (ou fin xie), en mauvais état, collée sur toile, Archives départementales de la Côte-d'Or, G 838 (chapitre cathédrale d'Autun), d'après A.

C. Copies tirées de l'ancien cartulaire de l'église d'Autun, aujourd'hui perdu, fol. 30, lui-même établi d'après B : Copie sur parchemin, jadis scellée, du 23 novembre 1469, sous le sceau de la Cour du Conseil ducal à Dijon. Archives départementales de la Côte-d'Or, G 838 (titres produits par le chapitre contre le procureur du duc et des habitants d'Auxonne sur le fait de la justice de Tillenay).

D. Copies tirées de l'ancien cartulaire de l'église d'Autun, aujourd'hui perdu, fol. 30, lui-même établi d'après B : Copie authentique du 2 juin 1666, Archives départementales de la Côte-d'Or, G 838.

E. Copies tirées de l'ancien cartulaire de l'église d'Autun, aujourd'hui perdu, fol. 30, lui-même établi d'après B : Copie du xviie siècle par Baluze, Bibliothèque nationale, Collection Baluze, vol. 71, fol. 57 v°-58 v°, « ex veteri chartulario ecclesiae Augustodunensis ».

F et G. Copies tirées de l'ancien cartulaire de l'église d'Autun, aujourd'hui perdu, fol. 30, lui-même établi d'après B : Deux copies identiques du xviiie siècle, Bibliothèque publique de Dijon, mss. 328 (Juigné 17), fol. 7-8 v°, et 1411, fol. 144.

H. Copies tirées de l'ancien cartulaire de l'église d'Autun, aujourd'hui perdu, fol. 30, lui-même établi d'après B : Copie du xviiie siècle, dans une copie de l'ancien cartulaire de l'église d'Autun, manuscrit de la Bibliothèque de M.G. de Fontenay, château de Saint-André (cne de Luzy, Nièvre), n° 29, p. 41-42.

I. Autres copies : Copie du xviiie siècle, provenant des papiers de Dom Plancher, Bibliothèque nationale, Collection de Bourgogne, vol. 1, fol. 142 d'après B.

J. Autres copies : Copie du xve siècle, Archives départementales de la Côte-d'Or, G 838, d'après C.

K. Autres copies : Copie du xviie siècle par Pérard, Bibliothèque publique de Dijon, ms. 918 (Baudot 8), fol. 112 v°, d'après C.

L. Autres copies : Copie de la fin du xviie siècle, Bibliothèque nationale, ms. lat. 11897, fol. 161, d'après b.

M. Autres copies : Copie du xviiie siècle, Bibliothèque nationale, nouv. acq. fr. 22211, fol. 79, d'après b.

a. Dom Plancher, Histoire de Bourgogne, t. I, pr. 16, p. XIII, « ex archivo Aeduensi » (d'après B) [ann. 892].

b. Baluze, Capitularia regum Francorum, 2e éd., t. II, col. 1518, « ex chartulario ecclesiae Augustodunensis ».

c. Recueil des historiens de la France, t. IX, p. 456, n° XVIII, d'après b [ann. c. 890].

d. A. de Charmasse, Cartulaire de l'église d'Autun, 1865, p. 39, n° XXIV, d'après a et b.

Indiqué : Bréquigny, Table chronologique, t. I, p. 346 (ann. 890).

Indiqué : Favre, Eudes, p. 14.

Sur ce diplôme voir notre étude critique, en appendice à l'Introduction (supra, p. cxli-cliii). Rappelons seulement ici que les titres produits auprès du roi pour obtenir de sa part une décision favorable sont tous des plus suspects. Quant au diplôme lui-même, il nous est difficile de conclure de façon certaine s'il se limite à être un acte sincère établi à partir de ces titres faux ou douteux, ou bien si lui-même n'a pas été forgé au début du xe siècle à l'occasion de nouveaux litiges qui portèrent sur ce même domaine de Tillenay.

En l'absence d'une date et d'une recognition de chancellerie, il est difficile de lui assigner une date précise. Le seul élément à retenir serait l'épiscopat d'Adalgarius. L'évêque d'Autun disparaît en effet brusquement à l'automne de 893, après avoir figuré comme archichancelier dans un diplôme royal du 15 octobre 893 (n° 34) ; dans le diplôme suivant, le 2 mai 894, sa fonction est tenue par son successeur l'archevêque de Sens Gautier (n° 36). On jugeait d'ailleurs le 1er mai 894 un moine de Flavigny, soupçonné de l'empoisonnement de son évêque-abbé Adalgarius : celui-ci dut donc disparaître au cours du semestre précédent.

Adalgarius n'étant point désigné dans ce diplôme comme chancelier, il y a même de très fortes chances qu'il ait été expédié sous le cancellariat de l'un de ses deux prédécesseurs, Èbles ou Askericus, donc avant le couronnement de Charles le Simple le 28 janvier 893.

Nous suivrons strictement les leçons de B. Cette copie présente cependant de nombreux passages peu ou point lisibles aujourd'hui ; nous suppléerons en ce cas par les copies jadis tirées du cartulaire perdu et par I. Nous ne tiendrons pas compte de ces copies quand nous disposons du texte de B. La plupart sont en effet fautives, E notamment et surtout H où les cacographies sont constantes. B présente toujours des e cédillés et des t dans les groupes tio, tia, tandis que les autres copies offrent tantôt e, tantôt ae, et fréquemment des groupes cio, cia.


In nomine sanctę et individuę Trinitatis. Odo clementia Dei rex. Si locis sacris et divinis cultibus mancipatis aut propria largiendo aut olim substracta restituendo opem subsidium accommodamus, hoc procul dubio ad emolumentum regię tranquillitatis nobis profuturum non diffidimus. Quamobrem noverit omnium sanctę Dei Ecclesię fidelium nostrorumque unanimis generalitas quoniam, adiens celsitudinem nostram, Adalgarius, reverendus Eduorum episcopus, humiliter nostrę retulit serenitati qualiter villam Tiliniacum, quam nos jure proprietatis possidere videbamur, sanctus Leodegarius predictę ecclesię quondam pontifex ex suo proprio sancto Nazario ac prefatę suę ecclesię eternaliter contulerat possidendam et, postquam a precedentibus nostrę prolis parentibus simulque heredibus injuste ac contra omnem legitimam rationem fuisset male usurpata ac temeraria presumptione ab eadem ecclesia alienata, a predecessoribus nostris regibus post inquisitionem suorum procerum preceptorum suorum auctoritatibus eidem fuerat sollempniter restituta, insuper etiam apostolico privilegio roborata et multorum episcoporum generali excommunicatione, ne iterum violaretur, innodata ; que siquidem villa est sita in pago Oscarensi supra fluvium Sagonnam. Nos igitur tam predicti viri Dei, qui hanc eandem villam jamdictę suę ecclesię donasse dicebatur, quam etiam memorati Xpisti athletę, beati scilicet Nazarii, ob cujus nominis reverentiam prefixę matri ecclesię data fuisse affirmabatur, offensionem quoquo judicio incurrere pertimescentes et, quod periculosius creditur, sub oculis Omnipotentis in hujuscemodi obstinatione manere qualicunque ignorantia formidantes, maluimus nostra propria regio more ecclesiasticis obsequiis mancipare quam ea quę dubio pendebant judicio aliqua occasione denegare. Unde ad fidelissimam memorati Adalgarii venerabilis episcopi exhortationem et dilecti fratris nostri Roberti, illustrissimi marchionis, consilium atque consensum, pro nostrarum animarum ac parentum nostrorum remedio et, si quid in hac re offensionis videtur, gratissima absolutione, prenominatam villam Tiliniacum, cum omnibus ubicunque positis ad illam aspicientibus, libuit serenitati nostrę sepe nominato pontifici suęque ecclesię et restituendo reddi et condonando largiri, eo quidem jure ut si justa et legali donatione, sicut premissum est, ab episcopis prefatę ecclesię extitit possessa, inviolabiliter eidem maneat restaurata ; sin vero, ut quidam nostrę partis ministri referunt, nostrę proprietatis justius fuisse visa est, fiat nostra regali munificentia et nominati fratris nostri largitione a nostro communi jure in jus et dominationem ecclesię beati Nazarii et suorum pontificum in perpetuum mancipata. Propterea et hoc nostrę restitutionis preceptum, imo et largitionis, fieri jussimus, per quod statuentes decernimus ut supra signatam villam Tiliniacum cum omni sua integritate, videlicet cum mancipiis, vineis, pratis, silvis, pascuis ceterisque terris, ecclesiis quoque, cum suis appenditiis, aquis etiam aquarumve decursibus, exitibus et regressibus et cum omnibus ad se juste et legaliter pertinentibus, quesitis et inquirendis, tam presens quam et futuri supradictę ecclesię episcopi, sicut reliquas ejusdem ecclesię beati martiris Nazarii res, sine aliqua contradictione aut injusta subtractione seu cujusquam mala usurpatione, inviolabiliter teneant et canonico in regendo potiantur arbitrio, nullo inquietante aut disrumpente. Ut ergo hec nostrę liberalitatis restitutio seu cessionis largitio pleniorem, in Dei nomine, obtineat firmitatis vigorem, manu propria firmantes, anuli nostri impressione subter jussimus insigniri.